Le chiffre donne le tournis. Quatre milliards de dollars USD de recettes fiscales réalisées de janvier à août 2022 ! Dans un premier temps, certains pensent que le directeur général de la Direction générale des impôts (DGI) s’est trompé de devise. Mais au fil des déclarations répétées depuis New York et ailleurs, il faut bien se rendre à l’évidence : il s’agit bien de quatre milliards de dollars US engrangés par l’Autorité fiscale, écrasant du coup les assignations fixées par le gouvernement.
En réalité, la «prouesse» du fisc congolais n’a rien d’ésotérique. Il est connu depuis le cri d’alarme du professeur Luzolo Bambi jadis,…
… que l’Etat perd chaque année l’équivalent de 15 milliards de dollars US, évaporés dans les méandres de la corruption, de fraudes, de détournements massifs de deniers publics et un train de vie effréné des dirigeants à tous les étages. Hélas, les centaines de rapports de l’ancien conseiller spécial chargé de la lutte contre la corruption et mettant en cause des dizaines de mandataires publics se couvrent de poussière dans les tiroirs des procureurs.
Qu’en l’espace de huit mois seulement la DGI réalise un tel exploit, c’est la démonstration que les organismes générateurs de recettes peuvent faire infiniment mieux. Peu importe l’origine de l’embellie; au diable si Dieudonné Muakadi a exagéré sa prouesse dans une rhétorique exaltée, l’essentiel revient à présent à envisager la redistribution de cette manne inespérée.
Si la DGI caracole en tête des champions ès renflouement du Trésor, elle n’est pas la seule. Les autres régies financières nationales alignent également dans les médias, à intervalles réguliers, des chiffres tout aussi astronomiques. Et le ministère des Finances ne boude pas son plaisir en constatant que les chambres fortes de la Banque centrale du Congo débordent de numéraire !
Un bémol tout de même. Il n’échappe pas au gouvernement que sur le plan du social, il y a de l’eau dans le gaz ! Les professeurs d’universités et les médecins des hôpitaux publics sont en grève. Les prix des biens et services s’affolent. Des centaines de milliers de déplacés internes sont laissés pour compte.
Car c’est là l’un des paradoxes caractéristiques de la gouvernance à la congolaise : le discours officiel ne cadre pas toujours avec la réalité. Les quatre millions de dollars US de la DGI iront peut-être gonfler les réserves de change; une démarche normale, dira-t-on, mais allez l’expliquer en termes intelligibles aux 90% de la population active au chômage !
Econews