La Commission européenne a dévoilé lundi des prévisions de croissance en 2023 et en 2024 à la baisse. Cette réévaluation est en partie liée aux difficultés économiques de l’Allemagne, plombée par la faiblesse de son industrie et de ses exportations. La France, elle, devrait faire mieux que prévu.
Bruxelles table désormais sur un recul du produit intérieur brut (PIB) de 0,4% cette année en Allemagne, avant un rebond de 1,1% l’an prochain, contre +0,2% et +1,4% attendus jusqu’ici. L’Allemagne souffre de la faiblesse de ses exportations et de son vaste secteur industriel, ses traditionnels points forts.
«Faiblesse persistante de l’industrie »
Les indicateurs de confiance dans l’industrie sont en baisse depuis le début de l’année, en particulier dans les secteurs énergo-intensifs, «durement touchés par le choc des prix de l’énergie » lié à la guerre en Ukraine, a souligné l’exécutif européen dans un rapport publié lundi.
L’économie allemande est également pénalisée par la baisse du pouvoir d’achat des ménages qui affecte la consommation. «Mais la situation pourrait s’améliorer dans les mois qui viennent » et aider au retour de la croissance, a estimé le commissaire européen à l’Economie, Paolo Gentiloni, lors d’une conférence de presse.
Il a reconnu que le pays faisait face à des difficultés «structurelles » qui ne trouveraient de solution qu’à «moyen terme». Cependant, «c’est une économie forte qui a les outils pour se redresser», a-t-il ajouté, rejetant l’expression d’«homme malade de l’Europe » récemment apparue dans plusieurs médias.
Au total, la croissance se poursuit dans la zone euro et dans l’UE, mais à un rythme plus faible que prévu. Pour l’ensemble des 27 pays membres, Bruxelles table désormais sur 0,8% de croissance en 2023 et 1,4% en 2024, soit respectivement 0,2 point et 0,3 point de moins par rapport aux dernières prévisions publiées le 15 mai.
Les derniers indicateurs «laissent entrevoir un ralentissement de l’activité économique au cours de l’été et sur les mois à venir, avec une faiblesse persistante dans l’industrie et une perte de vitesse dans les services, malgré une forte saison touristique dans de nombreuses régions d’Europe», résume l’exécutif bruxellois.
À l’inverse, la France devrait faire mieux que prévu cette année, et ce, grâce à un fort rebond au printemps. La croissance de la deuxième économie européenne a ainsi été revue à la hausse à 1% cette année (+0,3 point). Même chose pour l’Espagne dont la croissance est désormais attendue à 2,2% (+0,3 point).
De son côté, l’inflation poursuit son ralentissement. Bruxelles table désormais sur une hausse moyenne des prix à la consommation de 5,6% en 2023 (-0,2 point, par rapport aux dernières prévisions en mai) et de 2,9% en 2024 (+0,1 point), selon un communiqué publié lundi.
«Les multiples vents contraires auxquels nos économies sont confrontées cette année ont entraîné une dynamique de croissance plus faible que ce que nous avions prévu au printemps», a reconnu le commissaire à l’Economie Paolo Gentiloni, soulignant l’impact de la guerre en Ukraine.
«La guerre brutale de la Russie contre l’Ukraine continue de provoquer non seulement des souffrances humaines, mais aussi des perturbations économiques », a-t-il mis en avant.
La Commission européenne constate que « l’activité économique dans l’UE a été faible au cours du premier semestre », en particulier dans le secteur de la consommation, signe que les prix élevés pèsent plus lourd que prévu dans les prévisions de printemps, malgré la vigueur exceptionnelle du marché du travail, qui a enregistré des taux de chômage record.
Un rebond en 2024
La Commission insiste aussi sur l’impact des hausses de taux d’intérêt décidées par la BCE. Le 14 septembre prochain, la Banque centrale européenne doit déterminer si elle procède à une nouvelle hausse des taux d’intérêt. La conjoncture morose et l’inflation persistante pourraient faire pencher la balance en faveur d’un nouveau relèvement. Depuis juillet 2022, l’institution a relevé neuf fois d’affilée ses taux depuis pour un cumul de 4,25 points de pourcentage.
Or, le fort resserrement monétaire mis en œuvre pour lutter contre l’inflation se traduit par un « net ralentissement de l’octroi de crédits bancaires », réduisant mécaniquement les capacités d’investissement des entreprises et des ménages, rappelle la Commission européenne.
En raison de la faiblesse des performances de la Chine, l’économie européenne ne peut pas compter non plus sur un soutien important des exportations. La poursuite du ralentissement de l’inflation et la résistance du marché de l’emploi devraient toutefois permettre un rebond en 2024.
Avec AFP