Sur le marché des changes, le dollar américain a pris une longueur d’avance sur le franc congolais, relançant le cycle de dépréciation de la devise nationale. Ce qui repose, encore une fois, le lancinant problème de dédollarisation de l’économie congolaise. Comment faire du franc congolais une monnaie forte pour reprendre ses droits face à l’omnipotent dollar américain? Serpent de mer de la politique financière congolaise, la dédollarisation de l’économie congolaise vient d’être remise sur le métier à Kinshasa où le franc congolais connaît une chute vertigineuse sur le marché des changes.
Sur le marché des changes, le franc congolais va mal. Chaque jour qui passe, la devise nationale perd du terrain par rapport au «roi dollar». Encore une fois, l’économie congolaise paie le prix de sa très forte dollarisation où une bonne partie de transactions sont libellées en dollar américain, sans compter les dépôts en banque, généralement souscrits en devise américaine.
Comment remédier à cette situation, alors que le Gouvernement craint un retournement brusque de la situation dans un cadre macro-économique relativement stable, où le franc congolais se fait curieusement de plus en plus rare.
Approché par l’ACP, Noël Tshiani, professeur en économie, a invité lundi le Gouvernement congolais à mettre tout en œuvre pour sortir de la dollarisation de l’économie nationale.
«Nous devons mettre fin à la dollarisation, en restructurant fondamentalement l’économie, la Banque centrale, le secteur financier et la monnaie pour remettre le franc congolais dans son rôle constitutionnel, la seule monnaie nationale. Il s’agit également de mettre en place des mécanismes de financement adaptés aux institutions financières congolaises répondant aux besoins de l’État, du secteur privé et public, ainsi que des Congolais dans la quête de financement», note Noël Tshiani.
Selon lui, le Gouvernement devrait réformer le secteur financier et monétaire pour arriver au développement du pays, convaincu que «ce sont ces secteurs qui vont mobiliser les ressources dans les mains de chacun de nous pour vaquer à nos activités».
Dollarisation, cette hydre de la mythologie
En effet, le dollar américain a fait son nid en RDC, alors Zaïre, du temps de l’hyperinflation à quatre chiffres des années Mobutu. Des années après, le billet vert est partout en RDC, dans les gros contrats et comptes en banque confortables, mais aussi dans les tiroirs, caisses des petits commerces ou dans les distributeurs automatiques de billets qui délivrent à la fois dollars et francs congolais.
Le poids du dollar américain est tel que la part des devises étrangères, principalement dans la masse monétaire en circulation, dépasserait les 90%. Impossible dans ces conditions pour les autorités d’avoir le moindre levier monétaire sur leur politique économique.
Plusieurs tentatives de dédollarisation ont été menées. Mais, aucune n’est arrivé à dompter le «roi dollar».
A ce jour, les autorités s’interrogent de nouveau sur la manière de faire. Le président Félix Tshisekedi «a appelé à une réflexion profonde pour faire du franc congolais une monnaie forte et stable». Selon lui, ce renforcement devrait améliorer le pouvoir d’achat des citoyens et pourrait «trouver écho dans l’accélération du processus de dédollarisation» via «une série de mesures visant à utiliser le franc congolais comme unité de compte pour toutes les transactions».
Reste maintenant au Gouvernement et à la Banque centrale du Congo à trouver la recette, dont ils n’ont encore livré aucun détail. Pendant ce temps, le «roi dollar» trône en maître, imposant un combat à armes inégales au franc congolais sur le marché des changes.
F. K.