Les émeutes en cours au Kenya depuis plus d’une semaine ont pris le pays et le continent africain au dépourvu. Sans répondre à l’appel d’un quelconque parti politique ou d’une opposition revancharde, le peuple et particulièrement sa jeunesse se sont levés comme un seul homme pour revendiques leurs droits légitimes.
Protestant contre la loi de Finances 2024 qui instaurait des taxes liberticides aux yeux d’un peuple qui connaît une crise sans précédent, le président William Ruto a mis du temps pour se rendre à l’évidence : ses promesses électorales n’ayant pas été tenues, le peuple lui rappelle que le moment est venu de se regarder bien face et, pour lui, de pendre ses responsabilités.
Aux yeux des profanes, instaurer une TVA de 16% sur le pain ou 2,5% annuels sur les véhicules pourrait paraître dérisoire. Mais pour un peuple dont le pays connaît une sécheresse qui met à terre des pans entiers de l’économie dont les cultures de thé et l’élevage, à ceci se sont ajoutées les récentes inondations qui ont fait des dizaines de milliers de sans-abris, c’était jeter de l’huile sur le feu.
Et du feu, il y en a eu : l’ambassade de l’Ouganda incendiée, des pans entiers du parlement mis à sac, tout cela au prix d’une vingtaine de morts à la journée de jeudi. Le peuple a parlé et il a été entendu : le retrait (tardif) de la loi controversée n’y a rien fait. La colère populaire s’est désormais transformée à l’invitation du départ de M. Ruto du pouvoir.
De nouveaux griefs sont par la suite venus s’ajouter aux revendications des manifestants. L’on a ainsi entendu des voix s’élever contre d’une part, l’envoi des troupes kenyanes en République Démocratique du Congo pour mourir pour une cause qui n’est pas la leur. Ou encore s’indigner de l’envoi de 1.000 policiers en Haïti pour faire plaisir aux Etats-Unis où le chef de l’Etat vient d’achever une visite d’Etat triomphale.
Ailleurs en Afrique, ils sont nombreux les peuples qui envient le courage du peuple kényan capable de discerner ses intérêts sans qu’il ne soit poussé par l’un ou l’autre politicien. Pays où la liberté d’expression est relativement tolérée, le Kenya donne ainsi à l’ensemble du continent noir l’exemple d’une Nation mature dans la tradition guerrière de son père de l’indépendance Jomo Kenyatta.
Pour avoir arraché sa liberté de longue lutte contre le colon britannique, le Kenya ne semble pas prêt à croupir sous le joug d’une classe politique de jouisseurs privilégiant les intérêts des puissances occidentales au détriment du développement économico-social de ses populations.
Econews
