Ancien ministre des Droits humains, une fois détenu en otage en Ituri, le professeur Alphonse Ntumba Luaba, connaît bien les enjeux autour de l’insécurité permanente de la partie Est de la République Démocratique du Congo. Avec le regain d’activités du M23, le prof Ntumba Luaba voit, une fois de plus, la main noire aussi bien de Kigali que de Kampala. Il est d’avis que le M23 ne peut opérer sans un appui conséquent de ces deux voisins orientaux de la RDC.
«Le M23 m’a toujours déclaré, et ce, à maintes reprises, que l’approvisionnement de ses armes vient non seulement de Kigali, mais aussi de Kampala et de certains milieux criminels au sein des FARDC. Chaque fois qu’ils attaquent la RDC, ils le font avec l’autorisation de certains de nos voisins qui leur offrent toute la logistique possible et les base-arrières. Autrement, ils ne pouvaient pas à chaque poursuite des FARDC bénéficier de l’hospitalité territoriale (repli stratégique) de nos deux voisins ». C’est ce qu’a défendu le professeur Alphonse Ntumba Luaba, en réponse à une question du journal Les Coulisses au lendemain de la énième attaque du M23 dans le triangle Cyanika (Rwanda)-Bunagana(Jomba)-Kisoro(Ouganda).
Le professeur Ntumba Luaba n’est pas allé par le dos de la cuillère pour indexer les parrains des rebelles du M23 : «Ils doivent assumer leur responsabilité et nous dire ouvertement ce qu’ils veulent et non abuser de notre bonne foi de coopérer avec eux puisque le voisinage avec eux nous a été imposé par la nature. Nous avons marre de leur hypocrisie ».
L’ancien secrétaire exécutif de la Conférence internationale de la Région des Grands Lacs (CIRGL) sait de quoi il parle. C’est un homme de terrain doublé d’un diplomate chevronné.
Fin négociateur, le professeur Ntumba Luaba a eu à maintes reprises négocier avec tous les groupes armés qui écument l’Est de la RDC jusqu’à risquer sa vie dans les griffes de l’UPC comme otage pendant une semaine en 2002 à Mandro/Ituri.
Il devient clair que tous ceux qui doutent des accusations des FARDC sur l’identité de l’ennemi doivent revoir leur compréhension de la réalité du terrain.
Enfin, l’ancien secrétaire exécutif de la CIRGL est formel : «Il n’y aurait pas de RCD, tout comme de CNDP et dans leur prolongement de M23 sans la volonté et l’appui intellectuel et logistique de Kigali et Kampala ».
Bien plus, il est temps d’extirper les brebis galeuses au sein des forces congolaises de défense et de sécurité, tout en redéfinissant des relations sur des bases claires et précises, des relations entre Kinshasa, Kigali et Kampala.
Econews avec Les Coulisses