Avec qui Tshisekedi affrontera la présidentielle de 2023 ?

En 2023, c’est sous pavillon USN (Union sacrée de la nation) que le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, s’alignera à la présidentielle. C’est une certitude. Si dans la forme, la plateforme électorale du Président de la République ne fait l’ombre d’aucun doute, il y a cependant de doute sur les personnalités qui devraient l’accompagner dans ce sprint électoral. Car, au sein de l’USN, certains, à l’instar de Moïse Katumbi Chapwe d’Ensemble pour la République, ne cache pas leurs ambitions présidentielles. Plus loin, si on devait s’en tenir aux prescrits de l’accord de Nairobi, le tout fraichement acquitté Vital Kamerhe peut tout autant surprendre en brandissant le deal qui le lie à Félix Tshisekedi. A moins de deux ans de la présidentielle de 2023, il y a donc une question qui se pose : avec qui Félix Tshisekedi ira-t-il à la reconquête d’un second mandat présidentiel ?
Va-t-il s’engager en solitaire dans la bataille électorale de 2023 ou avec des alliés capables de lui apporter le soutien qu’il faut? Au portillon du Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, on peut dire qu’il y a bousculade. Mais, tout ce qui produit des bruits n’apporte pas toujours des voix aux urnes. Il est question pour le Président Tshisekedi d’opérer un casting payant plutôt que de s’encombrer d’alliés qui ne serviront pas à grand-chose.
Il est vrai que toutes les voix sont à capitaliser pour gagner. Mais, il existe aussi des voix toxiques pour lesquelles la victoire peut se transformer en défaite.
Félix-Antoine Tshisekedi, candidat déclaré à sa propre succession, doit donc préparer une monture de la victoire. Cela se construit puisque en face, on ne lui prépare pas un tapis rouge. Son bilan sera analysé et les points faibles épinglés pour le descendre de sa position actuelle. Et des impairs du pouvoir Tshisekedi ne sont pas à chercher. Ils viennent à vous eux-mêmes parce que les principaux acteurs ne savent pas bien se tenir ni valoriser les réalisations du régime. Ils prêtent eux-mêmes le flanc à la critique en se comportant exactement comme ceux qu’ils avaient combattus hier.
N’empêche que le Président Tshisekedi va affronter cette échéance avec un peu plus de sérénité puisqu’il maîtrise les méandres de l’organisation des scrutins en sa qualité de garant du bon fonctionnement des institutions. Des informations en sa possession ne sont pas nécessairement connues des autres protagonistes de cette course électorale à plusieurs inconnues et surprises.
Tshisekedi peut, par exemple, sonder les populations sur les autres candidats ainsi que des alliés. N’a-t-il pas à sa disposition les moyens et services de l’Etat? Peut-on lui priver d’entrer en contact avec des informations privées de ses concurrents ou des personnes qui généraient ses stratégies pour rempiler ? Que non !
Tshisekedi est aujourd’hui l’homme le mieux informé du pays de par sa position à la tête de l’Etat. Il peut manipuler, il peut orienter à sa guise des décisions majeures du pays. Tout cela n’est possible que dans le cadre de la loi. Fort heureusement, rien n’indique à ce stade que le Président de la République va se départir de cette obligation républicaine du respect strict de la Constitution et des lois de la République. Inutile d’y revenir d’ailleurs.

Bemba : l’allié inconditionnel
En 2023, il y a d’abord Jean-Pierre Bemba. Cet ancien vice-président de la République est considéré comme l’un des leaders ayant pignon sur rue, notamment dans le Grand Equateur et une partie de la Grande Province orientale. Le fils de Jeannot Bemba Saolona a aussi un ancrage réel dans le Kongo central et à Kinshasa où ses apparitions publiques ont toujours drainé des foules. Son alliance avec le président Tshisekedi s’est davantage consolidée au détriment de sa proximité avec le populaire ex-gouverneur du Grand Katanga, Moïse Katumbi.
A ce propos, le mot d’ordre de vote de Jean-Pierre Bemba a la chance d’être suivi à plus de 70% par des électeurs de ses fiefs.
Autant dire que le président-candidat peut compter sur cet allié qui démontre chaque jour qu’il va s’effacer pour le Chef de l’Etat. D’ailleurs, ses dernières déclarations à Libenge sont considérées comme une campagne électorale avant l’heure. Pour le rassurer, le Président de la République et la majorité Union sacrée de la nation ont voté une loi électorale qui lui permet d’être de nouveau candidat à un mandat électif. C’est tout !
Une caution que le président Tshisekedi lui fait totalement confiance.
Le passé tumultueux entre le MLC, son parti politique, et l’UDPS de Tshisekedi semble être révolu. Tshisekedi compte déjà disposer de deux fiefs sûrs : l’Equateur et son Kasaï natal.
Toujours à l’Equateur, Tshisekedi compte également sur le très populaire ministre Guy Loando. Le jeune millionnaire, selon plusieurs témoignages, mouille la chemise pour gagner des voix en faveur du Chef de l’Etat.
Philanthrope en dehors de ses charges ministérielles, il multiplie des actions de terrain, se rend incontournable et surtout ne laisse de l’espace à personne d’autre sur le terrain. Tant bien que mal, il a l’avantage de se faire accepter par des jeunes de plus en plus exigeant qui se reconnaissent en lui.

Les défis de l’Est : Bahati Vs Kamerhe
C’est dans l’Est du pays que généralement les voix décisives permettent de sortir un Chef de l’Etat en République Démocratique du Congo. Les trois précédents électoraux (2006, 2011 et 2018) ont démontré que si tu as l’Est du pays, tu pourrais devenir Président de la République dans un scrutin à un seul tour.
En 2018, c’était une exception. Et d’ailleurs, la contestation qui s’en était suivie en l’absence du territoire de Beni est la preuve que tout ne s’était pas passé dans les normes!
La nouvelle donne en présence est que dans l’Est de la RDC, aucun leader ne peut en revendiquer le monopole. Il y a désormais Vital Kamerhe qui est de retour sur la scène politique et aussi Modeste Bahati, le président du Sénat, qui a rejoint les rangs de l’Union sacrée de la nation. Cela fait que deux coqs sont dans la basse cour, l’un devant soit s’aligner, soit débarrassé le plancher.
Entre les pros Kamerhe et les pros Bahati, la guerre est totale parce que chacun tient à exister après les élections qui arrivent. Tous les deux ne partagent-ils pas la même province, le Sud-Kivu ? L’électorat de cette province ne va-t-elle pas délimiter l’importance de l’un et de l’autre?
La guerre totale que se livrent ces deux leaders est la parfaite illustration de ce qui pourrait faire la force ou la faiblesse de Tshisekedi. En plus du Sud-Kivu, les deux leaders doivent apporter la preuve de leur rayonnement au-delà de leur fief naturel. C’est ce qui fera la décision.

Et l’UDPS?
Qu’en est-il alors de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) ? Présentée comme la machine politique du Président de la République, l’UDPS ne semble pas suivre l’évolution du tempo politique imprimé par l’impératif d’organiser des élections à tous les niveaux. Des observateurs ont l’impression que l’UDPS est en train de perdre de sa superbe. Ce parti des masses ne semble pas s’adapter à l’exercice du pouvoir. La preuve est donnée par l’absence de stratégie de conservation du pouvoir par des urnes. On ne voit pas comment le parti au pouvoir s’organise pour se doter de plusieurs élus.
Il serait dommage que l’UDPS refasse le spectacle de laisser tomber certaines circonscriptions faute de candidats. Une situation qui se dessine à l’horizon à cause de la faiblesse du leadership du parti au pouvoir porté par son secrétaire général Augustin Kabuya en mal d’inspiration. La tâche semble le dépasser.
Avec le retour sur la scène politique de Vital Kamerhe, il y a de fortes chances que Jean-Marc Kabund-a-Kabund, l’enfant désormais banni de l’UDPS, ne se lance dans la débauche de certains de ses anciens compagnons. La donne Kabund doit être prise au sérieux. C’est un prédateur politique qui n’hésiterait pas à égratigner dans l’UDPS. Question de se venger, sans doute.
Le Président Tshisekedi devra compter un peu plus sur des alliés que sur son propre parti politique. Sauf sursaut ! 2023 se prépare maintenant – pas plus tard !

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