Un projet de révision de la Constitution est en cours. Il s’agit, entre autres, de modifier le jeu électoral et surtout modifier le régime politique en revenant à un régime présidentiel où le Président de la République jouira de plein pouvoir. En attendant le grand débat au Parlement, Delly Sesanga, président du parti politique, ENVOL, a déjà annoncé les couleurs. Il s’oppose farouchement à ce projet suicidaire pour la jeune démocratie congolaise.
Dans les couloirs du pouvoir circule un projet de révision de la Constitution. La raison est bien simple, se défendent les partisans de cette thèse. La Constitution du 18 février 2006 est dépassée, disent-ils. Il faut l’adapter en fonction du contexte actuel.
Quels que soient les arguments évoqués, dans la classe politique, cette tentative de modifier la Constitution en revenant, notamment à un régime présidentiel, où le Président de la République est bénéficiaire de plein pouvoir, passe pour une pullule amère.
Sans détours, Delly Sesanga, président du parti de l’opposition, ENVOL, s’oppose farouchement à ce projet. Il a haussé le ton samedi lors d’une matinée politique à Kinshasa. L’opposant Delly Sesanga prévient le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, que sa tentative de vouloir changer la Constitution sera vouée à l’échec.
«Nous disons la vérité. Les fauteurs de troubles ne cessent de mijoter un plan machiavélique contre le pays. Ils veulent changer la Constitution», tonne l’élu de Luiza. Le leader de l’Envol rappelle qu’en 2015 et 2016, la population avait envahi les rues du pays pour dire « NON » à la retouche taillée sur mesure de la Constitution du 18 février 2006.
«Touche pas à la Constitution»
Encore une fois, il lance l’opération «Touche pas à la Constitution». De manière ferme, l’opposant s’indigne de constater que les « corbillards politiques» tentent d’amener leur chef de regroupement, en l’occurrence l’Union sacrée de la nation, au cimetière comme ils l’ont fait avec Mobutu et Kabila.
Selon lui, l’objectif est de mettre en suspens la Constitution pour prétendre supprimer le premier mandat de Félix Tshisekedi. « En ce moment là, on repartira à zéro et leur mentor pourra prétendre avoir deux autres mandats supplémentaires car le premier n’aura pas compté avec l’avènement d’une nouvelle Constitution », dénonce Sesanga. Et de promettre : « On se battra jusqu’au bout. Pas question de changer la Constitution. Deux mandats, c’est fini, le peuple n’acceptera pas cette monstruosité». Il est d’avis que « le changement de la Constitution entraînera le pays dans le chaos ».
Haranguant la foule de ses militants qui l’ont contraint à une procession près de trois kilomètres, avant d’arriver au siège de son parti politique, le «cerveau d’Etat » a souligné que la pétition d’ENVOL était initiée pour consolider la démocratie. «Elle exigeait principalement le retour à deux tours de la présidentielle, l’élection des gouverneurs et sénateurs au suffrage universel direct pour lutter contre la corruption».
Malheureusement, note-ill, la démocratie «made in Udps» veut « balayer la Constitution pour un texte qui va sceller le putsch ».
En effet, les tenants de la honteuse thèse de modification de la Constitution arguent que pour permettre au pays de se développer, il faut donner plus de pouvoir au Président de la République. Une hypothèse que balaie d’un revers de main Delly Sesanga : «C’est une tendance vers le système présidentiel (…) Cette dérive de réforme ne passera pas».
A haute voix, le leader Envol appelle tous les démocrates à se mobiliser pour dire «Non» à ce putsch de Tshisekedi et de sa famille politique, à l’instar de Joseph Kabila qui l’a tenté, sans succès, en 2015 et 2016.
Hugo T.