À moins de sept mois des élections législatives et de la présidentielle, l’ambiance générale n’incite pas à l’optimisme. La société congolaise se trouve écartelée entre deux tendances diamétralement opposées. D’une part, ceux qui cultivent un optimisme béat et s’extasient des œuvres fondées sur la «vision» du chef de l’Etat dont ils ne sauraient expliciter la moindre thèse; de l’autre, le plus grand nombre qui s’efforce de garder les yeux ouverts mais dont les cris sont étouffés par un discours fait de menaces et de mises sous mandat de dépôt pour peu que leur voix s’indigne publiquement devant la cherté de la vie, l’insécurité permanente et des dérives induites par un tribalisme et un népotisme exacerbés.
Entre les deux groupes aux attitudes irréconciliables, se creuse un fossé qui va s’élargissant à mesure qu’approchent les échéances électorales. Les premiers, restés sourds aux appels à un consensus autour de l’organisation des scrutins, murés dans la satisfaction béate d’un régime qui fait leur bonne fortune – au propre et au figuré – méprisent les seconds systématiquement ravalés au rang infamant de complices des puissances étrangères qui mettent l’Est du pays à feu et à sang.
Le passage en force au parlement du projet de loi sur la répartition des sièges en l’absence des députés de l’Opposition est l’un des indicateurs de la tentation d’instaurer une opinion univoque propre aux despotismes des heures les plus sombres de l’Afrique post-indépendances.
La volonté manifeste de museler une opinion fataliste et résignée, suscite le doute quant à l’organisation des élections dans le délai constitutionnel. Dans un climat de peur généralisée, peu de voix seraient à même de s’opposer à un «glissement» du calendrier électoral dont les prémices sont posés lentement mais sûrement.
Les organisations non gouvernementales, elles-mêmes politisées à outrance, ont adopté une notion nouvelle des droits de l’homme, invariablement favorable au pouvoir, toujours prompts à absoudre les criminels avérés, pour peu qu’ils prouvent leur allégeance à l’Autorité suprême.
Quant aux chantres des oppositions, ils savent d’ores et déjà à quoi s’en tenir. Quand il leur est dénié le droit de circuler librement ou de tenir des manifestations publiques, pacifiques soient-elles, ils ont suffisamment de pénétration pour discerner le chemin tortueux qui s’ouvre devant eux. Et ce dernier est semé d’embûches que l’on veut insurmontables.
Econews