Une justice «théâtralisée»

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Hasard du calendrier ou pas, le fait est qu’à deux jours du concours d’entrée dans la magistrature auquel prenaient part dimanche plus de 30 mille candidats venus de tous horizons, le président de la République a donné de la voix, et lancé un avertissement qui résonnera encore longtemps aux oreilles des magistrats véreux terrés à tous les niveaux d’un appareil judiciaire gangrené par la corruption et les antivaleurs qu’aucun régime n’est jamais parvenu à extirper. En conseil des ministres, Félix Tshisekedi a usé du bâton, ignorant la… carotte : «Chaque jour, dans tous les coins du pays», a-t-il tonné, «le peuple assiste abasourdi scandaleusement à des actes ou comportements de certains acteurs judiciaires ainsi qu’à des actions ou décisions judiciaires à la limite du hasard et de la théâtralisation de la Justice, creusant davantage la méfiance devenue légendaire entre le peuple et la Justice ». Venant d’un Congolais lambda, cette déclaration assassine aurait valu à son auteur les foudres de procureurs de tous acabits l’accusant d’outrage à la magistrature avec embas-tillement assuré. Mais lancée par le Magistrat suprême en personne, l’appel fera jurisprudence.
Seulement, il y a un hic. Rien ne prouve en effet que les 6.000 magistrats à recruter soient d’une race nouvelle tout droit débarquée d’une autre planète. Ou qu’ils apporteront un nouveau souffle d’intégrité et de probité morale, le mécanisme même de leur recrutement étant plombé par un mal bien de chez nous : en pareil cas, les recommandations pleuvent de toutes parts, ravalant le concours à une sordide formalité. Partis politiques, membres du gouvernement, mandataires publics, voire opérateurs économiques en vue s’activent pour placer leur progéniture, leurs parents, cousins et cousines, petites amies ou simples membres du parti politique.
En martelant qu’il est inadmissible que la délivrance des documents qui matérialisent l’autorité de l’Etat dont des titres académiques et scolaires devienne une question de mois ou voire des années, le chef de l’Etat reconnaît implicitement que parmi les milliers de candidats au concours, un nombre non négligeable est dépourvu de titres académiques reconnus. Comme dans un passé pas si éloigné, le Conseil supérieur de la Magistrature fera face à la sempiternelle question de faussaires et simples diplômés du secondaire pistonnés en haut lieu. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil zaïro-congolais.

Econews