Aléas de la «diplomatie du maïs»

«Si tu me donnes un poisson, je mangerai un jour; mais si tu m’apprends à pêcher, je n’aurai plus jamais faim». C’est certainement le proverbe le plus connu de tous les élèves africains et de leurs géniteurs qui les avaient précédés sur les bancs des écoles du continent. L’aphorisme chinois en a fait transpirer plus d’un au cours de laborieuses dissertations aux dernières années du cycle supérieur du secondaire.
Transposée aux réalités congolaises, la maxime confu-céenne rappelle à s’y méprendre à la récente expédition d’une forte délégation ministérielle en Zambie et en Afrique du Sud, à la recherche de farine de maïs, cette denrée vitale qui fait cruellement défaut ces derniers temps dans les provinces de l’ex-Katanga et de l’espace kasaïen. Le gouvernement congolais, qui privilégie des solutions à impact immédiat et – partant éphémères – s’en allé solliciter une assistance qui a étonné plus d’un observateur dans ces pays d’Afrique australe.
La mission, rapportent certaines sources, se serait soldée par un échec relatif. La Zambie évoquant des récoltes de maïs grevées par une mauvaise pluviométrie, tandis que Pretoria s’excusait poliment, le gros de ses exportations de maïs ayant été précommandées par trois pays d’Afrique de l’Ouest. Bon prince cependant, les fermiers sud-africains sont disposés à fournir à la RD Congo des semences améliorées destinées à l’agriculture congolaise.
L’on n’est pas loin de l’adage chinois, sauf que dans le cas d’espèce, il ne s’agit pas de pêche, mais d’agriculture. La méga-mission aura compris que ses interlocuteurs venaient de lui administrer la leçon selon laquelle, si tu me donnes de la farine de maïs, je mangerai en quelques jours; mais si tu m’apprends à cultiver, je n’aurai plus jamais faim et ne viendrai plus mendier du grain chez toi.
La ‘‘diplomatie du maïs’’ sur laquelle une armée d’internautes n’en finit pas de gloser ayant montré ses limites, les 80 millions d’hectares de terres arables tant vantés dans les discours officiels dans des sommets et colloques ne demandent qu’à être mis en valeur.
La réflexion devant porter sur une politique agricole réaliste et l’encouragement du secteur privé par des mesures incitatives et une fiscalité moins contraignante. Ce faisant, les générations futures seront dispensées de la gêne de leurs institutions obligées de mener une politique de la main perpétuellement tendue.