Sous la médiation de Luanda, Paul Kagame accepte de rencontrer Félix Tshisekedi

Aucune date n’est encore fixée, mais le probable face-à-face Félix Tshisekedi – Paul Kagame devient de plus en plus évident sous la médiation de l’Angolais João Lourenço. Le président rwandais a ouvert la voie lundi à une rencontre avec son homologue congolais, Félix Tshisekedi, pour discuter de la situation sécuritaire dans l’Est de la République Dmocratique du Congo (RDC), a annoncé à la presse le ministre des Affaires étrangères angolais, Tete Antonio, à l’issue d’un sommet à Luanda.

Téte António a rappelé que João Lourenço a été nommé par l’Union africaine comme médiateur pour traiter la question des relations entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, y compris l’aspect lié au M23.

Au cours de la réunion, il a été convenu que le Président Paul Kagame rencontrerait Félix Tshisekedi, à une date qui sera indiquée par le médiateur.

Cette décision a été prise à l’issue d’une rencontre bilatérale entre Paul Kagame et le président angolais, Joao Lourenço.

«Les chefs d’Etat se sont mis d’accord sur les mesures-clés à prendre pour s’attaquer aux causes profondes du conflit », a seulement déclaré, de son côté, la présidence rwandaise sur son compte X. Les présidents rwandais et congolais se sont rencontrés pour la dernière fois à Addis-Abeba, le 16 février, en marge d’un sommet des dirigeants de l’UA, chapeauté par M. Lourenço. Selon deux sources diplomatiques dans la capitale éthiopienne, la rencontre était très tendue et s’est finie par un «échange d’insultes ».

Les délégations ministérielles du Rwanda et de la RDC travaillent pour franchir cette étape.

Le ministre angolais a toutefois pris soin de préciser que chaque partie devait encore «travailler à cette étape ». La présidence rwandaise n’a pas confirmé un tel engagement, même si celle-ci a affirmé sur son compte X que «les chefs d’État s’étaient mis d’accord sur les mesures clés à prendre pour s’attaquer aux causes profondes du conflit ».

Ceci, a-t-il souligné, est le résultat de la rencontre entre les deux chefs d’Etat en vue de poursuivre les efforts du médiateur pour parvenir à la paix et la réconciliation dans la région, notamment dans l’Est de la RDC.

La visite de Paul Kagame à Luanda intervient un peu moins de deux semaines après celle effectuée par son homologue congolais, Félix Tshisekedi, qui a également rencontré le Président João Lourenço.

A l’issue de cette réunion, il a été annoncé que Tshisekedi avait accepté de rencontrer Paul Kagame pour discuter de la crise diplomatique entre les deux pays voisins et de la rébellion en RDC.

A la fin de février, la présidence de la RDC avait annoncé sur son compte X, citant également Tete Antonio, que «le président Félix Tshisekedi aurait donné son accord de principe pour rencontrer son homologue du Rwanda ».

La présidence congolaise rappelait également que «Félix Tshisekedi exige le retrait du territoire congolais des troupes de la RDF [l’armée rwandaise], la cessation des hostilités et le cantonnement des rebelles du M23 [Mouvement du 23-Mars] avant de rencontrer Paul Kagame ».

Pas de trêve sur le front de l’Est

Les affrontements se sont récemment intensifiés dans l’Est de la RDC. Après huit ans de sommeil, le M23, une rébellion majoritairement tutsi, a repris les armes à la fin de 2021 et, avec l’appui de l’armée rwandaise, s’est emparé de larges pans du Nord-Kivu, province de près de 60 000 km2 frontalière du Rwanda et de l’Ouganda.

Le regain de violence a provoqué de nouveaux déplacements de populations. Les Nations unies estimaient la semaine dernière à déjà plus de 100 000 le nombre de nouveaux déplacés du fait de ces combats.

A la fin de 2023, les Nations Unies estimaient que près de 7 millions de personnes étaient déplacées en RDC, dont 2,5 millions uniquement dans le Nord-Kivu. Des centaines de milliers de personnes s’entassent dans des camps à la périphérie de Goma, chef-lieu de la province.

Econews