Poussée de fièvre à l’Union sacrée, FATSHI : son «monstre» en voie de lui échapper

L’élection des membres du bureau définitif de l’Assemblée nationale samedi 18 mai prochain, suivie de leur installation est au centre d’une contestation sans précédent. Un mécontentement généralisé qui met dangereusement en danger l’existence de l’Union sacrée de la Nation (USN), et vient souligner le caractère hétéroclite d’une Majorité faite de bric et de broc sur laquelle est basé le pouvoir de Félix Tshisekedi. Curieusement, la fronde n’est pas le fait d’une opposition du reste réduite à la portion congrue, mais des députés de la Majorité dont le côté réputé fusionnel autour du chef de l’Etat, leur autorité morale, est en passe de voler en éclats. La pomme de discorde étant le « ticket » des candidats aux six postes du bureau définitif de la chambre basse du Parlement tel que présenté par le présidium de l’Union sacrée, réunie vendredi autour du secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya. Une composition qui fait la part belle aux liens familiaux et à une préférence provinciale qui en révolte plus d’un. Bien plus, la proposition de Christophe Mboso au poste de deuxième vice-président est venue jeter l’huile sur le feu, en ce moment où le rapport explosif d’une ONG crucifie littéralement l’ancien président de l’Assemblée nationale et son homologue du Sénat sortant Modeste Bahati d’avoir englouti en deux ans plus d’un milliard de dollars difficilement retracables. Mais il y a pire : le candidat deuxième vice-président (Mboso) est cité dans le même rapport pour avoir acheté des bus de 30 places surfacturés à plus de 90 mille dollars l’unité. Un dossier argumenté visiblement balayé du revers de main par le présidium de l’USN.   

La perspective de l’élection des membres du bureau définitif de l’Assemblée nationale le samedi 18 mai prochain est entachée par une contestation sans précédent. Ce mécontentement généralisé met en péril l’Union sacrée de la Nation (USN) et souligne les fissures au sein d’une Majorité hétéroclite qui constitue le pilier du pouvoir de Félix Tshisekedi. La fronde, émanant curieusement des députés de la Majorité plutôt que de l’opposition, remet en question l’unité autour du chef de l’État et met en lumière des dissensions internes.

Au cœur de la discorde se trouve la composition du «ticket» des candidats aux six postes du bureau définitif de la chambre basse du Parlement, tel que proposé par le présidium de l’Union sacrée lors d’une réunion présidée par le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya. Cette proposition, marquée par des liens familiaux et une préférence provinciale contestée, a suscité un vif mécontentement parmi les députés.

La nomination de Christophe Mboso au poste de deuxième vice-président a enflammé les esprits, d’autant plus que la publication d’un rapport explosif par une ONG accuse l’ancien président de l’Assemblée nationale et le sénateur sortant Modeste Bahati d’avoir détourné plus d’un milliard de dollars en deux ans, une somme difficilement traçable. De plus, le rapport mentionne que le candidat au poste de deuxième vice-président, Mboso, aurait acquis des bus de 30 places à un prix exorbitant de plus de 90 mille dollars l’unité. Ces allégations, pourtant documentées, semblent avoir été ignorées par le présidium de l’USN.

RETOUR DES FLAMMES

Faut-il croire, de concert avec certains analystes lucides qu’en renversant la Majorité parlementaire en décembre 2020 et avoir initié ce qui est devenu l’Union sacrée de la Nation (USN); qu’en fermant les yeux sur les fraudes massives qui ont entaché le processus électoral de décembre 2023, favorisant l’accession aux institutions législatives de députés nationaux et de sénateurs qui ont réussi le tour de force de faire élire leurs sœurs, épouses et enfants, il a créé un monstre qu’il ne parvient plus à maîtriser ?

Bien plus, le pouvoir sans limite conféré au présidium de l’USN, loin d’apporter une cohésion politique aux premiers jours et mois du second mandat de Félix Tshisekedi, est en train de faire glisser la plateforme vers un nihilisme qui, sans forcément basculer dans l’opposition, et se passer des privilèges, est en train de créer une bulle de négation systématique dans l’hémicycle lors des débats à venir.

DES REACTIONS SANS APPEL

«Je ne comprends pas comment et pourquoi un Président abandonner totalement le pays entre les mains du présidium d’une coalition dont il ne faut pas être une lumière pour comprendre que c’est un conglomérat de voleurs », note le journaliste Litsani Choukran sur son compte X (anciennement Twitter).

La volée de bois vert après la publication du «ticket» de l’USN, comprenant les candidats Vital Kamerhe (président. Sud-Kivu), prof. Tshilumbayi (1er vice-président. Grand Kasai), Christophe Mboso (2ème vice-président. Grand Bandundu), Jacques Djoli (Rapporteur. Grand Equateur), Serge Bahati (Questeur. Sud-Kivu) et Caroline Bemba (Questeur adjoint. Grand Equateur) vient de la présence parmi les candidats du fils de l’ancien président du Sénat (lui-même «multi-élu), de la sœur de Jean-Pierre Bemba et du très controversé Mboso.

Avec un brin d’humour grinçant qui cache mal sa colère, le député USN Fontaine Mangala prévient : «Nous voterons le président Kamerhe, le 1er vice-président Tshilumbayi et le candidat rapporteur adjoint qui sera présenté par l’Opposition. Que les membres du présidium viennent voter pour leurs fils et sœur. Et Mboso va se voter seul ! »

DES LENDEMAINS SOMBRES POUR L’USN

Il n’est pas évident de présager de la suite des événements au cours de la semaine précédant le vote et l’installation du bureau définitif de l’Assemblée nationale. Au mieux, le chef de l’Etat intervient directement et tente de calmer les esprits en rétablissant les équilibres au sein de sa famille politique; au pire, il prend son bâton de pèlerin, s’absente du pays pour une longue tournée à l’étranger et laisse ses supporters se déchirer sur fond d’égos inconciliables, quitte à renvoyer aux calendes grecques le vote du bureau aggravant la crise institutionnelle qui n’aura que trop duré.

Il n’est pas certain non plus que l’Union sacrée, usant de ses pratiques habituelles de corruption des élus parviennent à recoller les morceaux, tant que les «équilibres régionaux» ne seront pas devenus effectifs.

La colère qui gronde au Palais du peuple transparaît dans cette publication du député USN Steve Mbikayi : «Le présidium de l’USN égale se servir et servir les membres des familles biologiques. Si pour le candidat président de l’AN il y a eu élection primaire avec trois candidats imposés, pour d’autres postes du bureau, en véritables égoïstes, les membres du présidium les ont récupérés comme du butin de guerre. A la Questure on place le fils d’un membre du présidium. La sœur d’un autre membre du présidium sera son adjointe. A la 2ème Vice-présidence on impose un membre du quatuor on ne sait sur base de quel critère. Le Sud-Kivu positionne deux membres d’une même tribu. Le Grand Equateur y place aussi deux personnes… ».

La «Haute hiérarchie» de l’USN peut être tentée d’opérer un passage en force des propositions du présidium et imposer un diktat dans la pure tradition de l’UDPS. Dans ce cas, le retour de la manivelle ne se ferait pas attendre, entraînant un clivage durable dans ce qui est encore une Majorité pas très assurée sur ses assises.

Le Monstre est en train de ruer dans les brancards et son maître aurait grandement tort d’attendre qu’il se calme. Peut-être que les beaux jours de l’USN sont en voie de s’installer dans les annales du passé de la tumultueuse démocratie congolaise.

L’avenir de l’USN et la stabilité politique du pays semblent suspendus à la résolution de ces conflits internes et à la capacité des acteurs politiques à restaurer la confiance du peuple congolais.

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