Au sein de l’Union sacrée de la nation, les alliés du Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, sont en colère. Et ils ne s’en cachent pas. «On ne doit pas revivre et subir les mêmes frustrations comme du temps du FCC où le PPRD se croyait tout permis, reléguant ses alliés au rang de marchepied pour assouvir sa soif politique. Les choses doivent changer», a confié à Econews une source interne de l’USN. Au sein de la majorité parlementaire, le danger d’une scission est bien réel. Comme c’est souvent le cas, c’est Jean-Marc Kabund-a-Kabund, vice-président de l’Assemblée nationale et président a.i. de l’UDPS, qui a été largué sur le terrain pour ramener le calme dans les rangs. Ce mardi déjà, il était en contact avec des députés de l’Usn. C’est ce démineur que Kabund-a-Kabund tente de sauver ce qui reste encore de l’Usn. Objectif : éviter le naufrage avant les échéances électorales de 2023.
Le climat n’est pas serein au sein de l’Union sacrée de la nation (USN). Il y a une crise latente qui risque de secouer dangereusement l’édifice. En cause, le partage des responsabilités au sein des entreprises publiques. Des réunions se tiennent et des conciliabules s’organisent dans le but de revenir sur le partage.
Tous les moyens sont bons pourvu que des dividendes politiques soient engrangés suffisamment. L’édifice est en train de se fissurer inexorablement. La sortie de Moïse Katumbi a eu comme effet de faire bouger la maison USN. La fronde latente risque de causer plus de dégâts à l’USN. La coalition au pouvoir ne se rend pas compte que le peuple observe avec étonnement que le partage des postes soit devenu la préoccupation majeure.
Kabund-a-Kabund en démineur
Ayant senti le danger se profiler à l’horizon, le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a appelé en renfort le vice-président de l’Assemblée nationale Jean-Marc Kabund-a-Kabund.
Présenté comme l’ho-mme des situations difficiles, Jean-Marc Kabund-a-Kabund entreprend depuis quelque temps des rencontres en aparté avec les députés nationaux, estampillés USN. Dans le passé, Kabund-a-Kabund a démontré sa capacité de négociations et de persuasion en réussissant à inverser les rapports des forces au sein de l’Assemblée nationale.
C’est encore sur Kabund que le Président de la République a décidé de s’appuyer pour sauver le navire USN qui traverse une zone de très fortes turbulences.
Le tout bouillant président ad intérim de l’UDPS, le parti présidentiel, n’a pas donc tardé à se déployer. Dans un communiqué ou un message aux députés nationaux de l’espace Kasaï et de la ville de Kinshasa, intercepté sur les réseaux sociaux, Jean-Marc Kabund-a-Kabund veut les préparer à affronter la session de septembre en rangs serrés. Il a donc opté de travailler par palier afin d’offrir à l’USN de faire adopter son propre budget qui traduirait mieux la vision du chef de l’État.
Plusieurs questions attendent des réponses. Jean-Marc Kabund-a-Kabund le sait pertinemment bien. Il s’agit notamment des Jeeps et autres avantages promis aux députés de l’Union sacrée. Il faut que chaque élu puisse disposer de ce qui lui revient. La question du partage des entreprises publiques, actuellement sous examen, devra rester en dehors des affaires parlementaires.
Mboso hors des tractations
En tout cas, dans le nouveau jeu qui se prépare au sein de l’USN, Jean-Marc Kabund-a-Kabund a été préféré à Christophe Mboso, président de l’Assemblée nationale.
Dans cette bataille de repositionnement, Christophe Mboso part avec un gros handicap. A la chambre basse du Parlement, Mboso doit déjà se battre pour sauver son fauteuil menacé par une pétition. Sa gestion de l’Hémicycle ne fait pas l’unanimité dans la majorité parlementaire. Qui pis est, son échec dans l’entérinement de nouveaux animateurs de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) a jeté le doute sur sa capacité à gérer toutes les pressions d’une Union sacrée en quête de son identité.
Pour le moment, le sort de Mboso se trouverait d’une certaine manière aussi dans le travail de corps-à-corps que vient d’engager Jean-Marc Kabund-a-Kabund. Pour Kabund-a-Kabund, l’essentiel est d’étouffer la fronde qui couve au sein de la majorité parlementaire.
Y arrivera-t-il ? C’est tout ce qu’on peut lui souhaiter. Toujours est-il qu’à moins de deux ans des élections générales de 2023, le Chef de l’Etat ne veut pas perdre une majorité qu’il a acquise dans la douleur. Dans sa mission de démineur, Jean-Marc Kabund-a-Kabund joue le tout pour le tout.
Econews