C’est la République Démocratique du Congo qui a des terres à réclamer au Rwanda, et non le contraire

La guerre d’agression imposée par le Rwanda à la République Démocratique du Congo n’est rien d’autre qu’une guerre de conquête. L’idée, selon laquelle le Rwanda aurait des terres à récupérer sur le territoire congolais, n’est qu’une contre-vérité. La République Démocratique du Congo n’est pas à la base de la réduction de l’espace du Rwanda. La première carte de l’Etat Indépendant du Congo démontre qu’une partie du territoire congolais de la propriété privée du roi des Belges fut cédée au Rwanda à la suite d’une convention et d’un protocole passés entre l’Allemagne et l’EIC. C’est au contraire le Rwanda qui a des terres à restituer à la RDC, pas le contraire.
Il existe un mythe du grand Rwanda qui s’est développé dans la région des grands lacs et qui, depuis la fin des années 90, nourris un imaginaire susceptible de pérenniser le climat de violence existant dans la partie Est de la RDC.
A partir de la manipulation des mythes anciens, on prétend qu’il aurait existé naguère un grand Rwanda qui englobait les espaces actuelles du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Et que ce «grand Rwanda» aurait combattu, puis réduit à des portions congrues lors de la conquête coloniale. Cette nouvelle situation aurait été adoptée à la conférence de Berlin, puis après les indépendances par le deuxième sommet de l’OUA en 1964 qui optait sur le principe de l’intangibilité des frontières.
On comprend alors que cette soi-disant reconstitution du passé puisse alimenter des velléités hégémoniques du présent en vue de l’accaparement éventuel d’une partie des terres congolaises.
En ce qui concerne la frontière rwando-congolaise, la situation ne souffre d’aucune ambigüité.
S’il faut revenir sur la première carte de la région au 1er août 1885, «c’est le Congo qui a des terres à récupérer au Rwanda et pas le contraire», car sur cette carte initiale, la partie occidentale du Rwanda était congolaise.
C’est l’expédition du conte allemand Van Gudson, faisant la découverte du Lac Kivu en 1884, qui permis la réouverture des négociations qui aboutirent à la signature de la convention du 11 août 1910, à la suite d’une convention et d’un protocole passés entre l’Allemagne et l’Etat Indépendant du Congo (EIC), une partie du territoire congolais de la propriété privée du roi des Belges fut cédée au Rwanda.
En effet, de 1895 à 1910, la frontière dans la région de la Ruzizi-Kivu, entre l’État Indépendant du Congo, puis le Congo belge, et l’Afrique orientale allemande, est le sujet d’un différend frontalier. Le Congo revendique comme frontière celle définie par la déclaration de neutralité de 1885. L’Allemagne, en tant que puissance militaire, désirait déplacer la frontière vers l’ouest afin qu’elle corresponde au cours de la rivière Ruzizi et aux rives du lac Kivu.
L’Etat indépendant du Congo ne souhaitait pas abandonner cette région à l’Allemagne qu’il occupait.
La révolte de l’expédition Dhanis, en 1896, avait pour conséquence d’obliger l’EIC à abandonner ses positions dans la Ruzizi-Kivu. L’Allemagne en profitera pour s’installer sur le terrain qu’elle revendique.
De retour dans la région fin 1899, les officiers congolais sont contraints de négocier pour se réinstaller de l’autre côté de la rivière. La région litigieuse est placée sous un statut spécial où l’Allemagne jouissait des droits de souveraineté tant qu’une solution diplomatique définitive n’aboutissait pas. L’État Indépendant Congo de Léopold II est contraint à négocier, mais aucun accord ne se dégage.
En 1908, la Belgique hérite du litige en même temps que le Congo. Consciente de sa position d’infériorité et de son besoin d’appui sur la scène internationale, elle décide de satisfaire l’Allemagne. La frontière orientale est réglée au cours d’une conférence en 1910 entre la Belgique, l’Allemagne et la Grande-Bretagne.
L’Allemagne, en tant que puissance militaire à l’époque, personne ne pouvait lui refuser quelque chose. Elle pouvait tout exiger et tout obtenir. C’est donc au Rwanda de restituer à la République Démocratique du Congo les terres qui lui appartenaient et non le contraire. Ces terres ont été arbitrairement cédées à la colonie allemande.
Il faut donc noter qu’aucun centimètre carré des territoires Rwanda-Urundi ne fut annexé par l’EIC.
Voilà une raison valable de ne pas comprendre l’intervention rwandaise, sous la bénédiction de certaines capitales occidentales, dans la partie Est de la République Démocratique du Congo.
L’histoire ne sera jamais altérée. S’il y a des terres à restituer, c’est au Rwanda de le faire et non la RDC.
La vérité étant têtue, elle finira par triompher.

Tighana MASIALA