Matata et affaire Bukanga-Lonzo : le désistement de la sénatrice Mukalay ou la main noire de Shadary

Dans la ville haute, on en parlait sans pourtant réunir plus de preuves nécessaires. On savait néanmoins qu’au sein du PPRD, le parti politique de Joseph Kabila, Matata Ponyo Mapon, nommé tour à tour ministre des Finances (2010) et Premier ministre (2012), n’a jamais été porté par ses caciques. En 2016, lorsque Joseph Kabila se retrouve dans l’obligation de se choisir un dauphin pour porter les couleurs du PPRD à la présidentielle, Matata est sa préférence. Mais, des bonzes du parti en ont décidé autrement. Sous la pression de l’aile dure du Pprd, Emmanuel Ramazani Shadary a été préféré à Matata. On connait la suite…

Au sein du PPRD, Matata a été l’homme à abattre. Le sabotage du Parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, pour lequel Matata subit le martyr à la Cour constitutionnelle, est un acte prémédité en haut lieu du PPRD. C’est un secret de polichinelle.

On vient d’avoir finalement la preuve qu’entre Bukanga-Lonzo et le PPRD, il n’y a qu’un pas. En se décidant librement de soutenir une action condamnant les poursuites judiciaires contre Matata, avant de se rétracter, la sénatrice Mukalay Kionde ne s’imaginait pas la pression qu’elle allait subir du secrétaire permanent de son parti.

Si la sénatrice justifie le retrait de sa signature pour «des raisons de convenance personnelle», on sait néanmoins qu’elle a agi sous la pression de Shadary, mettant à nu la grande influence du PPRD dans le dossier Bukanga-Lonzo. Décryptage.

Econews

Bukanga-Lonzo : autophagie et cynisme politiques du PPRD

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Enfin, la vérité sur les tireurs des ficelles politiques pour nuire à l’ancien Premier ministre de Kabila, Augustin Matata Ponyo Mapon, dans l’affaire de la débâcle du projet Parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo est là. On s’en doutait !

Mais la correspondance de l’honorable sénatrice Mukalay Kionde Célestine-Hortense, ancienne Directrice de Cabinet Adjointe de Kabila, vient de rajouter une couche sur ce qui était quasiment connu de quelques analystes politiques.

La preuve en a été administrée par l’honorable sénatrice Mukalay Kionde Célestine-Hortense qui dit dans sa correspondance du 29 septembre 2021 adressée au président de la Cour constitutionnelle : « … pour des raisons de convenance personnelle, j’ai décidé de retirer ma signature vous adressée par un groupe de sénateurs et relatif à la procédure judiciaire à charge du Sénateur Matata Ponyo Mapon sur le dossier de Bukanga-Lonzo…»

L’examen minutieux de l’esprit de cette lettre porte à croire que la Sénatrice a signé le mémorandum de son propre chef. On peut alors s’interroger sur les motivations à la base de son reniement ?

Selon certaines informations dignes de foi, Célestine-Hortense Mukalay Kionde aurait subi des pressions intenses par le Secrétaire permanent du PPRD, sur ordre de Joseph Kabila. Elle a dû, malgré elle, reculer pour répondre à la sollicitude de sa hiérarchie.

La question à se poser est celle de savoir si Emmanuel Ramazani Shadary peut, par lui-même, instruire les Sénateurs, encore fidèles et loyaux à Joseph Kabila, dans un dossier aussi sensible. Probablement non.

En effet depuis sa défaite cuisante aux élections de décembre 2018, le pouvoir d’Emmanuel Ramazani Shadary s’est considérablement effrité. L’avènement de l’Union sacrée pour la nation en décembre 2020, tel un tsunami, a fini de déconstruire le PPRD et le FCC en renforçant en même temps l’indépendance de nombreux élus. D’où la transhumance politique observée dans le rang de l’ancienne majorité quand on sait que le combat politique au Congo n’est jamais toujours fondé sur les idées.

Tenant à la fois compte de la sensibilité du dossier et de son pouvoir, il serait donc probable qu’Emmanuel Ramazani Shadary ait simplement exécuté un ordre. Cela peut paraitre vrai d’autant que Joseph Kabila ne s’est jamais publiquement prononcé sur le dossier Bukanga-Lonzo, pourtant un des projets phares de son régime. Pourquoi ce silence alors que sa maison brûle et ses collaborateurs se déciment ? Que cela cache-t-il ?

Pour certains analystes politiques, Joseph Kabila serait en train de baliser le chemin de son retour au pouvoir. Pour ce faire, il faudrait écarter de la course toute personne qui aurait des velléités présidentielles susceptibles de lui barrer la route ; Il serait donc lui-même à la fois auteur et complice des ennuis politico-judiciaires à l’encontre d’Augustin Matata Ponyo Mapon.

Pour preuve, il avait plutôt choisi un autre dauphin alors que les chances pour ce dernier d’accéder à la magistrature suprême étaient très réduites. Le dossier même de Bukanga-Lonzo a brutalement connu un arrêt de financement sur fond du refus du ministre des Finances de l’époque, Henry Yav Mulang, sans coup férir.

La guerre de succession au sein du palais a été, en grande partie, favorisée par la politique de «diviser pour bien régner», dont il a été lui-même à la fois auteur et complice : les querelles intestines entre le président de la chambre basse du Parlement, le Premier ministre, le directeur de son cabinet et certains autres dignitaires du régime, ont ponctué son règne au point de fragiliser l’unité d’action gouvernementale et de cristalliser les divisions au sein de l’appareil politique à sa disposition.

Dans l’entretemps, le laisser-faire et le laxisme ont négativement impacté l’autorité de l’Etat à travers le pays. La population désespérant de plus en plus n’a pu renouveler la confiance à sa classe politique de façon générale quelques ilots exceptés.

Pourtant, le meilleur d’entre eux tous, qui a mieux fait, avant lui et après lui, en construisant et réhabilitant écoles et hôpitaux, bâtiments publics (primature, complexe royal, immeuble intelligent, musée, etc.), en créant TRANSCO, Congo Airways, Esprit de vie, en renouvelant la flotte ferroviaire de la SNCC, en bancarisant la paie des agents publics de l’Etat, etc. est tout le temps vilipendé !

En temps normal, de telles pratiques ne peuvent pas être faites tant qu’il est vrai que les résultats de la gouvernance et du leadership sont plus qu’éloquents. Il est temps que le Congolais prenne conscience !

CP

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