En annonçant, lors de la der- nière réunion du Conseil des ministres l’ar-rêt imminent des vols de Congo Airways, le Président de la République n’a fait qu’enfoncer une porte déjà largement béante. A ses dires, les deux avions de la compagnie nationale encore en service doivent aller subir un check-up complet, dans deux mois. Avec pour conséquence que les Congolais éprouveront des difficultés de mobilité sur les destinations internes au cours des mois à venir. En fait de deux aéronefs, il n’en restait plus qu’un en service. Faire dire au Chef de l’Etat une fausse réalité relève de la part du ministère des Transports d’une affabulation malveillante. Il est bien connu en effet que de quatre appareils acquis par le gouvernement Matata (2 Airbus A320, 2 Bombardier 400), trois sont cloués au sol. L’unique A320 en service, surexploité, n’offrant plus de garanties de sécurité suffisantes, les chanceux qui parvenaient à embarquer après moult acrobaties, le faisaient à leurs risques et périls. Et un malheur ne venant jamais seul, la pénurie de carburant d’aviation (le Jet A-1) est venue enfoncer le dernier clou dans le cercueil d’un Léopard volant déjà moribond. La mesure était dans l’air de longue date. Congo Airways n’avait plus d’horaires fixes. A l’aéroport international de N’Djili, des passagers exaspérés en sont venus aux mains avec un personnel démotivé incapable de fournir la moindre raison des retards et annulations des vols. Plus d’une fois, des passagers ont été laissés en rade à l’aéroport de Kananga… La compassion exprimée par Félix Tshisekedi sur les restes de la compagnie aérienne nationale doit être évaluée à sa juste valeur : il ne fait presque l’ombre d’aucun doute qu’une fois retirés de la circulation, plus personne ne reverra dans le ciel congolais les avions de Congo Airways. L’opinion est unanime sur le fait que l’entretien en question se prolongera indéfiniment, faute de liquidation des factures y afférentes. L’exemple récent de l’échec du leasing avec Kenya Airways est la parfaite illustration de la liberté que prennent les dirigeants de divers secteurs avec le respect des contrats internationaux. Le déclin de Congo Airways fait remonter à l’esprit l’odyssée de l’avion présidentiel du maréchal Mobutu. Parti pour un check complet en Israël, il était resté immobilisé de longues années sur le parking de l’aéroport de Tel-Aviv. Saisi, puis désossé, il finit à la ferraille. L’histoire est un perpétuel recommencement. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil… congolais !
Econews