Conformément à la Constitution, le Président de la République Démocratique du Congo est appelé à faire l’état de la nation à l’attention de deux chambres du parlement réunies en congrès. Au cours de cet exercice auquel il est soumis au dernier mois de l’année, il évoque tous les problèmes du pays, tout en scrutant l’avenir.
Dans un discours d’une heure et quarante minutes, le chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a fait l’état de la nation, samedi 10 décembre 2022, à l’attention des parlementaires de deux chambres réunies en congrès.
En effet, prônant l’Etat de droit dans son programme quinquennal, le président Tshisekedi Tshilombo ne pouvait ne pas émettre un point de vue sur la manière dont fonctionne l’appareil judiciaire.
De façon générale, la justice ne semble toujours pas lui donner satisfaction compte tenu de l’inconscience et du comportement incivique qui caractérisent la plupart de ses animateurs. Pour preuve, les plaintes qui fusent de partout ne font que remettre en cause sa vision sur l’Etat de droit. Et on observe au fil du temps l’érosion de la confiance entre la justice et le peuple.
D’ailleurs, au cours d’une des réunions du Conseil des ministres, le Président de la République n’a pas mâché les mots en exprimant sa désapprobation sur la manière dont fonctionne l’appareil judiciaire en République Démocratique du Congo. Aussi avait-il donné des instructions aux autorités compétentes du secteur pour que soit redorée l’image ternie de la justice. Mais les choses n’ont pas évolué positivement. Car le chef de l’Etat est revenu que la question, le samedi 10 décembre 2022, dans son discours sur l’état de la nation. Cette fois-ci, le président Tshisekedi a placé le président du Conseil supérieur de la magistrature devant ses responsabilités. Il espère qu’avec le recrutement de cinq mille nouveaux magistrats et la réhabilitation de trois cents autres anciens révoqués illégalement, selon lui, les choses pourront revenir sur les rails.
Félix Tshisekedi refuse d’entendre parler de magistrats qui n’accepteraient pas d’aller œuvrer à l’arrière-pays sans motif valable.
Autre tare observée au sein de l’appareil judiciaire en RDC : de longues détentions dans des maisons carcérales selon le bon vouloir de certains magistrats instructeurs véreux qui posent des conditions souvent inimaginables pour la mise en liberté provisoire prévenus ou la fixation de leurs dossiers afin d’être entendues par les tribunaux. Conséquence, cela ne peut que contribuer au surpeuplement des maisons carcérales que l’on ne cesse de déplorer et à ternir l’image de la justice en République Démocratique du Congo.
En outre, ne pouvant rester insensible aux situations qui minent le fonctionnement de l’appareil judiciaire, le chef de l’Etat a, non seulement promis l’amélioration des conditions sociales des magistrats, mais aussi des sanctions sévères à l’endroit de ceux qui continueraient à abuser de leur fonction. Car, soutient-il, conformément à la Constitution de la RDC, tout Congolais étant égal devant la loi, doit bénéficier de toutes les garanties légales lorsqu’il est déféré devant la justice.
Pour la réussite des réformes qui s’opèrent au sein de la justice, le chef de l’Etat promet qu’il ne lésinera pas sur les moyens. Le président du Conseil supérieur de la magistrature est mis à contribution pour atteindre cet objectif. Aussi est-il mis devant ses responsabilités afin que l’Etat de droit ne puisse pas être qualifié de slogan creux. Autrement, le statu quo du désordre demeurera au sein de l’appareil judiciaire congolais.
Véron Kongo