Comme ce vieux prisonnier de la prison de Makala qui a passé 21 ans sans procès ni jugement dans les geôles, Jean-Marc Kabund croupit également en prison sans avoir été notifié de sa condamnation de 7 ans de servitude pénale. Lundi, en faisant la ronde de la prison de Makala, le 1er président de la Cour de cassation, Elie Ndomba Kabeya, a promis de libérer les prisonniers en « détention de manière hasardeuse », en ce sans doute compris, l’ancien secrétaire général de l’UDPS/Tshisekedi, détenu en violation de la loi, selon ses partisans.
Il s’agit, selon lui, de désengorger la prison de Makala, construite en 1957 pour accueillir 1.500 individus, alors qu’elle en accueille près de 15.000 à ce jour.
Face à ce constat alarmant, le premier président de la Cour de cassation a appelé à une mobilisation générale des opérateurs judiciaires pour identifier les détenus concernés par cette mesure.
«Les ONG des droits de l’homme, excusez-moi, mettent en avant tous les cas d’irrégularité et critiquent les magistrats. Tous les détenus ne sont pas en prison uniquement à cause des magistrats. Ce que je sais, c’est que la situation documentée dans les registres des dossiers des tribunaux n’est pas toujours conforme à la réalité de la population carcérale. C’est pourquoi j’ai demandé aux parquets, aux tribunaux et à tous les responsables judiciaires accompagnés des greffiers du secteur pénal de se réunir ici. Nous voulons obtenir une vue réelle sur le terrain. Quel détenu relève de quelle juridiction et de quel tribunal ? Donc, chaque chef de juridiction et ses greffiers doivent clairement identifier les personnes détenues sous leur responsabilité. Une fois que vous avez cette vue sur le terrain, retournez à vos juridictions pour comparer avec vos dossiers et produire un premier rapport. Tous ceux qui n’ont pas de dossiers effectifs et qui sont en détention de manière hasardeuse, nous allons les libérer », a-t-il déclaré, repris par le média en ligne 7sur7.cd.
Il n’a pas seulement annoncé la libération des prisonniers détenus injustement, mais a également évoqué la possibilité de transférer certains détenus vers d’autres établissements pénitentiaires du pays.
«Nous sommes venus pour réorganiser la population carcérale. Aujourd’hui, la population a doublé. Il y a des raisons évidentes, car la démographie de la ville de Kinshasa est en croissance, et la criminalité augmente. Il est normal de voir beaucoup de personnes en détention. Mais sont-elles toutes détenues légalement ? C’est pourquoi tous les chefs de juridiction, les greffiers sont ici pour vérifier au cas par cas et libérer ceux qui sont injustement détenus, et envoyer ceux qui ont été condamnés purger leur peine dans d’autres prisons comme Luzumu, Angenga, et ailleurs, car ces prisons ne sont pas remplies », a souligné le premier président de la Cour de cassation.
Il a ajouté : «Pour quelqu’un condamné à dix ans, au lieu de passer dix ans à la prison centrale de Makala, nous pourrions le transférer à Angenga pour purger sa peine. Il pourra être réhabilité sur place, avec une meilleure chance de réinsertion qu’à la prison centrale de Makala, où il pourrait être surchargé, tomber malade, voire perdre la vie ».
Le premier président de la Cour de cassation a également évoqué le cas d’un détenu en prison pendant 21 ans sans jugement, décrié il y a peu par Stanis Bujakera, journaliste à actualité.cd et correspondant du magazine Jeune Afrique, qui a récemment recouvré sa liberté après environ six (6) mois en détention à la prison centrale de Makala.
Avec 7sur7.cd