Aussitôt arrivé au pouvoir à l’aube de l’année 2019, Félix Tshisekedi avait entrepris une série de longs voyages à l’étranger. Ses partisans ont applaudi et vite fait de mettre les déplacements présidentiels sur le compte d’une démarche tendant à sortir la République Démocratique du Congo d’un isolement diplomatique de longue date. Les voyages du nouveau chef de l’Etat en Russie, en Serbie, en Jordanie, au Qatar; et surtout en Belgique ont quasiment laissé indifférentes les masses congolaises.
A l’inverse, ses nombreux séjours au Rwanda et en Ouganda ont toujours suscité un profond malaise, amplifié par les images d’un Félix Tshisekedi tenant la main du président Paul Kagame, qu’il appelait volontiers son « frère et ami ». De même, le projet de l’exploitation aurifère dans le Maniema confié à une entreprise rwandaise, ou encore le projet d’une route à exécuter par l’Ouganda dans le Nord-Kivu. Face aux tueries attribuées aux rebelles ougandais des ADF, le président congolais a fait appel à l’armée ougandaise dans ce qu’il a qualifié de mutualisation des forces», dans le dessein de traquer les rebelles islamistes. Dire que le peuple congolais a furieusement applaudi toutes ces initiatives, serait trop s’avancer. Car le peuple a peur. Peur d’exprimer ses avis sur les initiatives diplomatiques de son président, prises sans la moindre consultation de la classe politique ou de la société civile. Les services de sécurité et de renseignement, omniprésents, étouffent toute forme d’expression contraire aux ukases de la plus haute autorité du pays. Le parlement sous ordre, ne sert plus que de caisse de résonnance où les débats démocratiques sont inexistants. A titre d’illustration, cette menace proférée par le président de l’Assemblée nationale avertissant, ce mardi, les députés qu’ils doivent s’attendre à voir certains de leurs collègues ‘’livrés à la justice du fait de leur implication dans ce qui se passe dans l’Est du pays.
La réalité reste que le chef de l’Etat congolais, dans l’euphorie de sa prise de pouvoir, et porté par un parti politique affichant un culte de la personnalité exagéré, n’a pas su choisir ses « amis ». Oubliant que les Etats n’ont pas d’amis, mais uniquement des intérêts. Les attaques du M23, appuyé par le Rwanda et même l’Ouganda, deux pays pourtant dirigés par ses « frères et amis », sont une leçon qu’il méditera longtemps.
Econews