Affaire François Beya : L’heure des arrestations en cascade a sonné !

Plus de doute possible sur ce qu’il faut désormais appeler, «Affaire François Beya», mettant en cause le conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité. Dans un communiqué, lu mardi soir sur les antennes de la télévision nationale (RTNC), la Présidence de la République vient de briser l’omerta en faisant part des «indices suffisamment sérieux» qui pèsent sur François Beya dans une «tentative de déstabilisation des institutions démocratiques». L’ANR (Agence nationale de renseignements) dispose, confirme le communiqué de la Présidence de la République, des éléments probants qui attestent qu’un complot était en gestation contre «la sécurité nationale». Les faits étant désormais établis, on ne pense pas que François Beya se serait engagé seul dans cette démarche. Il doit avoir sûrement bénéficié d’une collaboration des tierces personnes. Depuis janvier 2022, l’ANR tentait déjà de démonter la filière. Des arrestations en cascade sont donc en téléchargement.

On en sait un peu plus sur l’interpellation, suivi de l’arrestation par l’Agence nationale de renseignements (ANR) du tout puissant conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité, François Beya Kasonga. Retenu, depuis le samedi 5 février 2022, dans les locaux de l’ANR, l’inculpé continue cependant à clamer son innocence.

«Il m’a clairement dit n’avoir rien fait, qu’il ne se reproche de rien. Il clame son innocence et attend connaître en détails, les faits qui sont portés contre lui pour lui permettre de mieux se défendre », a posté sur Twitter son avocat, Me Georges Kapi-amba, seul à avoir accès à François Beya.

La Présidence lève la voile

Plus de spéculation possible sur ce qu’il faut désormais appeler, «Affaire François Beya ». Mardi, sur les antennes de la télévision nationale, la Présidence de la République a décidé de sortir de ses gonds par la lecture d’un communiqué qui rétablit les faits.

L’ANR était-elle compétente pour interpeller François Beya ? La Présidence de la République confirme cette compétence.

«La Présidence de la République tient à informer la population concernant les récents événements ayant conduit à l’interpellation du conseiller spécial du chef de l’État en matière de sécurité. Il s’agit d’une affaire relevant de la sûreté de l’État. Une matière de ce genre est de la compétence exclusive de l’Agence nationale de renseignements, ANR. Il n’est pas dans les habitudes de ce service de communiquer de ses activités», pouvait-on lire dans le communiqué lu par le porte-parole du Chef de l’Etat, Kasongo Mwema Yamba Yamba.

Quant à l’interpellation de François Beya, le communiqué ne va pas par quatre chemins. «Toutefois, dans l’état actuel des choses, on peut affirmer que les enquêteurs disposent d’indices sérieux attestant d’agissements contre la sécurité nationale. Les enquêtes se poursuivent et les investigations s’effectuent à différents niveaux ». Et de promettre, au regard de l’évolution des enquêtes : «S’il s’avère nécessaire de communiquer davantage, le gouvernement de la République s’en chargera ».

L’affaire étant désormais suivie de plus près par l’ANR, « La Présidence invite la population à la vigilance et à éviter de donner du crédit aux spéculations mensongères diffusées par des personnes malintentionnées dans les médias et sur les réseaux sociaux». Elle se dit convaincue que «les indices sont suffisamment sérieuses pour donner matière à d’autres considérations du type tribal, clanique ou régionale». Avant de rappeler l’engagement ferme du Chef de l’Etat de protéger le processus démocratique qui a consacré en janvier 2019 la première alternance démocratique dans l’histoire de la 3ème République.

«Le processus démocratique amorcé dans notre pays, par la première passation pacifique du pouvoir en janvier 2019, est un acquis sacré à préserver à tout prix », indique le communiqué. Et de souligner : «Aucune tentative de déstabilisation de nos institutions démocratiques ne sera tolérée».

La situation étant «sous contrôle», la Présidence de la République invite, par conséquent, la population à garder «son calme» et à «vaquer calmement à ses occupations ».

Des arrestations en téléchargement

Cette semaine va connaître un développement exponentiel du dossier François Beya, conseiller spécial du chef de l’État en matière de sécurité.

Interpellé en haut lieu de la sécurité nationale, le « sécurocrate en chef » est détenu depuis samedi dans les locaux de la redoutable Agence nationale de renseignements. Malgré l’humanisation prônée par le Chef de l’Etat, il se constate que cette technostructure sécuritaire fait toujours peur à cause des méthodes et brutalité qui caractérisent souvent ses agents. Pour avoir laissé faire, François Beya lui-même se trouve en face de ses subalternes. Soit !

Selon des indiscrétions, les téléphones du conseiller spécial François Beya sont passés au crible. Chaque appel ou texto est analysé à la loupe. L’ANR tient à obtenir un maximum d’informations pouvant compromettre le chef du Conseil national de sécurité (CNS), le plus grand service de la Présidence de la République. En matière de sécurité, le CNS supervise tout, l’ANR comprise.

Mais, des signes avant-coureurs ont alerté des observateurs. Dès que des attributions ont été retirées au CNS pour l’ANR, tout le monde avait compris qu’il y avait malaise. 

Selon des sources recoupées par Econews, plusieurs personnes vont devoir défiler à l’ANR pour situer le contexte des échanges avec François Beya. Des sociétés de communication sont sollicitées pour mettre à disposition des enregistrements compromettants. Dieu seul sait ce que peut dire un Conseil spécial en matière de sécurité au téléphone. Dieu seul sait aussi que le Conseil spécial peut se donner des espaces de liberté dans ses échanges pour appâter ou pousser ses interlocuteurs à se dévoiler.

Vu les circonstances, tout risque d’être mis à charge de François Beya qui a fourbi ses armes dans les renseignements. Étant donné les contours sécuritaires de l’affaire, il est quasiment certain que la liste des personnes à interroger sera longue. A ce stade, les enquêteurs se réservent de citer des noms. Mais, selon une source, de nombreuses personnalités civiles et militaires sont sous haute et discrète surveillance. Toute tentative de se soustraire sera considérée comme preuve à charge, donnant lieu à une arrestation immédiate.

La majorité des gens fichés par les services des renseignements vit désormais dans une prison à ciel ouvert, parce que les révélations des contenus des téléphones pourraient pousser les enquêteurs à passer à l’acte à tout moment.

Il est clair que toutes les rumeurs sur des arrestations qui auraient été opérées depuis samedi ne sont pas fondées. «Il n’y a pas de fumée sans feu», dit-on. A ce stade, seul, le conseiller spécial François Beya est en détention.

Dans le box des accusés, il n’est pas exclu que la liste s’allonge dans les tout prochains jours.

Econews