Après l’agression d’un diplomate français : crise diplomatique évitée de justesse entre Kinshasa et Paris 

Entre Kinshasa et Paris, une crise diplomatique a été évitée de justesse, après l’intrusion dans une concession  de la représentation diplomatique française à Kinshasa des éléments de la Police nationale congolaise et de la Police judiciaire des parquets. Reçu lundi à la Cité de l’Union africaine, arrivé fin mandat, l’ambassadeur de France en RDC, Bruno Aubert, en a discuté avec le Président de la République, Félix Tshisekedi. Kinshasa a certes présenté des excuses, mais ce n’est pas pour autant que le dossier a été clos. Selon un communiqué du cabinet du Garde des sceaux, Constant Mutamba, les agents mis en cause ont été déférés devant la Justice.

Une crise diplomatique majeure a été évitée de justesse entre la République Démocratique du Congo (RDC) et la France suite à l’intrusion, il y a peu, d’éléments de la Police nationale congolaise et de la Police judiciaire des parquets dans une concession de l’ambassade française à Kinshasa. Cet incident a suscité de vives inquiétudes et des tensions entre les deux pays, qui ont une longue histoire de relations diplomatiques.

L’ambassadeur de France en RDC, Bruno Aubert, arrivé fin mandat, a été reçu lundi à la Cité de l’Union africaine par le Président de la République, Félix Tshisekedi. Cette rencontre a été l’occasion de discuter de l’incident survenu, qui a été qualifié de préoccupant. Le Président Tshisekedi a exprimé des regrets pour la situation, affirmant que cet événement ne reflète pas l’esprit de coopération et de respect mutuel qui devrait caractériser les relations entre les deux nations.

En effet, des individus, dont des policiers congolais, se sont introduits, le samedi 24 août, sur un site de la représentation diplomatique française à Kinshasa, dans le but d’en faire «déguerpir un diplomate français», a déclaré le ministère de la Justice de RDC dans un communiqué publié le lundi 26 août.

Selon l’AFP, un diplomate français, conseiller de coopération et d’action culturelle, a été séquestré pendant trois heures et frappé. Deux autres diplomates ont été «bousculés, mais sans blessure», a indiqué une source diplomatique. Parmi «les auteurs de cette forfaiture» se trouvent «des éléments de la police nationale et des agents du parquet». «Certains d’entre eux sont déjà aux arrêts», précise le communiqué du ministère, qui «déplore» cet incident.

«Le Chef de l’État et son hôte ont regretté l’incident dont ont été victimes deux diplomates français» ce samedi, «à la suite d’un conflit foncier ayant conduit à une intrusion dans une emprise française», a indiqué la Présidence sur sa page X. Cette emprise, terme qui désigne un lieu relevant d’une représentation diplomatique, est justement le site où l’agression des diplomates a eu lieu. Or la justice congolaise «a statué en faveur de la France l’an passé pour confirmer la propriété française» sur cette emprise «depuis 1972», précise une source diplomatique.

Auparavant, Mme la ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, avait déjà exprimé «son profond regret suite à l’incident, portant atteinte aux conventions internationales », dans un communiqué publié le samedi même.

Ce qu’a d’ailleurs reconnu l’ambassadeur français. «Nous avons évoqué ensemble cette situation et les mesures qui vont être prises, et qui ont déjà été prises pour certaines d’entre elles par les autorités congolaises, pour que ce genre d’évènement ne se reproduise plus», avait déclaré Bruno Aubert, à l’issue d’un entretien avec la cheffe de la diplomatie congolaise, dans une interview diffusée par le ministère.

Au moment où nous bouclons cette édition, nous apprenons, des sources judiciaires, que le Procureur général Jean-Placide Lusamba du Parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe, qui a instrumentalisé des policiers et autres auxiliaires de justice, pour procéder au déguerpissement des diplomates français de leur résidence pour un conflit foncier, vient d’être suspendu de ses fonctions par le CSM (Conseil supérieur de la magistrature).

FIN MANDAT EN RDC

L’audience lui accordée par le Président Tshisekedi était aussi l’occasion pour le diplomate français de faire ses adieux à l’issue de sa mission de trois ans.

«Il était important pour moi de voir le Président de la République, Chef de l’État, dans une circonstance un peu particulière pour moi, qui est la fin d’une mission de trois années dans le pays. Donc, c’était une manière de lui dire au revoir», a déclaré Bruno Aubert, au terme de l’audience.

Au cours de cette rencontre, l’ambassadeur français a dressé un bilan positif des relations entre la France et la RDC durant son mandat. Il a souligné les progrès réalisés dans la coopération bilatérale, qui a permis de renforcer les liens politiques, économiques et culturels entre les deux nations. Cette audience marque la fin d’une étape importante pour le diplomate, dont la mission à Kinshasa a été marquée par un engagement soutenu dans le développement des relations franco-congolaises.

Hugo Tamusa