Un comité d’experts de l’ONU avait lourdement critiqué la gestion par les forces de l’ordre des émeutes qui ont secoué la France. Paris a répondu.
La France «conteste des propos qu’elle juge excessifs» et «infondés» d’un comité d’experts de l’ONU qui avait lourdement critiqué, ce vendredi 7 juillet, la gestion par les forces de l’ordre des émeutes qui ont secoué la France. Le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale (Cerd) avait adopté en urgence une déclaration dénonçant «l’usage excessif de la force par les forces de l’ordre » françaises.
Il demandait aussi à Paris «d’adopter une législation qui définisse et interdise le profilage racial». Samedi, le ministère des Affaires étrangères a répondu avec force que «toute mesure de profilage ethnique par les forces de l’ordre [est] interdite en France », assurant que «la lutte contre les dérives des contrôles dits «au faciès» [s’est] intensifiée ».
Incompréhension
«Tout comportement discriminatoire signalé fait l’objet d’un suivi, et lorsqu’il est avéré, d’une sanction administrative ou judiciaire», ajoute le texte, qui fait valoir que le policier auteur du tir mortel qui a déclenché les émeutes «a immédiatement été déféré devant la justice et se trouve inculpé pour homicide volontaire ». Selon le Quai d’Orsay, «les forces de l’ordre sont soumises en France à un niveau de contrôle interne, externe et judiciaire tel que peu de pays en connaissent ».
La France invite le Cerd «à faire preuve de davantage de discernement et de mesure dans ses propos, dont elle regrette le caractère partial et approximatif ». Elle exprime son «incompréhension face à l’absence de solidarité et de compassion à l’égard des élus ou représentants d’institutions françaises ayant fait l’objet d’attaques […] ainsi qu’à l’égard des 800 policiers, gendarmes et sapeurs-pompiers blessés ».
Une «pratique persistante du profilage racial»
La mort du jeune Nahel, tué par un policier lors d’un contrôle routier, a engendré des nuits d’émeutes à travers le pays. Les violences urbaines qui ont suivi, sans précédent depuis 2005, ont jeté une lumière crue sur les maux de la société française, des difficultés des quartiers populaires aux relations houleuses entre jeunes et forces de l’ordre.
Le Cerd s’était dit profondément préoccupé par « la pratique persistante du profilage racial combinée à l’usage excessif de la force dans l’application de la loi, en particulier par la police, contre les membres de groupes minoritaires, notamment les personnes d’origine africaine et arabe». Dans son communiqué, la France rappelle «qu’elle est un État de droit, respectueux de ses obligations internationales et notamment de la Convention internationale pour l’élimination de la discrimination raciale ». « La lutte contre le racisme et toutes les formes de discrimination est une priorité politique», assure encore le ministère.
Avec AFP