Après une semaine des discussions à Kinshasa, le FMI indique la voie à suivre : «l’amélioration de la gouvernance reste une pierre angulaire du programme»

C’est par une note de satisfaction que l’équipe du département Afrique du Fonds monétaire international a bouclé mercredi la première revue du programme triennal en juillet 2021. Le communiqué publié à l’issue de cette revue rapporte que l’équipe du FMI et les autorités congolaise sont parvenues à un accord au niveau des services sur la première revue au titre de l’accord de facilité élargie de crédit (FEC) de trois ans. Les plans visant à stimuler l’investissement public et les dépenses sociales dépendent crucialement d’efforts soutenus pour augmenter les recettes, réduire les dépenses non prioritaires et garantir une utilisation efficace et transparente des fonds publics, y compris l’allocation des DTS.

Le FMI note que « les autorités (Ndlr : congolaises) restent déterminées à constituer des réserves pour se prémunir contre les chocs externes, à améliorer la gouvernance et le climat des affaires et à renforcer la transparence, y compris dans le secteur minier ».

Pour garantir le succès ce programme, le FMI rappelle que « l’amélioration de la gouvernance reste une pierre angulaire du programme, avec un accent soutenu sur le renforcement de la gestion des ressources extractives; l’amélioration de la transparence, de la redevabilité et de l’efficacité dans la gestion des finances publiques ; la lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent ».

Communiqué du FMI à l’issue de sa mission en RDC

Une équipe du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par Mme Mercedes Vera Martin, a mené des discussions virtuelles (4-13 octobre) et des réunions avec les autorités à Kinshasa du 20 au 27 octobre, pour la première revue de l’accord triennal au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC).

Au terme de la mission, Mme Vera Martin a fait la déclaration suivante :

«À la suite de discussions productives, les autorités de la République Démocratique du Congo et l’équipe du FMI sont parvenues à un accord au niveau des services en vue de la conclusion de la première revue au titre de l’accord FEC, sous réserve de l’approbation de la direction du FMI. L’examen par le Conseil d’administration du FMI est attendu en décembre 2021.

Malgré la persistance de la pandémie de Covid-19, l’économie se redresse; la croissance pour 2021-2022 a été révisée à la hausse à 5,4% et 6,2% respectivement, soutenue par une production minière plus élevée que prévu et un rebond de la croissance des secteurs non extractifs. L’inflation est restée ancrée autour de 5%. Les évolutions externes plus favorables qu’anticipé, soutenues par les prix élevés des matières premières, ont permis une augmentation significative des réserves internationales brutes à 3,3 milliards de dollars à la mi-octobre 2021 (contre 0,8 milliard de dollars fin 2020). Cela reflète des achats de devises plus proactifs par la banque centrale et l’allocation générale de DTS reçue fin août. L’augmentation des recettes fiscales a permis des dépenses supplémentaires, principalement d’investissement, sans remettre en cause la cible de déficit budgétaire pour la fin 2021.

L’équipe du FMI et les autorités ont discuté du projet de budget 2022 afin de garantir les objectifs clés du programme. Outre des projections de recettes réalistes, le budget prévoit une augmentation des investissements publics, qui seront financés en partie par l’utilisation partielle de l’allocation de DTS. Alors que la capacité et la gouvernance des institutions chargées de la mise en œuvre, du suivi et de l’exécution des projets sont en cours de renforcement, des garanties supplémentaires pour promouvoir une utilisation efficace et transparente des fonds sont nécessaires. Le déficit anticipé, qui devrait se creuser, restera conforme aux objectifs du programme.

Renforcer la mobilisation des recettes reste un objectif clé qui doit être soutenu par des progrès continus dans les réformes fiscales, y compris la modernisation et la numérisation de l’administration fiscale, l’amélioration du respect des obligations fiscales, le rétablissement du bon fonctionnement du système de TVA, la mise en œuvre du système de traçabilité des droits d’accise et la rationalisation des dépenses fiscales et des charges non fiscales. Les autorités se sont également engagées à améliorer la gestion des finances publiques pour limiter les dépenses non prioritaires, notamment en respectant la chaîne des dépenses, en contrôlant la masse salariale et en limitant les coûts budgétaires liés à la tarification des carburants. Ceci est crucial pour créer de l’espace pour les dépenses favorisant la croissance dans des secteurs prioritaires tels que la santé, l’éducation et les infrastructures.

La Banque centrale du Congo (BCC) a engagé des réformes ambitieuses renforçant son indépendance. Le programme reste ancré sur la non-dépendance au financement de la banque centrale, ce qui doit contribuer à maintenir une inflation faible et stable. À court terme, les réformes se concentreront sur la régularisation de l’encours du crédit à l’État et la révision du cadre des réserves obligatoires. La BCC s’est également engagée à renforcer les garanties et la gouvernance, notamment en améliorant son processus d’audit interne. Le projet de loi sur les banques commerciales, qui doit être soumis au Parlement d’ici fin novembre, contribuera à renforcer les cadres prudentiels de réglementation et de surveillance, ainsi que la formulation de la prévention et de la résolution des crises.

L’amélioration de la gouvernance reste une pierre angulaire du programme, avec un accent continu sur le renforcement de la gestion des ressources extractives; l’amélioration de la transparence, de la redevabilité et de l’efficacité dans la gestion des finances publiques; la lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent. Les autorités travaillent sur des amendements à la loi sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, pour répondre aux recommandations standard internationales, ainsi qu’à des amendements au cadre de la déclaration de patrimoine conformément à l’article 99 de la Constitution.

Faire avancer les réformes structurelles est essentiel pour soutenir la reprise et promouvoir une croissance plus élevée et plus inclusive. Le succès du programme dépend de politiques macroéconomiques prudentes et d’un climat des affaires amélioré pour attirer les investissements privés.

La mission a rencontré le président du Sénat Modeste Bahati Lukwebo, le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, le ministre d’Etat et du Budget Aimé Boji, le ministre des Finances Nicolas Kazadi, le ministre des entreprises publiques Adèle Kahinda Mayina, la gouverneure de la BCC Malangu Kabedi Mbuyi, d’autres hauts fonctionnaires, des partenaires au développement et des représentants du secteur privé. La mission remercie les autorités congolaises pour leur étroite coopération et des discussions ouvertes ».

Econews