Si l’on omet les retombées des inondations meurtrières de Kalehe ou les violences en territoires de Kwamouth, Bagata et dans la périphérie de Kinshasa; l’audit du fichier électoral en cours et la pénurie de farine de maïs dans les espaces Grand Katanga et Kasaï et l’annonce de la manifestation de l’opposition de samedi 20 mai l’actualité politique connaît une relative accalmie, en cette fin de troisième semaine de mai.
Seul le banditisme urbain, le fameux «phénomène kuluna», s’invite de jour et comme de nuit dans les conversations. Il est omniprésent et ses victimes au quotidien ne se comptent plus.
Aucune municipalité de la capitale n’est épargnée. Des groupes de jeunes délinquants organisés en «écuries» sèment la terreur sur de simples passants, des vendeuses de pain et légumes, des jeunes filles. Vols à l’arrachée des sacs à main et de téléphones, cambriolages, suivis de viols et de blessures à la machette sont monnaie courante.
A leur sinistre mode opératoire viennent de s’ajouter des incendies, en plein jour, des domiciles ciblés, au grand désespoir des voisins qui observent sans intervenir, de peur d’être agressés à leur tour. Couardise ou prudence d’une population traumatisée, il n’empêche que quelque fois, par un sursaut de courage collectif quelques «Kulunas» sont arrêtés et brûlés vifs, entraînant des représailles dans un cycle de violence sans fin.
La police reste impuissante à juguler un phénomène qui échappe à tout contrôle dans une ville pourtant menacée par des insurgés qui, venus du Kwango, sont signalés dans la zone rurale de Maluku à moins de 100 kilomètres du centre-ville de Kinshasa. On ne peut s’empêcher de frémir à l’idée du degré de terreur que ces groupes feraient peser sur la ville en cas de leur jonction avec les insurgés.
Les chefs de la police de Kinshasa n’ont de cesse de répéter que ce corps est en sous-effectif; pourtant, les centaines de sous-commissariats disséminés à travers la ville jouent plus le rôle de parkings payants que celui d’interventions sur les scènes de crimes.
Par ailleurs, des unités entières sont affectées à la protection des autorités. Il n’est pas rare en effet qu’un seul ministre, député ou sénateur compte pour sa protection jusqu’à dix, voire vingt agents. Leurs domiciles et cortèges, la sécurité de leurs proches et celle des supermarchés tenus par des expatriés emploient des milliers d’agents de police qui seraient plus utiles à la protection de la population lambda et de ses maigres biens.
Econews