Le président sénégalais Macky Sall a annoncé jeudi lors d’une allocution télévisée que son mandat prendrait fin en avril comme prévu, mais sans préciser de nouvelle date pour l’élection présidentielle qui devait initialement se tenir ce dimanche. Au lendemain des principales annonces du chef de l’État, plusieurs candidats qualifiés à la présidentielle et un collectif citoyen ont rejeté l’idée d’une concertation sur la date de l’élection.
Macky Sall, qui achève deux mandats présidentiels, avait repoussé l’élection de 10 mois, invoquant des litiges non résolus concernant les candidatures admissibles. Cependant, cette décision a été invalidée par la Cour constitutionnelle du Sénégal, la qualifiant d’illégale.
Lors de sa prise de parole, Macky Sall a affirmé qu’il respecterait son mandat jusqu’au 2 avril. Néanmoins, il reste incertain si un nouveau président pourrait être élu d’ici là.
La Cour constitutionnelle a enjoint au gouvernement de fixer une nouvelle date pour l’élection dès que possible, mais aucune annonce n’a encore été faite par le gouvernement.
Le président Sall a déclaré qu’il tiendrait des consultations avec les leaders politiques la semaine prochaine.
«Il est évident que le pays ne peut pas rester sans président. Les discussions détermineront la suite des événements et j’espère qu’un consensus émergera après ce dialogue », a déclaré Sall.
Le Sénégal, longtemps considéré comme l’une des démocraties les plus stables d’Afrique de l’Ouest, est actuellement plongé dans une crise politique suite aux controverses entourant l’élection présidentielle, ce qui a déclenché des manifestations meurtrières.
Au moins trois personnes ont été tuées et de nombreuses autres blessées lors de heurts avec les forces de sécurité.
Les groupes d’opposition maintiennent la pression sur Macky Sall pour qu’il organise rapidement des élections, avec des manifestations prévues tout au long du week-end.
Le président Sall a été accusé par ses détracteurs de chercher à se maintenir au pouvoir, des allégations qu’il a catégoriquement rejetées.
Malgré l’incertitude quant à une nouvelle date pour l’élection, certains experts sénégalais estiment que les déclarations de Sall jeudi démontrent sa volonté de respecter la décision de la Cour constitutionnelle.
Vers un dialogue de sourds ?
Macky Sall, au pouvoir depuis 2012, a beau avoir donné des gages sur ses intentions pour la fin de son mandat à la tête du Sénégal, en annonçant, jeudi, dans un entretien accordé à la presse sénégalaise, la tenue d’un dialogue national avec toutes les forces vives du pays, qui doit débuter lundi 26 février, et la probable libération de l’opposant Ousmane Sonko : rien n’y fait, l’opposition est bien décidée à ne pas relâcher la pression.
Toute la semaine, les supputations sont allées bon train sur la prise de parole du chef de l’État. Ce dernier a finalement donné une interview télévisée à quatre médias sénégalais, depuis le palais de la République de Dakar. Lors de cet échange, le président sénégalais Macky Sall s’est exprimé sur la crise déclenchée par sa décision de repousser la date de l’élection présidentielle, prévue initialement ce dimanche 25 février.
«Je voudrais que ce débat soit tranché : le 2 avril 2024 sera la fin de mon mandat, la fin de mon contrat avec le peuple sénégalais en tant que président de la République», a déclaré Macky Sall, qui a souhaité à travers cette prise de parole dissiper les incertitudes sur son départ à l’échéance de son mandat. En revanche, rien n’est clair sur la tenue avant ou après le 2 avril de la présidentielle.
Concrètement, le président Sall (que le Conseil constitutionnel a chargé, il y a tout juste une semaine, d’organiser au plus vite les élections qu’il a lui-même annulées) veut désormais se décharger de cette lourde responsabilité, et que la date de l’élection soit fixée après la tenue d’un dialogue avec l’ensemble des acteurs politiques du pays, les candidats retenus, mais aussi ceux qui ont été exclus de la course à la présidentielle, les partis politiques et les acteurs de la société civile. Un dialogue de deux jours qui s’ouvre lundi prochain. Les participants devront se mettre d’accord sur «une date et la période de transition après le 2 avril », a dit le président.
Tout en estimant que le pays ne peut pas rester sans président de la République, Macky Sall a ajouté que « le dialogue devra trancher et faire une proposition. Si un consensus peut être obtenu sur la suite, c’est souhaitable. Je souhaite que les acteurs qui doivent venir autour de moi vont regarder l’intérêt supérieur de la nation », a-t-il expliqué, souhaitant que tout se déroule avant le mois de juin et le début de l’hivernage. S’il n’y a pas de consensus, ce sera au Conseil constitutionnel de trancher.
Macky Sall ne ferme d’ailleurs pas non plus la porte à la possibilité d’assurer l’intérim. L’article 36 de la Constitution sénégalaise l’y autorise, puisqu’elle stipule que le président de la République en exercice reste en fonction jusqu’à l’installation de son successeur.
Avec Le Point Afrique