L’armée ougandaise, qui combat les terroristes ADF avec les Forces armées de la République Démocratique du Congo, dans le territoire de Beni, serait en alliance avec les terroristes du M23 qui opèrent dans le territoire Rutshuru contre l’armée congolaise. De plus en plus, de sérieux soupçons pèsent sur le double jeu de Kampala.
Si la résurgence du M23 et l’intensification des combats, ces derniers jours, ont d’abord ravivé les tensions entre la RDC et le Rwanda, accusé ouvertement par Kinshasa de soutenir les rebelles, la prise de la cité de Bunagana interroge aussi sur le rôle joué par l’Ouganda dans le conflit.
«Le Gouvernement est sur les traces d’une implication de l’armée ougandaise», avait confié, en début de semaine, le ministre Patrick Muyaya, porte-parole du Gouvernement.
Si l’armée rwandaise a été prise la main dans le sac avec des preuves indiscutables, documentées par le Gouvernement de la République, Kinshasa dit ne pas disposer des indices évidents de l’implication rwandaise. Mais, sur place à Rutshuru, la Société civile locale soupçonne une main ougandaise derrière l’aventure militaire de M23.
Quant au Rwanda, des vidéos, des photos, voire des prisonniers trouvés à l’intérieur des frontières congolaises confirment la présence rwandaise derrière le M23. Comme pour confirmer les preuves obtenues par le gouvernement congolais, des experts des Nations Unies ont également documenté la présence des militaires rwandais aux côtés des terroristes du M23.
Le serpent ougandais
Si le Rwanda s’est comporté comme le piment, l’Ouganda de Museveni est pire que le serpent le plus venimeux de la planète qu’on a introduit dans la chambre à coucher. L’armée ougandaise est en opération conjointement avec les FARDC. Les Ougandais s’occupent de la traque des ADF. Comment se fait-il qu’ils se mettent du côté de ceux qui tirent sur les militaires congolais ?
Dans les prochains jours, le gouvernement congolais ne tardera pas à se prononcer sur la présence de l’armée ougandaise. Des preuves rassemblées après la chute de Rutshuru centre et Kiwanja n’autorisent pas des tergiversations funestes.
Depuis toujours, le porte-parole de l’armée ougandaise, Felix Kulayigye, nie l’implication de l’UPDF. «Si l’Ouganda avait voulu prendre Bunagana, nous avons un bataillon entier positionné à la frontière qui aurait pu le faire», avait-il déclaré, en juin dernier, sur NBS, une chaîne de télévision ougandaise.
Tout récemment, Ofwano Opondo, porte-parole du gouvernement ougandais, a démenti, sur son compte twitter, la participation de son pays aux côtés du Rwanda pour déstabiliser la RDC. Selon lui, des relations restent » chaleureuses » entre son pays et la RDC.
Ces démentis n’ont pas convaincu à Kinshasa. Le 21 juin 2022, Christophe Mboso, président de l’Assemblée nationale, avait dénoncé l’occupation «illégale» de Bunagana avec la «complicité de l’Ouganda» lors d’un colloque entre les présidents des assemblées d’Afrique australe. Il avait déjà annoncé en plénière, le 14 juin 2022, la suspension du processus de ratification des accords conclus avec l’Ouganda, sans préciser lesquels étaient concernés, rapportait Le Monde.
La RDC et l’Ouganda sont pourtant en phase de rapprochement depuis plusieurs mois. Le 31 mai 2021, le Président Félix Tshisekedi avait signé avec son homologue ougandais, Yoweri Museveni, un partenariat pour rénover 223 kilomètres de routes commerciales dans l’Est de la RDC, notamment l’axe Bunagana-Goma. Le 30 novembre suivant, les FARDC et l’UPDF avaient lancé «Shujaa», une opération militaire conjointe (toujours en cours) pour lutter contre les Forces démocratiques alliées (ADF).
Econews