Poutine dit avoir eu des discussions «très importantes et franches» avec Xi Jinping

Le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping lors d’une réunion au Kremlin, à Moscou, le 21 mars 2023. ALEXEY MAISHEV / AFP

Au deuxième jour de sa visite à Moscou mardi, le président chinois Xi Jinpinga d’abord rencontré le premier ministre Michoustine et salué le «partenariat stratégique global» entre les deux pays.
Le président chinois Xi Jinping a affiché, mardi en Russie, la «priorité» qu’il accordait aux relations «stratégiques» entre Moscou et Pékin, deux «grandes puissances», signifiant ainsi son entente avec Vladimir Poutine face aux Occidentaux en plein conflit en Ukraine. Au deuxième jour de sa visite d’État en Russie, Xi Jinping a estimé que son déplacement répondait à une «logique historique», car «nous sommes les plus grandes puissances voisines et des partenaires stratégiques à tous les niveaux».
D’après des images retransmises par les chaînes de télévision russes, Vladimir Poutine a accueilli Xi Jinping avec une franche poignée de main, puis une fanfare militaire a joué les hymnes des deux pays. Après la cérémonie d’accueil, les deux dirigeants ont eu des discussions officielles, au lendemain d’un premier entretien «informel» qui a duré plus de quatre heures.
Le dirigeant chinois a déclaré mardi vouloir «renforcer la coordination» entre la Chine et la Russie. «Je propose de renforcer la coopération et la coordination» entre les deux pays, membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, a déclaré M. Xi, selon la traduction officielle en russe de ses propos. «Je suis prêt à élaborer avec vous un plan pour le renforcement des relations bilatérales», a-t-il ajouté. Poutine a salué en retour les relations «spéciales» entre Pékin et Moscou.

«Priorité au partenariat stratégique global»
Le président chinois, qui s’exprimait lors d’un entretien avec le premier ministre russe Mikhaïl Michoustine, a également dit que Pékin «continuera de donner la priorité au partenariat stratégique global entre la Chine et la Russie», selon des propos rapportés par les agences de presse russes.
Xi Jinping, qui doit s’entretenir mardi avec Vladimir Poutine après un premier entretien lundi, a également confié qu’il avait invité le président russe à lui rendre visite en Chine «quand il pourra cette année», malgré le mandat d’arrêt émis la semaine dernière par la Cour pénale internationale contre le maître du Kremlin. Hasard du calendrier ? Alors que Xi Jinping affiche son soutien à Moscou en pleines tensions avec les pays occidentaux, le premier ministre japonais Fumio Kishida est, lui, attendu en Ukraine mardi pour une visite surprise.
Fumio Kishida va transmettre au président ukrainien Volodymyr Zelensky «son respect pour le courage et la persévérance du peuple ukrainien qui défend sa patrie sous son commandement, ainsi que la solidarité et le soutien infaillible à l’Ukraine du Japon et du G7», a déclaré la diplomatie nippone. Fumio Kishida était le seul dirigeant membre du groupe à ne pas encore être allé à Kiev depuis le début de l’offensive russe contre l’Ukraine en février 2022. Tokyo s’est joint aux sanctions occidentales contre la Russie et a annoncé en février une nouvelle aide de 5,5 milliards de dollars (5,1 milliards d’euros) à l’Ukraine.

Une amitié affichée
Le conflit en Ukraine, justement, sera au cœur des discussions qui doivent débuter mardi vers 12H00 GMT entre Xi Jinping et Poutine, après un entretien «informel» lundi lors duquel ils ont affiché leur entente, en se donnant par exemple du «cher ami». Lors de ce premier entretien, qui a duré plus de quatre heures, Vladimir Poutine s’était dit prêt à discuter d’une initiative de Pékin visant à stopper ce conflit.
Le président russe a couvert d’éloges son puissant hôte chinois, saluant notamment sa «position juste et équilibrée sur les questions internationales». Mais si la Chine se pose en intermédiaire en Ukraine, l’Occident juge que Pékin soutient trop Moscou pour être crédible. Washington accuse même les autorités chinoises d’envisager de livrer des armes à la Russie, ce qu’elles démentent. D’autres, en Occident, jugent que la Chine pourrait s’inspirer de l’attaque russe en Ukraine pour prendre le contrôle de Taïwan.
Lundi encore, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a affirmé que «le monde ne doit pas être dupe face à toute décision tactique de la Russie, soutenue par la Chine ou tout autre pays, de geler le conflit (en Ukraine) selon ses propres conditions». Antony Blinken a souligné que Xi Jinping s’était rendu en Russie trois jours à peine après le mandat d’arrêt de la CPI visant Vladimir Poutine ce qui, selon le diplomate américain, suggère que la Chine n’éprouve pas le besoin «de tenir responsable le président (russe) des atrocités infligées à l’Ukraine». Pour sa part, Kiev, prudent sur les intentions chinoises, a exhorté lundi Xi Jinping à «user de son influence sur Moscou pour qu’il mette fin à la guerre d’agression».

«Image de facteur de stabilité»
Interrogé par l’AFP, l’expert français Antoine Bondaz, spécialiste de la diplomatie chinoise, estime que Pékin cherche à promouvoir dans le dossier ukrainien une «image de facteur de stabilité (…) particulièrement auprès des pays non-occidentaux», tout en essayant de «délégitimer les régimes démocratiques». Ces dernières années, Pékin et Moscou se posent en effet comme des contrepoids géopolitiques à la puissance américaine et ses alliés. Mais outre les considérations géopolitiques, les questions économiques seront au cœur des discussions mardi entre Vladimir Poutine et Xi Jinping.
La visite de Xi Jinping en Russie intervient au moment où cette dernière a massivement réorienté son économie vers Pékin, face aux lourdes sanctions occidentales qui la visent. Comme un symbole de cette intégration économique croissante, le géant gazier russe Gazprom a annoncé mardi avoir livré la veille une quantité «record» de gaz via le gazoduc transfrontalier «Force de Sibérie». Selon le Kremlin, Xi Jinping et Poutine doivent signer plusieurs documents mardi, notamment une déclaration commune portant sur l’approfondissement de leurs relations économiques d’ici 2030.

Un «règlement pacifique» du conflit
La Chine est favorable à un «règlement pacifique» du conflit en Ukraine, a déclaré Xi Jinping devant le président russe, Pékin cherchant à s’imposer comme médiateur entre Moscou et Kiev.
La Chine, qui a proposé le mois dernier un plan de paix pour le conflit ukrainien, est «guidée constamment par les principes de l’ONU (…) et cherche un règlement pacifique», a déclaré Xi Jinping, selon ses propos traduits en russe, à l’issue des pourparlers au Kremlin. «Nous sommes toujours pour la paix et le dialogue», a-t-il souligné.
Avec Le Figaro et AFP