Même si leur manifestation n’a pas été particulièrement remarquée, les métisses nés d’un parent belge et leurs descendants étaient bel et bien présents en face de l’Institut national de recherche biomédicale (INRB), que le couple royal belge a visité ce jeudi 9 juin. La bonne centaine d’hommes et de femmes (et d’enfants de tous âges), se présentait comme l’Association des Enfants des Belges laissés au Congo (AEBLC). Ils sont venus revendiquer, au nom du droit de sang belge, leur reconnaissance, tout en demandant réparation. Et dire de vive voix au Roi et à la Reine qu’ils existent.
Quoique, il y a quelques mois seulement, la justice belge a débouté une dizaine de métisses abandonnées jadis au Congo, souvent dans des couvents catholiques, par leurs géniteurs belges rentrés en métropole. Aujourd’hui plus que septuagénaires, leur lutte de longue haleine n’aura compté que pour du beurre.
Loin d’être anecdotique, la manif’ de l’AEBLC interpelle. Elle interpelle au premier chef des dirigeants congolais dont la double nationalité – la leur propre et celle de leur progéniture – est un secret de polichinelle, dans un pays dont la Constitution est très à cheval sur le caractère unique et exclusif de la nationalité congolaise.
Elle interpelle l’Assemblée nationale qui, depuis le moratoire de trois mois décrété sous la présidence de Vital Kamerhe, enjoignant aux détenteurs de la double nationalité parmi les députés de se manifester, n’est plus jamais revenue sur la question. La motion soulevée par Makila Sumanda, alors député national, gît dans les oubliettes des tiroirs poussiéreux.
Et pour cause. Dans toutes les institutions politiques et parmi les mandataires publics se côtoient des Congolais détenant sous le manteau des passeports français, américains, tchèques, belges, britanniques, suédois… Leur haut degré d’hypocrisie poussant le législateur à la paralysie.
Dans son tout premier discours sur l’état de la Nation en décembre 2019, Félix Tshisekedi avait recommandé au parlement d’initier une réflexion sur la question de la double nationalité; une disposition constitutionnelle devenue, selon lui, obsolète. Près de trois ans plus tard, le statu quo demeure. Aucun parlementaire ne prenant le risque d’épousseter la motion Makila. Ce qui équivaudrait d’ailleurs, pour beaucoup d’entre eux, à se tirer une balle dans le pied.
Econews