Après Bujumbura, Tshisekedi met le cap sur Malabo, en Guinée équatoriale

Le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema s’est battu pour la tenue dans son pays d’un sommet de l’Union africaine (UA) dédié aux questions humanitaires. Finalement, il a obtenu gain de cause. Malabo abrite ces assisses du 25 au 27 mai 2022. Après trois jours de voyage au Burundi, le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a confirmé sa participation à Malabo.
L’Union africaine organise un sommet humanitaire et une Conférence des donateurs, du 25 au 27 mai 2022 à Malabo (Guinée équatoriale). Le sommet se tient à l’invitation du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, en sa qualité de leader désigné pour la promotion du thème 2019 de l’UA, «Année des réfugiés, des rapatriés et des déplacés internes : Vers des solutions durables aux déplacements forcés en Afrique» et de Macky Sall, président de la République du Sénégal, en sa qualité du président de l’UA.
Le sommet humanitaire de 2022 et la Conférence des donateurs se penchent sur les efforts déployés par les dirigeants africains pour faire face aux défis humanitaires actuels auxquels l’Afrique est confrontée, défis exacerbés par les impacts socio-économiques de la pandémie de Covid-19 et des catastrophes à travers le continent, identifieront des solutions durables et viables pour relever les défis actuels, notamment des solutions qui contribuent au redressement post-conflit et au lien entre la paix et le développement.
La République Démocratique du Congo, qui prend part à ce sommet, sera représenté au plus haut niveau par le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
C’est dire qu’après trois jours passés dernièrement au Burundi, le Président de la République reprend les airs pour marquer la présence de la RDC à ces assises.

Examiner les causes profondes des conflits et de l’instabilité politique
Les pays membres de l’UA devraient profiter de ce sommet pour s’engager à traiter des questions de droits humains qui sous-tendent les conflits armés et les bouleversements politiques sur le continent africain, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.
Le sommet de Malabo se déroule dans un contexte marqué par cinq coups d’État survenus en Afrique depuis 2021, par des insurrections islamistes au Cameroun, au Mozambique, en République centrafricaine, en Somalie et au Sahel, et par une impunité généralisée pour les violations des droits humains commises par les forces de sécurité gouvernementales.
Le sommet doit débuter le même jour que la Journée de l’Afrique, qui commémore la fondation, en 1963, de l’Organisation de l’unité africaine, qui a précédé l’UA. Le sommet est l’occasion pour les dirigeants du continent de s’attaquer à la répression politique persistante, à l’impunité endémique, au non-respect des limites constitutionnelles des mandats et au truquage des élections.
«Le sommet de l’UA devrait honorer ses promesses de février en analysant les liens qui existent d’une part, entre les violations des droits humains, et d’autre part, les insurrections et coups d’État en Afrique », a déclaré Carine Kaneza Nantulya, directrice du plaidoyer pour l’Afrique à Human Rights Watch.
À Malabo, les dirigeants africains devraient aussi réfléchir à la mise en place et au renforcement d’opérations de lutte contre le terrorisme dotées de mécanismes intégrés de surveillance des droits humains et d’information sur ces derniers. Ils devraient également s’engager à renforcer les institutions judiciaires afin qu’elles puissent enquêter sur les violations présumées de ces droits et poursuivre les responsables en justice.
«L’UA devrait reconnaître que les abus commis des gouvernements sont un facteur clé dans les crises endémiques, et requièrent des approches audacieuses », a déclaré Carine Kaneza Nantulya, arguant que « les droits humains devraient être placés au cœur des solutions régionales pour le Sahel et pour d’autres crises »
Les membres de l’UA devraient aussi s’attaquer à la question du déficit démocratique et aux problèmes liés à la corruption, à l’impunité, à la limitation des mandats et à la nécessité d’organiser des élections libres et équitables, qui ont nui au développement et encouragé des changements de gouvernement qui privent les citoyens africains du droit de choisir leurs dirigeants.
Il y a près de 60 ans, en créant l’Organisation de l’unité africaine, les dirigeants africains ont décidé d’ancrer leur vision de liberté et de dignité humaine dans une institution panafricaine, qui est aujourd’hui l’Union africaine. Au moment où les dirigeants africains réfléchissent sur les nombreux progrès réalisés depuis 1963, ils devraient prêter une attention particulière, pour y répondre, aux nouvelles formes de répression étatique que sont l’utilisation d’équipements de surveillance de masse, le blocage de l’accès à l’aide humanitaire, la fermeture délibérée d’Internet ou encore le refus des demandes d’accès à l’information.
«L’UA devrait s’attaquer de toute urgence à la répression de plus en plus impitoyable exercée contre la dissidence et l’opposition politique par les gouvernements autocratiques, laquelle alimente les crises politiques à travers l’Afrique», a conclu Carine Kaneza Nantulya. «L’UA devrait prendre des mesures pour inverser ces tendances qui sont autant de revers graves pour les progrès durement acquis en matière de justice, de responsabilité et d’État de droit, et agir en conséquence. Sinon, ceux qui, comme le fondateur de l’OUA Julius Nyerere, affirment que l’UA est un club d’autocrates et non une institution du peuple africain, auront bientôt raison ».

Hugo Tamusa