C’est une rencontre qui assurément fera date, que celle ayant mis face-à-face le président de la République et le parlement de la jeunesse ce mercredi 1er décembre 2022 dans la salle des congrès du palais du peule. Une salle chauffée à blanc, où les heureux admis dans les travées ordinairement réservées aux députés s’en donnaient à cœur joie, tandis que des centaines de malheureux rejetés trépignaient de rage devant les portes closes. On les comprend, les pauvres. Il n’est pas donné en effet à tout le monde de s’adresser en live au premier des citoyens.
Devant un auditoire visiblement gagné à sa cause, le chef de l’Etat a eu beau jeu de lancer des fleurs à une jeunesse dynamique, fleuron des dirigeants de la future génération, et qui fait la force de ce grand pays que toutes les autres nations nous envient. Il était dans son élément, Félix Tshisekedi, invitant la jeunesse à bannir le tribalisme et la haine ethnique, et à privilégier ce qui nous unit. Et de ces derniers facteurs, il a relevé une solidarité sans faille face à l’agression dont le pays est victime de la part de son voisin rwandais, certainement instrume-ntalisé lui-même par des forces obscures. Se réjouissant à l’occasion de la réponse positive des milliers de jeunes à son appel les invitant à rejoindre l’armée nationale.
Puis est venue la séance coupe-gorge des questions et réponses. Parmi celles-ci, il a été rappelé au chef de l’Etat sa promesse formulée au début de son mandat, il y a quasiment quatre ans, et jamais tenue : celle de créer des conditions de l’émergence de millionnaires congolais. L’auteur de la question ayant le soin de préciser que certes chaque année l’on assiste à la création de nouveaux millionnaires, mais ils sont chinois, indo-pakistanais, libanais, sud-africains… le tout favorisé par des ministres corrompus, et des dirigeants parachutés sans la moindre expertise, gérant des secteurs stratégiques en stagiaires.
Le président de la République leur a assuré que leurs doléances ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd. Certes. A lui de démontrer dès lors la capacité du gouvernement de fluidifier les conditions d’accès au crédit bancaire préalable à la création des PME/PMI, une authentique quadrature du cercle dans un environnement où toutes les banques commerciales du pays sont à capitaux étrangers, pratiquant des taux d’intérêts prohibitifs destinés à décourager des initiatives concurrentes à celles de leurs compatriotes. Et l’on revient à la case départ.