2023 : Tshisekedi-Bemba-Bahati contre Katumbi-Kabila-Lamuka

La cartographie politique de la République est en pleine recomposition. A deux ans des élections de 2023, des lignes commencent déjà à bouger. Si Vital Kamerhe, emprisonné, ne fait pas partie du jeu, le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, prendra déjà le soin non seulement de quadriller son secteur mais aussi de réconforter ses alliances avec ceux qui continuent à faire preuve de loyauté au sein de l’Union sacrée de la nation. Avec le départ annoncé de Moïse Katumbi, tout est à refaire. En 2023, tout va se jouer entre deux blocs, avec d’un côté Jean-Pierre Bemba du MLC et Modeste Bahati Lukwebo de l’AFDC-A rangés derrière le Chef de l’Etat, et en face, le camp de la résistance qui réunira probablement Katumbi, le FCC de Joseph Kabila et le tandem Fayulu-Muzito. L’UDPS, le parti présidentiel, qui ne cache plus sa ferme volonté de faire triompher en 2023 son candidat, Félix Tshisekedi, a d’ores et déjà promis de rendre au coup pour coup. C’est parti pour deux ans de chaudes empoignades.

De plus en plus, la cartographie des alliances en 2023 se dessine dans les salons huppés de Kinshasa et de l’ex-Katanga.

Des réajustements sont en train de se faire en douceur. Cependant, rien n’est gravé dans du marbre dans la mesure où, les égos démesurés des acteurs politiques congolais n’ouvrent aucune perspective à des concessions qui permettraient de réussir des fronts solides. L’épisode de Genève qui avait fait de Fayulu candidat commun ne pourrait pas être réédité parce que Katumbi ne voudra pas s’effacer une fois de plus pour Fayulu. Il voudra obtenir de lui le même soutien comme à Genève.

Cartographie 2023

Si les élections se tiennent aujourd’hui, les principales alliances en présence pourraient se constituer autour de deux blocs. Il s’agit du camp Tshisekedi qui pourrait être constitué de  Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et son UDPS, de Jean-Pierre Bemba et son Mouvement de libération du Congo (MLC) et de Modeste Bahati et son AFDC. Il va de soi que d’autres personnalités comme Guy Loando, Sama Lukonde, Jean-Pierre Lihau, …. apporteront également leurs parts à la victoire à la présidentielle et aux législatives.

En face, la lutte sera âpre entre Moïse Katumbi et son Ensemble pour la République, Martin Fayulu et la personnalité qui viendrait des rangs des partisans de l’ancien président Joseph Kabila. Là aussi de nombreux soutiens viendront apporter leurs contributions. Adolphe Muzito, par exemple, ne voudrait pas d’un émiettement des voix. L’Eglise catholique au Congo et l’Eglise du Christ au Congo vont certainement faire un choix stratégique en appuyant les seconds, même si c’est clair qu’elles ne battront pas campagne au profit d’un camp.

UDPS : des combattants en «position d’alerte»

Face au «Bloc patriotique» qui se forme autour de Lamuka du duo Fayulu-Muzito, du FCC (Front commun pour le Congo) et Ensemble pour la République, l’UDPS, le parti au pouvoir, s’organise pour leur apporter une réponse appropriée. A la 10ème Rue, au siège de l’UDPS, l’heure est à la mobilisation, des «combattants» pour se préparer à la grande politique de ces deux prochaines années.

Mercredi devant une foule surchauffée, réunie au QG de l’UDPS, Augustin Kabuya, son secrétaire général, a promis de rendre au coup pour coup. L’UDPS, a-t-il promis, ne se laissera pas faire.

Alors que le Bloc patriotique promet une marche populaire le 6 novembre prochain pour dénoncer la «politisation» de la Céni (Commission électorale nationale indépendante), Augustin Kabuya a appelé les combattants du parti présidentiel à rester «en position d’alerte» pour réserver une réponse efficace au Bloc patriotique initié par Martin Fayulu.

«Restez en position d’alerte pour leur réserver une réponse efficace (…) Nous prenons la communauté internationale à témoin. Ils vont regretter pourquoi ils ont choisi la voie de la rue », a-t-il lancé.

Réponse du berger à la bergère, il a annoncé une réunion imminente de la direction politique de l’Union sacrée de la nation pour les actions du Bloc patriotique. «Ils (Ndlr : les animateurs du Bloc patriotique) ont annoncé leur marche le 6 novembre 2021. Eh bien, ils vont le faire. Mais nous, c’est tous les leaders de l’Union sacrée qui se réuniront 24 heures après leur action, pour répondre de manière la plus ferme», a-t-il martelé.

Quoi qu’il en soit, Augustin Kabuya rassure que l’UDPS se mobilisera sur tous les fronts pour protéger le pouvoir acquis au bout de 37 ans de lutte. « L’UDPS qui est le seul parti en RDC à drainer des foules, ne se sent pas du tout effrayée (…) Rien de nouveau dans tout ça, les enfants sont rentrés chez leur mère (Joseph Kabila ndlr). Le grand problème est qu’ils ont peur d’aller aux élections, alors que même la Communauté internationale, l’Union Européenne et les États-Unis d’Amérique, vers qui ils se sont confiés, ont apprécié la nouvelle composition de la Céni », a promis le secrétaire général de l’UDPS.

Econews