Pont Kin-Brazza et port de Banana : absence préjudiciable du leadership Ne Kongo

En réaction à l’instruction donnée par le Chef de l’Etat au Gouvernement lors du Conseil des ministres du 3 décembre 2021 au sujet du pont Kin-Brazza pour «accélérer le traitement du projet de construction de ce pont en vue de sa prochaine promulgation», une structure dénommée DARK (Dynamique d’Actions pour la Renaissance Kongo) a publié le mardi 7 décembre un message, intitulé «Déclaration de Belvédère».

La DARK, y lit-on, «rappelle, au Président de la République, sa promesse de privilégier le port en eaux profondes, de Banana, avant la construction de pont route-rail, un enjeu de souveraineté pour notre pays».

Elle dit n’avoir «constaté aucune avancée significative, sur le terrain, à Banana, qui pourrait justifier ce frémissement soudain en faveur du pont», avant de rappeler sa déclaration de 2019 au travers de laquelle elle «refusait déjà, que ce pont, s’il était construit avant le port de Banana, vienne sonner la mort économique de la province du Kongo Central…» (sic).

La déclaration de la DARK est signée par son porte-parole, «Cardinal Robert Buenzeyi, un Prince sans Royaume» (sic)

Plusieurs observations s’imposent d’elles-mêmes, en attendant de savoir si le signataire était seul ou avec plusieurs membres au cours de ce qui devrait tout de même être la position d’une organisation structurée ayant pignon sur rue.

La première observation – juste pour la forme – force d’admettre que l’initiative telle que prise n’est pas pour rassurer les protagonistes sérieux, en l’occurrence les institutions de la République, les institutions provinciales, la Banque africaine de développement et, surtout, les investisseurs potentiels du port de Banana.

Ces protagonistes ne peuvent que douter de la crédibilité du leadership qui engage de cette manière la province du Kongo Central pour ne pas impliquer l’Espace Ne Kongo.

La seconde – cette fois pour le fond – est que le pont route-rail Kinshasa-Brazzaville n’est pas un projet bilatéral entre les deux Congo.

C’est un projet d’intégration africaine initié dans le cadre du Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) lancé en 2001. Le financement ne provient pas du Trésor public de la RDC ni du Congo voisin.

On ne peut rien reprocher à Félix Tshisekedi, encore moins à Denis Sassou Nguesso.

Intégrateur, le projet du pont est inter-régional en ce qu’il concerne l’Afrique Centrale certes (en y ajoutant la RCA, le Tchad et le Cameroun), mais également l’Afrique Australe et l’Afrique de l’Est.

Pour ces deux dernières sous-régions, l’épicentre est le port d’Ilebo, dans le Grand Kasaï. Car le chemin de fer du pont Kin-Brazza ne sera rentable qu’avec le tronçon Kinshasa-Ilebo. De cette agglomération kasaïenne, le parcours ferroviaire conduit au Grand Katanga. Donc, en descente, vers l’Angola, la Zambie, le Zimbabwe, le Botswana, la Namibie, l’Afrique du Sud en descente tandis qu’en montée vers la Tanzanie, le Malawi, le Burundi, le Rwanda, l’Ouganda et le Kenya.

Coïncé entre les ports de Pointe-Noire au Congo-Brazzaville et de Lobito en Angola et vu nécessairement sous cet angle, le port en eaux profondes de Banana n’aura d’utilité que lorsqu’il aura la capacité de rentabilité au travers des importations et des exportations.

Or, le seul espace de production et de consommation à sa portée est, hélas, le Kongo Central.

En effet, Kinshasa a tout à gagner en se branchant sur le pont avec Brazzaville. Idem avec l’ex-Bandundu, le Grand Équateur et le Grand Kasaï, voire l’ex-Province Orientale.

Il revient, en toute logique, au leadership Ne Kongo de prendre conscience de cette donne et d’agir de façon conséquente au lieu de réagir de façon épidermique.

Déjà, depuis bien des décennies, ce leadership n’a jamais été actif par rapport à tous les projets «pharaoniques » conçus pour le pays, mais avec pour province-clé Kongo Central. Précisément :

1. Grand Inga

2. Emphytéose de Muanda

3. Port en eaux profondes de Banana.

On le mettrait au défi de prouver l’existence ne serait-ce que d’une ONG faisant du lobbying sur l’un de ces projets qu’on ne trouverait de concret.

Sa fierté se limite à s’entendre dire qu’il est descendant de Kimpa Vita et de Simon Kimbangu, contemporain de Joseph Kasa-Vubu.

Conséquence : regardez ce que la porte d’entrée ou de sortie du Kongo Central à partir de Mitendi offre comme créneau en enfer, pardon en affaires : des cimetières ! C’est dans la Lukaya.

Comment s’étonner alors de voir des « cimetières » à la porte d’entrée ou de sortie de l’Atlantique que sont justement ces trois projets dans lesquels l’absence du leadership Ne Kongo est évidente. C’est dans le Bas-Fleuve.

Et comment s’étonner des « cimetières » que sont devenus La Sucrière de Kwilu Ngongo, la JVL, la Cinat et même les gares stratégiques de Lufutoto et de Mbanza Ngungu. C’est dans les Cataractes.

Dommage de voir ce leadership s’effrayer à tout soupçon d’ethno-tribalisme pendant que dans d’autres provinces du pays, les leaders «originaires de…» peuvent, eux, s’afficher publiquement, signer des actes d’adhésion à telle organisation de développement ou de culture, boire, manger et danser «local », sans que cela ne soit présenté en menace contre l’unité nationale.

Du reste, il ne pèse ni dans les cercles du pouvoir, ni dans ceux de l’Opposition. Sans poids politique, il est même sans poids économique véritable.

         Au regard de ces évidences, il serait souhaitable de voir des acteurs majeurs Ne Kongo comme Kiakwama, Kinduelo, Mbatshi, etc. secondés par des «jeunes» comme Matusila, Bikindu, Lengo dia Ndinga et autres Ghonda  se lèvent et prennent les choses en mains, sans politisation de l’oeuvre à entreprendre.

Robert Buenzeyi aura alors prêché pour le bien de l’Espace Ne Kongo.

Omer Nsongo die Lema (CP)