La tête dans le sable

L’autruche, c’est connu, est le plus grand oiseau sur terre. Malgré ses coups de bec redoutés des téméraires qui se rapprochent trop de ses poussins, il ne peut voler. L’autruche est pourtant parée sur ses ailes de superbes plumes fort convoitées. Elles font la parure chatoyante et ondulante des danseuses de revue du Moulin Rouge et des manteaux sans prix de toutes les aristocraties du monde. Elles ornent même certaines couronnes royales sur les cinq continents.

L’autruche court si vite que des courses fort courues sont organisées avec des mises mirobolantes. Mais contrairement à son redoutable cousin, le casoar à casque de Nouvelle Guinée qui, d’un coup d’ergot peut éventrer un homme adulte, l’autruche est peureuse. A tel point que sentant venir le danger, elle enfouit sa tête dans le sable, croyant se cacher, bien que le reste de son corps reste bien visible de ses prédateurs. La bêtise de l’autruche viendrait, estiment certains biologistes, de la taille minuscule de son cerveau ; Une anomalie de la nature sur un animal aussi impressionnant.

Un bien étrange comportement qui rappelle celui du pangolin. L’animal, couvert d’écailles elles aussi convoitées pour leur vertu prétendument aphrodisiaque, se roule en boule à l’approche du danger. Les prédateurs n’ont plus qu’à le ramasser.

Ils sont légion les animaux terrestres ou marins au comportement similaire. Il en de même des Etats. L’histoire fourmille d’exemples de royaumes qui ont disparu après avoir ignoré trop longtemps l’imminence des menaces des empires qui convoitaient leur territoire ou leurs richesses.

Disparues aussi les multinationales géantes qui ont contribué à façonner la civilisation de l’ère de la révolution industrielle. Celles qui ont survécu sont celles qui ont su prendre à temps à bras-le-corps les secousses telluriques de la transformation du monde et n’hésitant pas à engager des « hostilités » avec des concurrents aux ambitions démesurées mais quelquefois légitimes.

A force de regarder ailleurs quand le danger est déjà à sa porte; à se gargariser de relations fumeuses avec des voisins qui ont pris votre juste mesure, conduit à une chute brutale. Tomber seul peut faire d’un individu un héros; mais entraîner tout un peuple dans son enfer personnel est démonique.

L’autruche a beau courir telle une fusée terrestre, son destin est forcément de finir en filet ou en gigot sur des barbecues, tandis que ses superbes plumes finiront au Moulin Rouge, sur des casques d’apparat ou sur des manteaux des belles du monde.

Econews