Parti dimanche de Pyongyang à bord d’un train blindé, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un est arrivé en Russie, mardi 12 septembre, où il doit parler de sujets « sensibles » avec le président russe Vladimir Poutine, selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cité par l’agence russe Ria Novosti. C’est le premier voyage à l’étranger de Kim Jong Undepuis le début de la pandémie de Covid-19.
Le dirigeant nord-coréen
Kim Jong Un est arrivé mardi en Russie pour une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine qui pourrait, a averti Washington, déboucher sur un accord de vente d’armes pour soutenir l’opération militaire russe en Ukraine.
Les deux hommes doivent parler de « sujets sensibles » dans les jours à venir, selon le porte-parole du Kremlin cité par l’agence russe Ria Novosti.
Parti dimanche soir de Pyongyang à bord d’un train blindé, Kim Jong Un effectue son premier voyage à l’étranger depuis le début de la pandémie de Covid-19. Il avait rencontré pour son dernier voyage à l’étranger M. Poutine à Vladivostok en 2019.
M. Kim devrait le retrouver dans les prochains jours quelque part dans l’Extrême-Orient russe. Moscou n’a précisé ni la date ni le lieu de la rencontre.
M. Poutine se trouve actuellement à Vladivostok, dans la région du Littoral, pour un forum économique annuel qui s’achève mercredi. Mais la rencontre doit avoir lieu dans un autre cadre, selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
M. Peskov a indiqué aux médias russes que les deux dirigeants allaient discuter de sujets « sensibles» sans prêter attention «aux mises en gardes » américaines.
Washington craint que Moscou s’approvisionne en armes pour ses opérations militaires en Ukraine auprès de la Corée du Nord, elle-même sous sanctions à cause de ses programmes nucléaire et de missiles.
«En bâtissant nos relations avec nos voisins, y compris la Corée du Nord, l’important pour nous est l’intérêt de nos deux pays, et pas les mises en gardes de Washington », a-t-il déclaré.
Wagons verts
Le train de M. Kim est entré en Russie et roule dans la région russe du Littoral, frontalière de la Corée du Nord, selon Ria Novosti. Des images de l’agence russe montrent le convoi aux wagons verts foncés tirés sur une voie par une locomotive russe.
Selon le journal sud-coréen ChosunIlbo, au moins 20 heures sont nécessaires pour relier Pyongyang et Vladivostok, en supposant que le train spécial de M. Kim —probablement très lourd— roule à environ 60 km/h.
M. Kim, dont les voyages à l’étranger sont très rares, «est parti en train dimanche après-midi pour visiter la Fédération de Russie », a annoncé mardi l’agence officielle nord-coréenne KCNA.
Le numéro un nord-coréen est accompagné de hauts responsables militaires, parmi lesquels son chef de la défense, son ministre des Affaires étrangères et des responsables de la production d’armes et de la technologie spatiale, selon les médias officiels.
Selon des experts, la rencontre entre MM. Poutine et Kim pourrait porter sur un accord d’armement, car M. Poutine chercherait à acquérir des obus et des missiles antichars auprès de la Corée du Nord.
De son côté, Pyongyang serait en quête de technologies de pointe pour des satellites et des sous-marins à propulsion nucléaire ainsi que d’une aide alimentaire.
Washington a tourné en dérision cette rencontre, y voyant un signe que M. Poutine «supplie » qu’on l’aide à mener à bien ses opérations en Ukraine.
Liens historiques
La Russie et la Corée du Nord ont des liens historiques. Kim Jong Un a fait part à plusieurs reprises à Moscou de son soutien dans le conflit en Ukraine.
Pour Andreï Lankov, expert de la Corée du Nord à l’université Kookmin de Séoul, un sommet Poutine-Kim fait partie d’un «aimable chantage diplomatique » de Moscou envers Séoul, car la Russie veut dissuader les Sud-Coréens de fournir des armes à l’Ukraine.
Séoul est un important exportateur d’équipements militaires et a vendu des chars à la Pologne, alliée de Kiev. Mais sa politique intérieure de longue date lui interdit de fournir des armements à des parties engagées dans des conflits armés.
«La principale préoccupation du gouvernement russe à l’heure actuelle est une éventuelle livraison de munitions sud-coréennes à l’Ukraine, pas seulement une livraison mais de nombreuses livraisons », a poursuivi M. Lankov auprès de l’AFP.
Cheong Seong-chang, chercheur à l’Institut Sejong, estime que si Pyongyang intensifiait sa coopération militaire avec Moscou, «il y aurait une probabilité accrue de conflit prolongé en Ukraine ». Tandis qu’en récompense de son aide à Moscou, «le développement des sous-marins nucléaires et des satellites de reconnaissance de la Corée du Nord pourrait progresser à un rythme plus rapide ».
«La Corée du Nord dispose des munitions dont Poutine a besoin pour sa guerre illégale en Ukraine et Moscou a les technologies sous-marines, balistiques et satellitaires qui peuvent aider Pyongyang à surmonter les défis d’ingénierie imposés par les sanctions économiques », observe Leif-Eric Easley, professeur à l’Université Ewha de Seoul.
Avec AFP