Affaire Kabund : L’UDPS jette l’éponge et renvoie la balle à Tshisekedi

L’affaire Kabund, embarrasse terriblement l’UDPS, le parti présidentiel. Démissionnaire, vendredi par un tweet, de son poste de 1er vice-président de l’Assemblée nationale, avant de se rétracter par la suite, le sort de Jean-Marc Kabund-a-Kabund est une patate chaude pour le parti présidentiel. Réuni samedi à Kinshasa autour d’Augustin Kabuya, le bureau politique de l’UDPS n’est pas parvenu à lever une option, préférant se référer au Chef de l’Etat pour une probable issue finale. «La primeur est réservée à la hiérarchie », a dit, sans autre précision, Augustin Kabuya, au terme de cette réunion stratégique. Entre-temps, au sein de l’UDPS, des fissures sont bien visibles. Deux camps se sont dès lors formés, opposant les pro Kabund à ceux qui ne jurent que par son départ, autant de la présidence du parti que du poste de 1er vice-président de l’Assemblée nationale. Une semaine après le feuilleton, le dernier mot revient enfin à Félix Tshisekedi. Quoi que Président de la République, une fonction qui le place au-dessus de tout courant, Tshisekedi doit néanmoins  intervenir pour sauver le navire UDPS, apparemment en dérive.

Le malaise est profond au sein du parti présidentiel, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). La démission de Jean-Marc Kabund, son président ad intérim, à travers un message posté sur Twitter, a tétanisé le parti historique d’opposition congolaise qui expérimente la gestion du pouvoir d’Etat sans convaincre. Aussi curieux que cela puisse paraître l’énigme Kabund donne des tournis à la hiérarchie de ce parti politique.

Samedi, toutes les sources ont confirmé la présence des présidents des groupes parlementaires de l’Union sacrée de la nation à la cité de l’Unité africaine pour un tête-à-tête avec le maître des lieux au sujet de la démission virtuelle de Jean-Marc Kabund-a-Kabund. Ce monstre créé par la magie de l’UDPS est devenu incontournable. Le parti présidentiel, qui connaît la capacité de nuisance de son président a.i., est entré dans une phase où elle est incapable de faire quoi que ce soit. Kabund le sait très bien au point que le chantage a pris la forme la plus indélicate qui soit.

Tout le monde est mis en position inconfortable. A commencer par le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi. En ayant délivré un mandat spécial au président a.i., une création ex-nihilo parce que n’existant pas dans les statuts du parti, il s’était lui-même tendu un piège. Ce piège s’est renfermé sur lui, en faisant de lui l’otage de sa création. Aujourd’hui, Félix Tshisekedi ne peut pas démettre Jean-Marc Kabund. Il n’en a pas le pouvoir. Sauf s’immiscer directement dans la gestion quotidienne d’un fait privé et donc entrer en contradiction flagrante avec les attributs d’un Président de la République.

Le mandat spécial octroyé à Kabund va courir jusqu’à l’organisation d’un congrès ou la prise d’un acte contraire par une instance qualifiée. Dans ce cas, c’est seul le Président Tshisekedi qui est habilité à prendre cette décision. Kabund le sait. Il surfe autour de cet inconfort du Chef de l’Etat pour jouer les prolongations. D’ou, la difficulté pour le Chef de l’Etat de recevoir les groupes parlementaires de l’Union sacrée. Leur position étant connue, les recevoir reviendrait à avaliser cette prise de position.

Par ailleurs, l’UDPS, qui sait qu’elle est bloquée parce que les statuts n’ont pas été scrupuleusement respectés, ne s’est pas hasardé à prendre position. Malgré une longue réunion des cadres, samedi autour de son secrétaire général a.i., Augustin Kabuya, aucune position n’a été donnée.

Pour contourner la difficulté, Augustin Kabuya a trouvé la pirouette : la primeur des conclusions de cette réunion est réservée au Chef de l’Etat. Débat clos avec les journalistes, mais des analystes politiques en font leur affaire. Leur conclusion est sans appel : Kabund est le seul maître dans le dénouement de cette crise.

A la manière de Vital Kamerhe avec le président Joseph Kabila, le président a.i. de l’UDPS, Jean-Marc Kabund entend être le maître de l’horloge. Il ne démissionnera pas, surtout pas sous pression de l’UDPS ou du Chef de l’État. Kabund sait très bien que le Président Tshisekedi et l’UDPS ne pousseront pas le bouchon plus, au risque de fragiliser le parti.

Comme une arête accrochée sur la gorge, se débarrasser de Kabund ne passe pour une partie de plaisir au sein de l’UDPS. Entre relacher la pression pour sa démission ou passer l’éponge sur cet épilogue, l’UDPS doit faire le choix.

Kabund fera très mal, en plus de tout le mal qu’il a déjà imposé à son propre pouvoir, celui de l’UDPS. Sa maladresse a plongé l’UDPS dans une crise dont elle ne se relèvera pas de sitôt.

Econews