Que diras-t-il ?

En cette fin d’année, le rendez-vous est incontournable. Comme le prévoit la Constitution, le Président de la République, Félix Tshisekedi, s’adressera prochainement à la nation devant le Parlement réuni en congrès. Une tradition politique, certes, mais cette fois-ci, l’exercice prend une tournure particulière. Le climat est lourd, la désillusion palpable, et les attentes démesurées. Ce discours ne sera pas qu’une formalité : il représente une opportunité, peut-être la dernière, pour un chef de l’État en quête de réconciliation avec son peuple.

En début de mandat, Félix Tshisekedi incarnait une promesse de rupture avec un passé d’immobilisme et de mauvaise gouvernance. Aujourd’hui, cette promesse semble s’être étiolée face à des défis colossaux et des actions souvent en deçà des attentes. La sécurité demeure un cauchemar pour des millions de Congolais dans l’Est du pays, la pauvreté s’est enracinée davantage, et la corruption gangrène toujours les institutions. Pendant ce temps, la classe politique continue de privilégier ses propres intérêts, alimentant un fossé toujours plus grand entre les gouvernants et les gouvernés.

Le peuple, lui, regarde ce tableau avec amertume. Félix Tshisekedi, qui avait suscité tant d’espoirs, doit aujourd’hui composer avec une opinion publique qui doute de sa capacité à redresser la barre. Le message qu’il adressera sera donc crucial : il ne s’agira pas de convaincre, mais de raviver une flamme vacillante et de redonner à chacun l’envie d’y croire.

Au cœur des débats politiques, le spectre de la révision ou du changement de la Constitution sème le trouble. Est-ce vraiment la priorité pour un pays qui souffre ? Cette question mérite d’être posée, et Félix Tshisekedi devra y répondre sans ambiguïté. Toute velléité de modifier les règles du jeu démocratique pour prolonger son séjour au sommet de l’Etat serait perçue comme une trahison des principes qu’il a promis de défendre.

Le discours attendu ne doit pas se perdre en justifications ou en énumérations de projets. Il doit au contraire s’attaquer aux vraies préoccupations des Congolais : la sécurité, l’emploi, la justice, la vie chère et la lutte contre la corruption. C’est en envoyant des signaux clairs et en posant des actes forts que le Président Tshisekedi peut espérer redonner de la crédibilité à son mandat.

Ce congrès sera aussi un test de leadership. Félix Tshisekedi devra rassurer sans détour, en affirmant sa volonté de servir le peuple avant tout. Cela passe par des engagements concrets, mesurables et immédiats. Mais les mots ne suffiront pas. Les Congolais attendent des actes, et ceux-ci devront suivre rapidement pour traduire les promesses en réalité.

Rassurer, c’est aussi tendre la main à une classe politique fracturée, en appelant à l’unité pour affronter ensemble les défis. Transformer, c’est démontrer que la vision initiale n’était pas qu’un mirage, mais qu’elle peut encore devenir un projet de société ambitieux et inclusif.

En ce mois de décembre, Félix Tshisekedi jouera gros. Son discours ne sera pas simplement une adresse aux parlementaires, mais un appel à la nation tout entière. Dans une RDC où les crises se succèdent et où l’espoir semble se consumer, ce moment devra marquer un tournant.

Il ne s’agira pas de discours pour la postérité, mais d’un message à l’instantanéité vitale, porteur d’actions et de signaux immédiats. Car l’Histoire ne pardonne pas l’inaction. Le peuple congolais, lui, attend toujours que l’homme en qui il a placé ses espoirs se révèle enfin à la hauteur de ses aspirations.

Econews

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