Est de la République Démocratique du Congo : un énième échec du cessez-le-feu

Malgré la pression internationale et les multiples exhortations à mettre fin aux combats, le cessez-le-feu annoncé à partir de mardi entre l’armée congolaise et la rébellion du M23 n’a pas été respecté.
La reprise des combats, lundi, dans la province du Nord-Kivu laissait peu de place au doute. Malgré le cessez-le-feu qui devait s’engager mardi midi, les hostilités ont continué entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 dans l’est de la république Démocratique du Congo (RDC). Ce nouveau cessez-le-feu a été annoncé le 3 mars par la présidence angolaise, désignée médiatrice par l’Union africaine dans la crise qui oppose Kinshasa au M23, rébellion majoritairement tutsi qui a repris les armes fin 2021 après dix ans de sommeil. Les autorités congolaises accusent le Rwanda voisin de soutenir le M23 qui ne cesse de progresser dans la partie orientale de la RDC, mais Kigali, la capitale rwandaise, s’en défend.
Les multiples appels à faire taire les armes, notamment ceux d’António Guterres, ne suffisent pas à enrayer cette spirale de violence. Lundi soir, le secrétaire général de l’ONU exhortait encore «le M23 à respecter le cessez-le-feu» en vue de «son retrait total et effectif de toutes les zones occupées». Mais le lendemain, le mouvement rebelle et les forces armées de la RDC (FARDC) se sont accusés tour à tour de ne pas respecter leurs engagements.
Selon Willy Ngoma, un porte-parole du M23 interrogé par l’AFP, l’armée congolaise a lancé une offensive simultanée contre «toutes les positions» du mouvement rebelle lundi. Ce à quoi les rebelles ont réagi «en légitime défense» malgré l’annonce, dans un communiqué, d’un «cessez-le-feu effectif» à midi heure locale, afin «d’ouvrir la voie au dialogue direct avec le gouvernement de Kinshasa».

«Une énième violation du droit international humanitaire»
En face, le porte-parole de l’armée au Nord-Kivu, Guillaume Ndjike, dénonce «une énième violation non seulement du cessez-le-feu mais aussi du droit international humanitaire par l’armée rwandaise sous couvert du M23». Selon lui, les rebelles auraient tiré «au mortier de 120 mm sur la cité de Sake [20 km à l’ouest de Goma, ndlr]». Des tirs «orientés précisément sur la base de la Monusco [la mission des Nations unies en RDC, ndlr]» et sur le «contingent burundais récemment déployé dans le cadre de la force régionale de l’East African Community (EAC)».
Des sources sécuritaires et des témoins, cités par l’AFP, évoquent même une progression du M23 qui se serait emparé de nouvelles localités. Notamment la ville de Karuba sur le front sud, située à une trentaine de kilomètres de la capitale provinciale Goma, où les combats auraient fait au moins six morts et «au moins dix blessés», selon Folo Ombeni, vice-président de la société civile locale. Au nord, les FARDC auraient été contraintes de se replier vers la ville de Kanyabayonga.
Le lieutenant-colonel Guillaume Ndjike évoque également une attaque des rebelles contre un camp de déplacés de Goma et contre la cité de Mubambiro qui aurait fait «d’énormes dégâts». Il y aurait aussi eu un bombardement du M23 à la sortie ouest de la ville selon Léopold Muisha. Ce représentant de la société civile du groupement Kamuronza évoque «sept bombes tirées lundi en fin d’après-midi, tuant deux civils, dont un enfant de 12 ans, et blessant six autres». Bombardement corroboré par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui évoque un enfant tué et 12 blessés.
De quoi signer une nouvelle fois l’échec d’une initiative régionale pour tenter de pacifier une région tristement habituée à ce genre de violences.
Avec Liberation.fr