«Affaire Mwangachuchu» : mardi 21 mars, début du grand déballage à la Haute Cour militaire

C’est un grand poisson qui est tombé dans les filets de la justice militaire congolaise. Il s’agit du député national, élu de Masisi, dans la province du Nord-Kivu, Edouard Mwangachuchu. Dans les milieux spécialisés, il est présenté comme le magnat du coltan, propriétaire d’une Société minière de Bisunzu (SMB), qui détient le monopole de l’exploitation de cette matière semi-précieuse dans la cité de Rubaya, reconnue capitale mondiale du coltan. Depuis quelques jours, l’élu du Nord-Kivu est dans le collimateur de la justice militaire. Plusieurs griefs, allant jusqu’à l’atteinte à la sûreté de l’Etat, pèsent sur lui. Mardi à Kinshasa, la Haute Cour militaire s’est déclarée compétente à le juger, se fixant la date du 21 mars prochain pour le début du grand déballage. L’affaire Mwangachuchu est ce grand arbre qui cache la forêt. A la Haute Cour militaire, on est donc prêt à crever l’abcès pour faire toute la lumière sur les activités obscures qui se cachent derrière cet élu national du Nord-Kivu.
Le député national, Edouard Mwangachuchu, élu de la province du Nord-Kivu, sera finalement jugé. Ainsi, en a décidé, mardi 14 mars, la Haute Cour militaire qui s’est déclarée, par conséquent, compétente de l’entendre pour tous les griefs retenus contre lui.
En levant l’option de juger cet élu du Nord-Kivu, la Haute Cour militaire s’attaque à une grande montagne. Il s’agit de crever l’abcès pour découvrir, enfin, ce qui se cache derrière les vastes réseaux que cet élu national a tissé en une vingtaine d’années d’activités dans les mines du Nord-Kivu, spécialement dans la filière du coltan.
A la tête de la société minière, SMB, Edouard Mwanga-chuchu est présenté comme un magnat de l’industrie mondiale du coltan où il contrôle la plus importante réserve mondiale de cette matière dans le Nord-Kivu. A Rubaya, localité du Nord-Kivu, présenté comme la capitale mondiale du coltan, Edouard Mwangachuchu a tissé un vaste réseau dont les tentacules s’étendent jusqu’au-delà des frontières de la RDC.
Ce sont tous ces secrets bien gardés que la Haute Cour militaire promet de mettre au grand jour à partir de ce mardi 21 mars 2023.
La phase de l’instruction étant bouclée, la Haute Cour militaire devait maintenant s’attaquer au fond de cette affaire.
Le député national Edouard Mwangachuchu et le commissaire principal Robert Mushamaliwa Balike (gardien de sa résidence à Goma, au Nord-Kivu), sont poursuivis pour participation à un mouvement insurrectionnel, détention sans titre ni droit des armes et munitions de guerre, incitation des militaires à commettre des actes contraires au devoir ou à la discipline, trahison, atteinte à la sûreté de l’Etat et association de malfaiteurs.
A l’audience d’ouverture tenue vendredi 3 mars 2023, le ministère public avait présenté les faits de la cause selon lesquels le député Mwangachuchu a été arrêté le 1er mars 2023, à l’issue de la perquisition opérée dans sa résidence, dans la commune de Gombe à Kinshasa.
Sur place, les services de renseignements ont saisi 42 munitions d’arme GP 9 mm, une gaine de revolver GP, 2 matraques électriques, 11 clés USB, des cassettes audio, des ordinateurs, des dictaphones, des talkies-walkies motorola, etc.
Le député se trouvait dans la capitale au moment des faits. Il a été appréhendé par les services de sécurité et aussitôt présenté devant la Haute cour militaire. Les charges sont lourdes : «trahison», «atteinte à la sûreté de l’État», «participation à un mouvement insurrectionnel», «association de malfaiteurs» et «incitation à commettre des actes contraires à la discipline».
Patron de la Société minière de Bisunzu (SMB), l’homme a plusieurs fois été accusé par ses adversaires politiques d’entretenir une milice privée, qui serait responsable de l’insécurité dans le Masisi, son fief électoral. C’est une force locale d’autodéfense qui a découvert les armes. Selon eux l’arsenal serait destiné au M23.

Hugo Tamusa