Dans une communication de son président, la CASE (Commission africaine pour la supervision des élections) remet en cause l’optimisme de la CENI et explique en 20 points les indicateurs du passage en force du régime du Président Félix Tshisekedi aux élections de 2023 en République Démocratique du Congo. Tribune.
«Le Président Félix Tshisekedi a promulgué, jeudi soir, la loi portant adoption de la répartition des sièges par circonscription électorale pour les élections législatives, provinciales, municipales et locales, sans tenir compte de tonnes d’observations contraignantes émises par les parties prenantes en amont de cette dernière.
Cette étape vient malheureusement renforcer le schéma d’un passage en force du candidat du pouvoir aux élections présidentielles de décembre 2023 lorsqu’on se rappelle que c’est le même mode opératoire qui a prévalu depuis les discussions sur les réformes électorales; celles ayant porté sur la désignation du président de la CENI, son entérinement et investiture ; l’épopée de la désignation frauduleuse des délégués de l’opposition; le recrutement controversé du Secrétaire Exécutif National de la CENI; la révision brute du fichier électoral ; l’escamotage de la procédure d’audit du fichier électoral jusqu’à la promulgation très poussée de la loi de répartition des sièges.
Principaux actes de forcing électoral en RDC
- Désignation de Monsieur Denis Kadima Kazadi contre l’avis des Églises de grande notoriété nationale et internationale à savoir l’Eglise Catholique et l’Eglise du Christ au Congo. Ce, en dépit de la clameur publique raisonnable exprimée par les Forces vives de la Nation à travers des soulèvements populaires mémorables. Le Président de la République qui avait rétorqué la candidature de Monsieur Ronsard Malonda pour les mêmes raisons et dans les mêmes conditions, se pressa de signer l’ordonnance d’investiture de Monsieur Kadima en violation de toute la chaîne de procédure.
- Tout le processus d’entérinement de la candidature de Monsieur Kadima a été contesté dans une lourde querelle faisant perdre à la nouvelle CENI ses lettres de noblesse et ses chances de crédibilité.
- La CENI a été investie en l’absence des délégués de l’opposition constitutionnelle.
- Le parti présidentiel a opéré un autre coup de force en totale violation de la loi pour parachuter deux gaillards, du reste, faux délégués de l’opposition comme membres. Les deux imposteurs ont été investis séparément de leurs collègues, une première en République Démocratique du Congo.
- Le parti présidentiel a imposé un de ses cadres au poste stratégique de Secrétaire Exécutif National de la CENI. Cet acte impromptu, inhabituel et contraire à toute procédure légale, a été massivement dénoncé sans émouvoir ni le président de la CENI ni le Président de la République, garant du bon fonctionnement des institutions.
- Toutes les mises en place dans les cabinets, au Secrétariat Exécutif et en province ont été dictées par les partis politiques au pouvoir.
- Le recrutement des agents temporaires dans le cadre de la révision du fichier électoral a été planifié et comblé par les partis politiques de l’Union Sacrée, en violation flagrante de la loi et des procédures en vigueur.
- La CENI a exclu sciemment des cadres de concertation, les partis politiques de l’opposition et les organisations de la Société Civile, préférant s’appuyer sur quelques plateformes insuffisamment crédibles de l’obédience politique de son président.
- La gestion interne de la CENI est confisquée par le président de l’institution et son puissant directeur de cabinet sans qu’aucun membre n’ose lever le petit doigt. Seule Madame Nseya avait osé contester cette dictature interne en décembre 2022 avant de se faire admonester par le parti présidentiel.
- La révision du fichier électoral a étalé toutes les limites professionnelles de Monsieur Kadima et son équipe : Planification biaisée, formation électorale bâclée, matériel inapproprié et inadapté et personnel non qualifié. Le tout dans un cafouillage d’appel d’offre d’acquisition du matériel en toute opacité procédurale.
- La CENI a limité aux seules organisations proches du candidat du pouvoir, le nombre des missions d’observation électorales dont la plupart sont financées par elle-même. Les rares missions d’observation indépendantes telles que la MOE CENCO-ECC sont strictement privées d’informations techniques nécessaires à la source.
- La CENI finance une plateforme politique dite de l’opposition appartenant à deux membres du Bureau pour justifier son aventure et tenter de dissuader les contestataires.
- L’opération d’identification et enrôlement des électeurs a été truffée de graves irrégularités partant de la disparité cartographique des Centres d’inscription au gonflement statistique irrationnel du nombre d’électeurs dans certaines provinces privilégiées en passant par cette qualité insoutenable et nauséabonde de la carte d’électeurs.
- Dans sa témérité, la CENI a confectionné son idée de fichier électoral sans corriger les erreurs et irrégularités décriées. Elle s’est enfermée sans prêter oreille à personne ni aux remarques régulièrement formulées jusqu’à proposer au gouvernement un projet de loi portant sur la répartition du nombre des sièges.
- Monsieur Denis Kadima Kazadi s’est permis de violet intentionnellement la loi en associant ses amis triés arbitrairement, à une parodie d’audit du fichier électoral.
- Le rapport publié jeudi soir par cette coterie d’affairistes, du reste précieux camarades à Denis Kadima n’est pas différent du rapport annuel déposé par la CENI à l’Assemblée nationale.
- Monsieur Denis Kadima Kazadi a été épinglé dans une tentative de détournement pour avoir sur facturé les véhicules exquis pour les membres de son institution. Après quoi il récidivé en acquérant deux appartements d’une valeur de 4 millions de dollars américains à l’Immeuble Congo Trade Center (CTC) à la base d’une dissension entre lui et l’administrateur général de l’Agence nationale des renseignements (ANR) depuis septembre 2022.
- La Mission d’observation électorale de la CENCO et de l’ECC avait recommandé à la CENI de clarifier la question des centres d’inscription non retrouvés sur terrain, documentés par cette mission. Elle lui avait demandé également d’organise des inventaires du matériel électoral sensible commis à l’opération d’identification et d’enrôlement des électeurs. Requête restée lettre morte.
- Toutes les manifestations de l’opposition sont systématiquement réprimées, étouffées, empêchées ou écrasées. Même un simple sit-in de revendication citoyenne sur la clarté recherchée dans la conduite du processus électoral, a été brutalement maté.
- Pendant ce temps, le financement du processus électoral est utilisé comme un business de l’Union Sacrée. Les fonds sont trafiqués et partagés à un niveau élevé pour ne restituer que dès miettes au personnel qui ne fait qu’accumuler des retards de paiement.
La CASE constate que le régime s’empiffre en jetant aux oubliettes les exigences du cycle électoral.
Avec une CENI impure, il est impossible d’espérer une gouvernance électorale exemplaire en République Démocratique du Congo ».
Simaro Ngongo (CP)