Candidat à la présidentielle de 2023 : Matata Ponyo dévoile son plan pour l’émergence de la RDC

Economiste, ancien Premier ministre et ancien membre influent du parti politique de l’ex-président Joseph Kabila, Augustin Matata Ponyo Mapon est désormais candidat à la présidentielle de 2023 en RDC. Son projet politique, ses alliances, ses démêlées judiciaires, Matata Ponyo Mapon s’est confié, depuis Kinshasa, à TV5 Monde. C’est par des «réformes courageuses » qu’il compte amener la RDC à l’émergence, une fois élu au terme de la présidentielle de 2023.
Alors vous avez été compagnon de route du parti de l’ancien président Joseph Kabila pendant des années, aujourd’hui vous êtes candidat à la présidentielle pour votre propre parti, est-ce que vous pouvez nous dire si vous avez pris officiellement vos distances avec Joseph Kabila ?
Bien, comme vous le savez Madame, c’est depuis janvier 2021 que j’avais pris la décision de quitter, à la fois, le PPRD, qui était donc le parti dont j’étais membre, mais aussi, je suis sorti du FCC qui est le regroupement politique dont fait partie le PPRD, et je l’ai fait en harmonie avec les organes dirigeants, mais aussi en harmonie avec le président Kabila qui est en fait l’autorité morale, à la fois, du PPRD et du FCC.

Qu’est-ce qui vous a conduit à prendre vos distances avec le parti de Joseph Kabila après avoir été un des caciques de son régime ?
Je suis parti du Gouvernement à fin décembre 2016 et je suis resté membre de ce parti jusqu’à fin décembre 2020, parce que j’ai quitté le parti en janvier 2021. Mais, c’était pour des raisons de convenance personnelle. Comme vous le savez, lorsque vous êtes dans un parti ou dans une famille politique, il faut y jouer un rôle qui vous convient, qui vous permet de vous épanouir. Je pense qu’il y avait des conditions telles que mon épanouissement, à la fois, politique et intellectuel n’était plus garanti.

Alors, vous êtes économiste de formation, vous avez été Premier ministre, on vous reconnaît d’avoir su améliorer les indicateurs macroéconomiques du pays. Aujourd’hui, quel est votre plan économique et social pour changer la vie des congolais si vous devenez Président de la République ? Sur quel pilier souhaitez-vous vous appuyer ?
Ecoutez madame, l’idéologie de notre parti est fondée sur la sociale démocratie, c’est-à-dire notre action de politique économique sera fondée sur le principe de libre-entreprise, un certain capitalisme qui favorise les activités du secteur privé qui constitue en effet le moteur de la croissance économique, d’une part, mais de l’autre, nous devons essayer de privilégier aussi la promotion des secteurs sociaux, comme l’éducation, comme la santé, pour permettre de bâtir des fondations des secteurs porteurs de croissance.
S’agissant de notre projet de développement, l’objectif sera, d’ici trente ans, de pouvoir atteindre le niveau d’une économie émergente. Et donc, les actions que nous comptons mettre en œuvre aussitôt que nous sommes élus en 2023, si cela se réalisait, c’est pouvoir se lancer dans des réformes courageuses, tout à fait comme nous l’avons fait au cours de notre passage à la Primature.

Vous nous parlez de macroéconomie qui est reconnue comme votre compétence principale, et pourtant quand vous étiez aux affaires, on a pu vous reprocher d’avoir travaillé sur les indicateurs économiques, mais que finalement le petit peuple de la RDC n’en voyait les traces. Si vous devenez Président de la République, c’est le sens de ma question, que souhaitez-vous faire pour le peuple de RDC ?
Madame, il ne faut pas tomber dans le piège de ces vendeurs du vent qui vous disent que la macroéconomie n’était pas visible dans l’assiette du congolais moyen, non ! Je vous donne des indicateurs précis. En 2014, le PNUD qui calcule l’indice de développement humain (IDH) reconnaît que la RDC a fait un bon qualitatif de 11 points, ceci veut dire, en d’autres termes, que les réformes que nous avons entreprises, la gestion du cadre macroéconomique ont eu un impact sur le secteur social. Parce que, comme vous le savez, l’indice de développement humain, c’est un indice composite dans lequel vous retrouvez l’accès à l’eau potable, l’accès à l’électricité, etc.

Et donc c’est ce sur quoi vous souhaitez travailler si vous arrivez aux affaires. Peut-être une question de respect de temps, mais je voudrais qu’on aborde la question de vos démêlées judicaires. Vous êtes accusé par l’IGF de détournement de centaines de millions de dollars américains pour la construction d’un parc agro-industriel. D’ailleurs, en ce moment, vous ne pouvez pas quitter la RDC, la Cour constitutionnelle s’est déclarée incompétente pour vous juger, ce qui ne signifie pas que vous êtes coupable ou innocent. Question assez directe, est-ce qu’il n’aurait pas été bon d’attendre que vous soyez totalement lavé de tout soupçon avant de vous déclarer pour une candidature à la présidentielle en RDC ?
Je pense qu’il ne faut pas tomber dans le piège de tous ces amoureux du folklore, parce que la Cour constitutionnelle a rendu son arrêt et la Cour s’est déclarée incompétente pour juger un ancien Premier ministre. La Cour s’est référée à la Constitution de la République qui indique très bien que la Cour constitutionnelle est le juge pénal du Premier ministre en fonction et du Président de la République en fonction. Et donc, lorsque la Cour constitutionnelle se déclare incompétente, de fait elle clôt l’ensemble des procédures judiciaires qui étaient émises à mon endroit, etc.

Et donc sans que l’affaire de fond n’ait été jugée ?
L’affaire de fond n’a pas été jugée parce que le droit ne peut pas permettre qu’un examen de fond soit fait sur la base de l’illégalité. Parce qu’on ne peut pas juger quelqu’un sur la base de la volonté humaine, mais on doit juger quelqu’un sur la base de la Constitution et des textes légaux.

M. Matata Ponyo, ce sera ma dernière question, nous sommes au terme de notre entretien. Vous avez eu un tête-à-tête avec Martin Fayulu de LAMUKA, donc opposant au Président Félix Tshisekedi, est-ce qu’une alliance entre vos deux formations est en préparation ? En quelques mots.
Ecoutez, c’est une question que nous allons examiner. Nous nous connaissons très bien avec Martin Fayulu, de longue date. Nous nous apprécions mutuellement. Et là, c’était une rencontre pour faire le tour d’horizon des questions de l’opposition dont il fait partie depuis de longues années et de l’opposition que je rejoins. Donc il était question de faire le point de l’ensemble des questions. Le sujet d’alliance ou de coalition, ce sont des questions qui seront examinées à l’avenir. Mais pour le moment, c’était juste faire le point de la situation de l’opposition.
Interview de TV5 Monde retranscrite par T. Masiala