C’est un procès, dit de la vérité, qui s’est ouvert lundi au Tribunal de paix de Kinshasa/Gombe. C’est aussi un procès pédagogique qui oblige désormais les acteurs de la Société civile à ne pas verser dans le sensationnel lorsqu’il s’agit d’exercer leur « devoir citoyen ».
Entre le milliardaire israélien Dan Gertler et l’ONG « Congo n’est pas à vendre (CNPAV », on n’est pas dans le règlement des comptes, moins encore dans l’intimidation, comme le rapportent certaines mauvaises langues au sein de la Société civile. C’est juste un procès qui permettra, à terme, de faire éclore la vérité sur les contours exacts de l’accord conclu, le 24 février 2022 à Kinshasa, entre la République Démocratique du Congo et Dan Gertler.
Qu’est-ce qui est donc reproché au CNPAV ? Pas grand’chose, en tout cas. Il lui est juste demandé de prouver, devant les juges, ses allégations de « deux milliards de dollars américain » que Dan Gertler, aurait, selon cette ONG, perçu depuis la conclusion en février 2022 d’un accord avec la RDC.
C’est dire combien toute l’attention de l’opinion publique, tant nationale qu’internationale, était rivée lundi sur ce qui s’est passé au Tripaix/Gombe.
Au premier jour du procès, le Tripaix/Gombe a refusé du monde. Sur place, descalicots étaient déployés avec des messages obligeant Jean-Claude Mputu, porte-parole du CNPAV, à prouver ses accusations de « deux milliards de dollars US » versés à Dan Gertler depuis l’accord du 24 février 2023.
Aux abords du Tripaix/Gombe et dans plusieurs coins du centre-ville de Kinshasa, on a vu des gens arborant des calicots frappés des messages contre les mensonges de CNPAV et leur gourou belge, Elisabeth Caessens. D’autres, plus explicites, demandaient à Mputu de venir prouver devant son juge naturel ses déclarations sur les deux (2) milliards de dollars gagnés en une année par Dan Gertler depuis la signature de l’accord avec le Gouvernement de la RDC.
Jean-Claude Mputu sent l’étau se resserrer contre lui. C’est le moins que l’on puisse dire. Acculé, le porte-parole du CNPAV a choisi de faire le dilatoire dès l’entame du procès en diffamation lui intenté par l’homme d’affaires Dan Gertler.
Ainsi, lundi à Kinshasa, le porte-parole du CNPAV, poursuivi au pénal, ne s’est pas physiquement présenté dans la salle d’audience du Tripaix/Gombe. Ses avocats ont argué qu’il n’a pas une adresse de résidence à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, brandissant, à l’occasion, une procuration justifiant que le nommé Jean-Claude Mputu habite en Belgique. Pas bon signe pour l’accusé !
Constatant l’absence du principal accusé, le juge a appliqué la loi en lui accordant trois mois pour se présenter, renvoyant donc la prochaine audience en juillet prochain.
« L’astuce est donc de faire traîner la procédure », commente le collectif d’avocats du milliardaire israélien.
Après la publication d’un article sur le site d’infos en ligne, actualite.cd, où les propos de Jean-Claude Mputu étaient repris, le Groupe Ventora a directement diffusé un communiqué de presse annonçant des poursuites judiciaires contre le CNPAV et son porte-parole pour mettre fin à ces diffamations persistantes.
Lundi, au Tribunal de paix de Kinshasa/Gombe, Jean-Claude Mputu choisit une manœuvre dilatoire dès l’ouverture du procès, justifiant qu’il n’habite pas en RDC mais en Belgique !
« Ce n’est que partie remise », confie, serein, le collectif d’avocats de Dan Gertler.
Dans le camp de la défense, la panique semble gagner les rangs.
A l’issue de cette première du lundi, Me Hervé Diakiese semble déjà visiblement désemparé.
« Il y a un problème de l’irrégularité de la saisine. Le tribunal s’est déclaré non saisie pour JC Mputu. Resources matters est régulièrement saisie mais elle n’est là que comme employeur », a déclaré Me Diakiese, cité par Sonia Rolley, journaliste très proche de CNPAV. Avant de botter en touche : « C’est un procès emblématique. Il y a une tentative de criminaliser l’activisme des lanceurs d’alerte et de la société civile ».
Quoi qu’il en soit, Jean-Claude Mputu a trois mois pour étouffer sa défense. Et dans le camp de Dan Gertler, on l’attend de pied ferme pour le mettre dos au mur.
Econews