COP29 : la voix des Nations Unies sur le changement climatique de plus en plus inaudible

Entre querelles politiques, problèmes internes et une « perte de confiance », de nombreux chefs d’État ou de gouvernement ont boycotté la 29ème Conférence des Nations Unies sur le climat (COP29), ouverte lundi 11 novembre à Bakou en Azerbaïdjan.

Le sommet annuel sur le changement climatique est la cible de nombreuses critiques et de nombreux dirigeants mondiaux n’ont pas fait le déplacement.

Après Dubaï en 2023, direction Bakou ! La COP 29 s’est ouverte lundi 11 novembre Mais l’événement phare de la lutte climatique s’ouvre sous un nuage de critiques et de scepticisme croissant. Entre l’inaction de certains pays, l’absence de nombreux dirigeants européens, le retour au pouvoir du climatosceptique Donald Trump aux États-Unis et un pays hôte principal qui est l’un des principaux exportateurs de pétrole et de gaz, l’évènement se lance dans une certaine défiance.

L’Azerbaïdjan, cible des critiques

L’Azerbaïdjan est l’un des plus anciens pays pétroliers et toujours un des plus gros producteurs d’hydrocarbures depuis les années 90. Le gaz et le pétrole, prélevés en eau profonde dans la mer Caspienne, représentent un tiers du PIB du pays et l’essentiel des exportations, selon Franceinfo. L’Azerbaïdjan n’est donc pas vraiment un modèle de la transition énergétique.

Par ailleurs, les relations tendues entre Paris et Bakou sont dues notamment à l’offensive militaire récente de l’Azerbaïdjan contre les séparatistes arméniens du Haut-Karabakh en 2023, fermement condamnée par la France. Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat, aurait d’ailleurs préféré que la COP29 «ne se tienne pas à Bakou», comme elle l’a déclaré.

Allié de Vladimir Poutine et de la Russie, le pays hôte de la COP 29 fait l’objet de vives contestations. Fin octobre, le Parlement européen a adopté une résolution non contraignante dénonçant «la répression qui s’est sensiblement intensifiée dans la perspective de la COP29».

De son côté, le Quai d’Orsay a déconseillé aux ressortissants français de se rendre à Bakou afin de ne pas s’exposer «à un risque d’arrestation, de détention arbitraire et de jugement inéquitable».

Retour de Donald Trump

Autre élément qui vient quelque peu bousculer l’ouverture de cette COP29, la récente élection de Donald Trump. Le monde sait à quoi s’en tenir puisque le 47e président des États-Unis a déjà annoncé qu’il fera sortir son pays des accords de Paris signés en 2015 comme il l’avait déjà fait en 2017. Il ne faudra qu’une signature à Donald Trump, à son entrée à la Maison Blanche le 20 janvier 2025, pour rejoindre l’Iran, le Yémen et la Libye hors de l’accord adopté à Paris par les pays du monde entier. Cet accord est le moteur qui a permis d’infléchir la trajectoire de réchauffement mondial depuis dix ans aux alentours de 3 °C ou moins d’ici 2100, selon les calculs.

Climatosceptique assumé, Trump a qualifié le changement climatique de « canular » par le passé – il prévoit de ralentir la transition énergétique et relancer massivement la production d’énergies fossiles. Des initiatives peu compatibles avec l’esprit de la COP29. «Il ne s’agit pas d’un réchauffement climatique, car à certains moments, la température commence à baisser un peu», a-t-il estimé, en contradiction avec le consensus scientifique.

Les grands absents

Le désintérêt pour ce rendez-vous est flagrant : pour la première fois depuis 2015, Emmanuel Macron, le président français et figure importante des précédentes COP, ne fait pas le déplacement. Une absence remarquée que l’Elysée a tenue à minimiser, expliquant que le chef de l’État ne participait pas systématiquement à toutes les COP.

Néanmoins, la France ne pratiquera pas la «politique de la chaise vide» puisque la ministre Agnès Pannier-Runacher sera présente à Bakou à partir du 21 novembre, date à laquelle les négociations finales débuteront. Hormis Emmanuel Macron, ni le président américain, Joe Biden, ni le chancelier allemand, Olaf Scholz, ne feront le déplacement. Preuve du désintéressement de certains dirigeants mondiaux à l’heure où les contextes géopolitiques brûlent aux quatre coins de la planète.

À la suite d’un traumatisme crânien survenu le mois dernier, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a également annulé son voyage à Bakou, tout comme, précédemment, au sommet des BRICS en Russie. Son pays doit pourtant accueillir la COP30 à Belém l’année prochaine.

Le roi Charles, qui a milité à sa façon en faveur de la protection de l’environnement, ne participera pas non plus au sommet, le gouvernement britannique ayant décidé de ne pas l’élire comme représentant alors qu’il poursuit sa convalescence après un cancer.

Le président russe Vladimir Poutine ne se rendra pas à la conférence des Nations unies sur le climat chez son voisin du sud, et la délégation russe à la COP29 sera dirigée par le Premier ministre Mikhaïl Mishustin.

En octobre, l’ambassadeur ukrainien auprès de l’UE, Vsevolod Chentsov, a déclaré à Politico que la communauté internationale devrait éviter les négociations si M. Poutine y participait.

Le premier ministre canadien Justin Trudeau, le premier ministre indien Narendra Modi, le président chinois Xi Jinping, le sud-africain Cyril Ramaphosa et le premier ministre australien Anthony Albanese manqueront également la conférence sur le climat de cette année.

«Une perte de temps»

Si cette édition de la COP 29 doit se concentrer autour du financement de la transition écologique, notamment en faveur des pays en développement, elle reste néanmoins critiquée pour son faux degré d’engagement et son manque d’impact réel. Le 31 octobre, le ministre des Affaires étrangères de Papouasie-Nouvelle-Guinée, Justin Tkatchenko, a durement critiqué les négociations en les qualifiant de «perte de temps ».

«Il ne sert à rien d’y aller si c’est pour s’endormir à cause du décalage horaire. Parce que nous ne ferons rien», a-t-il déclaré. Son pays boycottera les discussions, pointant du doigt l’inaction des grands émetteurs de gaz à effet de serre, à commencer par… l’Azerbaïdjan.reh.

Econews