Après le cuivre, le zinc et le cobalt, la Chine est au cœur de la bataille pour le contrôle du lithium de Manono

PCA de Zijin

Que veut en réalité l’entreprise chinoise Zijin Mining Company chez la Congolaise de l’exploitation minière (Cominière SA) et chez Dathcom Mining? Qui sont les acteurs clés d’une OPA (offre publique d’achat) hostile, aux allures d’un braquage toxique, lancée contre les actions de la Cominière, une entreprise du Portefeuille de l’Etat ? Décryptage.

« La Chine d’abord, le peuple congolais ignoré ». C’est le moins que l’on puisse dire au regard de la forte présence de la Chine sur les mines de la République Démocratique du Congo (RDC). Dans le secteur minier, les entreprises chinoises – à ne pas confondre avec l’Etat chinois – ont véritablement une longueur d’avance. Elles contrôlent les filières les plus juteuses de l’industrie minière, notamment dans lesecteur de cuivre, cobalt et zinc, autant à Kamoa-Kakula et Kipushi Company avec Ivanhoe Mines, à la Compagnie Minière de Musonoie avec Gécamines qu’à la Sicomines, entreprise née du contrat signé en 2008 entre l’Etat congolais et le GEC (Groupement des entreprises chinoises). Dans le secteur minier de la RDC, la présence chinoise est marquée par un acteur difficilement identifiable.

Après avoir réussi à neutraliser l’Entreprise générale de Cobalt, il contrôle désormais les filières cuivre et cobalt de l’artisanat minier, sous le nom de code « SOLEIL », ce « Chinois de Kolwezi » réputé être vrai le roi de l’artisanat minier dans le Haut-Katanga et le Lualaba, selon la LICOCO (Ligue congolaise de lutte contre la corruption) qui a fait une enquête dans les deux provinces, en collaboration avec l’Agence présidentielle de lutte contre la corruption (APLC).

Avec des complices congolais, membres des institutions de la République, Zijin Mining Company – c’est d’elle qu’il s’agit – n’investit jamais dans l’exploration et les recherches minières, mais excelle dans les violations des lois de la République et veut aider la Chine à faire main basse sur le lithium de Manono, dans la province du Tanganyika, grâce à des Congolais de service et non patriotes intéressés par l’enrichissement illicite et le bradage des ressources naturelles de la RDC.

De Perth à Manono : remake Max Pro 1.0 de la bataille pour le contrôle de KML à KCC

Après avoir échoué dans l’achat de plusieurs actions boursières d’AVZ à la bourse d’Australie à Perth. Après également avoir échoué dans sa pression sur d’autres entreprises chinoises actionnaires, notamment Huayou et CATHL, afin d’entrer, par effraction, dans l’actionnariat de Dathcom Mining en achetant irrégulièrement des actions de la Cominière SA pour contrôler le plus grand gisement du lithium du monde. Après avoir tout aussi échoué dans sa tentative d’acheter directement 15% de Cominière SA dans Dathcom Mining SA, contournant le droit de préemption de AVZ Minerals, Zijin Mining Company a décidé de procéder à son offre malicieuse et toxique, qui est en réalité une OPA (Offre Publique d’Achat) criminelle et politique, soutenue autant par l’ambassadeur de Chine en RDC qu’aux politiques congolais, particulièrement  Mme la ministre du Portefeuille, Adèle Kayinda, en collusion avec quelques dignitaires politiques membres de l’Union pour la Nation Congolaise, bien connus dans les milieux des miniers.

Des sources concordantes rapportent qu’on est en train de revivre le feuilleton que Glencore fit subit au Groupe Forrest pour le contrôle de Katanga Mining Limited et Kamoto Copper Company (KCC de Kolwezi), il y a une dizaine d’années, avec, comme toujours, le soutien des politiques, bien placés dans le cercle du pouvoir en place à Kinshasa.

L’escarmouche d’AJN Resources de Klaus Eckoff en 2020 chez Sokimo

Cependant, des experts du secteur minier sont d’avis que l’OPA de Zijin Mining Company rappelle le  braquage, opéré en 2009, des actifs miniers du Canado-australien First Quantum Minerals (FQM).

Des années après, certains acteurs officiels de l’administration des Mines n’ont pas changé de méthodes, bien qu’une OPA similaire par la société allemande et canadienne AJN Resources de Klaus Eckoff ait été étouffée en 2020 sur les actifs de Sokimo pour lever 20 millions de dollars canadiens Grâce à la vigilance de la Société civile du secteur des ressources naturelles et des médias membres de la coalition « TOUS POUR LA RDC », ce hold-up a échoué.

Les Etats-Unis et le Canada s’interposent

A ce jour, les Chinois ont mis la main sur les mines de la RDC. Et les Etats Unis d’Amérique et le Canada sont farouchement opposés au contrôle chinois de la chaine d’approvisionnement du lithium. Ce qui retarde la mise en œuvre du projet de lithium de Manono.

En effet, des experts sont d’avis que permettre à Zijin de réussir son OPA sur les 15% de Cominière SA dans Dathcom Mining pour la modique somme de 33,4 millions de dollars, malgré les dénonciations de l’IGF en lui donnant la partie Nord du Permis d’exploitation de Dathcom Mining, comme largement relayé dans la presse congolaise, renvoie à saper les efforts du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, contre la corruption, le bradage des actifs miniers et l’assainissement du secteur selon sa vision. Mais c’est surtout opposer le Gouvernement de la République et le Président Tshisekedi à l’administration américaine et au gouvernement canadien qui ne veulent pas que la Chine contrôle les minerais critiques, principalement le lithium et les terres rares, après avoir mis la main sur le cobalt et le cuivre de la RDC.

La Cominière SA et tous les officiels supporters de Zijin doivent faire des recherches approfondies sur le Décret signé en 2022 par le Président américain Biden et les mesures prises par le gouvernement canadien de Trudeau contre les entreprises chinoises et à capitaux chinois. A ce propos, Kinshasa devra éviter de mettre les Occidentaux sur le dos du Président de la République qui fait un travail remarquable d’assainissement du secteur minier

Tous les officiels membres de la coalition parlementaire et gouvernementale doivent éviter de répéter contre Félix-Antoine Tshisekedi ce que la bande de feu Katumba (certains sont encore en poste à des services stratégiques du ministère des mines) avait fait chez First Quantum Minerals (FQM) et chez Kamoto Copper Company (KCC) en mettant sur le dos de Joseph Kabila en 2009-2010 les canadiens et les européens à la veille des élections générales au pays.

La cuivre et le cobalt échappent déjà au contrôle de la RDC. Il ne faudrait pas Kinshasa commette la même erreur sur le lithium en ouvrant le secteur à la Chine, via Zijin Mining Company qui contrôle déjà plus de 90% du cuivre et du cobalt de la RDC, via la Sicomines, TFM, Kamoa, Compagnie Minière de Musonoie, Ruashi Mining, AMC Kinsevere, Huachin Mabenda, etc.

Qui sont les acteurs-clés du braquage de Zijin contre le lithium de Manono, Dathcom Mining et AVZ Minerals?

La question semble banale ou vulgaire mais elle est plutôt importante, voire fondamentale. La réponse va aider à comprendre tout ce qui se passe dans le secteur minier de la RDC et les enjeux géostratégiques, car les acteurs de ce qui se ressemble à un jeu d’échecs ou le Stratego, dans le modèle de « Qui perd gagne », se recrutent dans plusieurs cercles et à plusieurs niveaux du pouvoir.

Après enquêtes, recoupements des données et témoignages, analyse des documents divers, la suite de nos publications s’y penche.

En guise de mémoire, l’histoire se souviendra que le 20 mai 2022, le média international Citya.m parlait déjà « d’un complot chinois pour prendre le contrôle de la mine de lithium congolaise ».

Ce média affirmait, dans sa publication aux allures prémonitoires, ceci : « Un complot d’une coalition de puissants fabricants chinois de batteries, visant à prendre le contrôle de la plus grande mine de lithium au monde, menace de faire chuter le cours de l’action de la société minière australienne AVZ Minerals, a déclaré un mystérieux vendeur à découvert. AVZ Minerals pourrait perdre le contrôle de la mine de lithium de Manono en République démocratique du Congo (RDC) et se retrouver avec une participation minoritaire de 36%…, si un complot dirigé par l’homme d’affaires chinois Simon Cong réussit, a déclaré Boatman Capital Research dans un nouveau rapport. Le rapport intervient au milieu d’une bataille pour le contrôle de la mine DRC entre AVZ Minerals et le mineur chinois Zijin Mining, qui a vu AVZ suspendre volontairement la négociation de ses propres actions à la Bourse australienne. Dans son nouveau rapport, Boatman Capital Research affirme qu’AVZ est ‘’délibérément évincé du projet Manono… ».

Simon Congo est le chinois, appelé Cong Mao Huai, connu comme propriétaire de Fleuve-Congo Hôtel à Kinshasa, propriétaire ou gestionnaire de la SOPECO qui gère les principaux péages de la RDC. C’est également la tête d’affiche de Dathomir (actionnaire avec la famille de Guy Loando Mboyo dans Dathcom Mining), dénoncée dans le rapport de l’IGF sur Cominière SA. C’est aussi la tête d’affiche de sociétés minières HongKong Excellent Mining Investment Congo et de HongKong Yisen (dans laquelle le nom de Guy Loando figurait parmi les actionnaires selon les documents consultés par les enquêteurs), ayant bénéficié de façon irrégulière et mystérieuse des permis miniers de Dathcom Mining, selon les rapports de l’Inspection Générale des Finances (IGF) de 2022 et du Conseil Supérieur du Portefeuille de 2021.

Il y a donc une grande maffia autour du lithium de Manono. Une fois de plus, c’est la RDC qui est en train d’être flouée – sur toute la ligne d’ailleurs. La faute est à ceux qui disposent d’une parcelle du pouvoir pour engager la République.

Dossier à suivre.

Enquête menée par des ONGs et Plateformes de la Société civile congolaise (CDH, CERN/CENCO, ESPOIR ONGD, JUSTICIA, MAX IMPACT, LICOCO, POM, RCEN, RND, TPAMC, TOUS POUR LA RDC) et les médias Congo Nouveau, EcoNews, Leaders et Mining News Magazine