Sur le terrain des opérations, l’état de siège, décrété dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, bat de l’aile. Tout récemment, un groupe de députés nationaux, élus de l’Ituri et du Nord-Kivu, ont publiquement marqué leur désapprobation face à un état de siège qui ne rassure plus. A Bunia, tout comme à Goma, des voix s’élèvent pour un recadrage des opérations retenues dans le cadre de l’état de siège, alors qu’on est à sa 11ème prorogation. Pour le moment, le Gouvernement tente d’apaiser les esprits, convaincu que l’état de siège a sérieusement réduit la capacité opérationnelle des forces négatives. Mardi, le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, a reçu une délégation de femmes leaders de l’Ituri et du Nord-Kivu pour demander leur soutien aux opérations menées sur le terrain.
Un rapport accablant de la Commission défense et sécurité a fait part de graves dysfonctionnements dans les opérations militaires menées dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, en état de siège. Le rapport indique que près de 68% des fonds décaissés pour soutenir ces opérations n’atteignent pas leur destination et se volatilisent à partir de Kinshasa. A Bunia, chef-lieu de l’Ituri, et Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, des voix s’élèvent, remettant en cause l’efficacité de l’état de siège.
Pendant ce temps, au Gouvernement, on ne désespère pas. Bien au contraire. C’est pour maintenir le moral des troupes que le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, multiplie des rencontres pour donner plus d’assurance. Mardi, c’était au tour d’une délégation des femmes leaders de l’Ituri et du Nord-Kivu d’échanger avec le chef du Gouvernement.
La situation sécuritaire dans ces deux provinces, sous état de siège, était au centre des échanges entre le chef du Gouvernement et cette délégation de femmes. Sama Lukonde s’est montré très réceptif et attentif aux doléances de ces femmes leaders.
Selon Mme Patience Sinamuli, cheffe de la délégation, qui s’est confiée à la presse à l’issue de cette audience, plusieurs recommandations allant dans le sens de l’amélioration de la situation sécuritaire en Ituri et au Nord-Kivu ont été soumises au Premier Ministre.
«Nous sommes venues pour présenter les différentes recommandations au Premier Ministre par rapport à tout ce qui se vit au Nord-Kivu et en Ituri, plus particulièrement la vie de la femme et de l’enfant qui est en danger. Nous nous sommes dit que nous devrions venir auprès de l’autorité afin qu’elle entrevoie d’autres stratégies sur le terrain pour sauvegarder les vies humaines parce que nous en avons assez avec les massacres. Les mamans sont traumatisées. Toute la population en général (Nord-Kivu, Ituri), est devenue très vulnérable par rapport à ce qui sévit ces derniers moments», a dit Mme Sinamuli.
Ces femmes leaders des provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri ont, par ailleurs, salué l’esprit d’ouverture et le sens d’écoute du Premier Ministre qui n’a pas hésité de leur accorder cette audience.
«Il (Ndlr : Premier ministre) nous a accordé de son temps et il nous a promis qu’il tiendra compte de toutes nos recommandations. Il nous a même remis une carte de son coordonnateur, pour que nous puissions faire le suivi. Il nous donne donc une opportunité de le contacter n’importe quand. C’est un plaisir pour nous d’être accueillies par son excellence. Nous sommes en train de le remercier. Nous croyons qu’à travers ses paroles d’honneur, il va s’impliquer réellement dans tout ce que nous lui avons remis comme recommandations », a-t-elle souligné.
Pour mettre fin à la situation de crise sécuritaire prévaut en Ituri et au Nord-Kivu, le collectif de femmes leaders a émis le vœu de voir le chef du Gouvernement s’impliquer lui-même pour sanctionner tout celui qui, de près ou de loin, contribuerait à l’insécurité dans ces deux provinces.
Econews avec Presse/Primature