Les entrepreneurs économiques congolais sont marginalisés. Ils ne bénéficient, disent-ils, d’aucun soutien de l’Etat. Et lorsqu’il y a des marchés publics à exécuter, l’État congolais préfère se tourner vers des expatriés. Quant à la loi sur la sous-traitance, censée aider les entrepreneurs privés congolais à œuvrer dans différents secteurs, elle peine à s’affirmer sur le terrain. Au ministère de l’Entrepreneuriat et des Pme (Petites et moyennes entreprises), on continue à promettre sans convaincre. Dépité, Adam Bombole, opérateur politique, bien connu dans les milieux d’affaires, a lancé, via son compte twitter, son cri de détresse.
«Les entrepreneurs privés congolais sont la risée des communautés indo-pakistanaise, libanaise et autres par manque de considération de la part de nos autorités. Tous les marchés sont confiés directement ou sous traités par des étrangers. Nulle part ailleurs ! Que Dieu nous garde», a écrit Adam Bombole sur son compte twitter.
Très souvent, en République Démocratique du Congo (RDC), on aime à la fois une chose et son contraire. Cette dénonciation d’Adam Bombole en est une parfaite illustration. L’Etat congolais, qui voudrait promouvoir l’entrepreneuriat pour lequel un portefeuille ministériel a même été créé, refusée d’accorder des marchés publics aux entreprises congolaises. Lesquelles, dans bien des cas, sont condamnées à mettre la clé sous le paillasson, en quête de marchés privés qu’elles n’arrivent pas à décrocher. Curieusement, même la sous-traitance leur est refusée. L’Etat congolais préférant les étrangers.
La motivation de confier les marchés à ces derniers ne se justifie pas par l’incapacité ou l’incompétence des Congolais, mais par le souci de voir l’Etranger rendre l’ascenseur, a confié un entrepreneur national sous le sceau de l’anonymat. Lui aussi déçu par cette attitude irresponsable et antipatriotique des dirigeants politiques congolais.
La corruption, a-t-il poursuivi, gangrène ce secteur des marchés publics et, sans laquelle ces derniers ne peuvent être octroyés. «Il faut être coopératif et souple avec la proposition de celui qui vous apporte le marché. Ce que les Nationaux boudent généralement lorsqu’ils trouvent que les conditions exigées, notamment en nature ou en espèces sonnantes et trébuchantes, dépassent tout entendement », a fait savoir l’entrepreneur congolais qui a requis l’anonymat. Les expatriés, par contre, a-t-il fait remarquer, « sont souvent preneurs, espérant bénéficier d’autres marchés qu’ils négocient alors sans trop perdre ».
Il y a lieu de se demander pourquoi le ministère de l’Entrepreneuriat a-t-il été créé si les entreprises locales doivent être négligées ainsi. La promesse d’améliorer les choses n’est que de la poudre aux yeux des entrepreneurs privés qui s’imaginent que le temps du graissage des pattes est révolu. Le changement prôné pour la transparence et la gouvernance dans la passation des marchés publics demeurant encore un rêve.
Le mot d’ordre de Félix Tshisekedi
Le 28 janvier 2022, le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, avait, devant le Gouvernement réuni en Conseil des ministres, noté des difficultés d’application de la loi régissant le domaine de la sous-traitance dans le secteur privé, notamment dans le secteur minier concernant le régime fiscal des activités de sous-traitance. A ces difficultés s’ajoutait le développement des mécanismes illégaux de contournement de la loi au détriment de la main d’œuvre locale qui est donc à craindre, avait relevé le Président de la République.
Tirant les conséquences du faible retentissement des effets de la loi sur la sous-traitance dans le secteur privé au sein de la population entreprenante, le Chef de l’Etat avait demandé au ministre d’État, ministre de l’Entreprenariat et des PME de présenter le plus rapidement possible un rapport de mise en œuvre de cette loi.
Selon le Président de la République, ce rapport devrait prendre en compte : «l’état d’avancement du dossier d’acquisition d’un bâtiment ; la prise en charge, en accord avec les ministres en charge de la Justice, des Mines et des Finances, en toute urgence, la question de l’audit de l’effectivité de la loi n°17/001 du 08 février 2017 fixant les règles applicables à la sous-traitance dans le secteur privé et ses mesures d’application notamment dans le secteur minier».
En revenant sur cette question, le Chef de l’État tient à faire bénéficier au pays les potentielles retombées de la mise en œuvre de cette loi, notamment dans la promotion des PME congolaises, la protection de la main d’œuvre locale et le développement des chaînes de valeurs compétitives capables de diversifier l’économie congolaise. Ce qui permettra de réduire sa dépendance vis-à-vis de l’extérieur.
O. Dioso