Chute du dollar face au franc congolais : les mesures courageuses annoncées par Nicolas Kazadi portent des fruits !

En l’espace d’un week-end, le franc congolais a amorcé une remontée spectaculaire face à la devise américaine de référence. Alors qu’elle se négociait encore, 48 heures plus tôt, à plus de 2.500 FC à la vente et près de 2.700 FC à l’achat pour un (1) dollar américain, la devise nationale a brusquement relevé la tête, bousculant toutes les prévisions qui la voyait déjà flirtant avec la barre de 3.000 FC le dollar US à très brève échéance. Si certains détracteurs du Gouvernement voient dans l’appréciation du franc congolais un simple effet passager, la réalité est moins prosaïque. Elle est le fait d’une politique monétaire bien pensée, s’articulant autour de plusieurs axes dont la stimulation de la consommation intérieure et, par dessus tout, l’obligation faite tant aux particuliers qu’aux entreprises de s’acquitter de leurs impôts, droits et redevances en monnaie locale exclusivement. Le ministre des Finances, Nicolas Kazadi Kadima-Nzuji, qui s’est investi dans ce combat récolte donc les fruits de ses efforts. Vendredi en Conseil des ministres, le Gouvernement a promis de maintenir le cap pour raffermir davantage le franc congolais sur le marché des changes.

A la mi-journée ce dimanche 30 juillet, sur les grandes places de change de la ville de Kinshasa, l’appréciation continue du franc congolais face au dollar US était perceptible. A Kanda-Kanda, Kintambo, Pascal, Lemba, voire Masina, le taux de change de la devise national, le franc congolais, par rapport au dollar américain fluctuait d’heure en heure, passant sous la barre de 2.300 FC. A ce détail près : les demandeurs de la devise américaine se faisaient rares.

Nicolas Kazadi, le plus heureux

Au Gouvernement, on se frotte les mains, pourtant que les «mesures urgentes », adoptées récemment par le Gouvernement, portent déjà les fruits. Bien évidemment, le plus heureux d’entre tous, c’est bel et bien le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, qui a cru, dur comme fer, à la pertinence de ces mesures, mettant un dispositif de coordination des actions entre le Gouvernement et la Banque Centrale du Congo, pour ne pas se disperser.

Le ministre des Finances avait d’ores et déjà annoncé les couleurs. Lors d’un récent briefing de presse, en compagnie du ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, le ministre Nicolas Kazadi avait déjà planté le décor, rappelant une série de mesures drastiques, adoptées de commun accord avec le Président de la République  en vue du raffermissement de la devise nationale dont la dépréciation impacte négativement le pouvoir d’achat des ménages à revenu faible, entraînant les prix intérieurs à la hausse.

La thérapie de choc envisagée par l’autorité mo-nétaire reposait sur une batterie de mesures qui incluait, entre autres, l’obligation de payer l’impôt en monnaie nationale, mesure destinée à renflouer le Trésor public et à réduire de manière progressive la pression exercée sur l’économie nationale par une dollarisation outrancière.

Redoubler d’efforts

Si une certaine accalmie gagne déjà le marché des changes, le Gouvernement ne pense pas dormir sur ses lauriers. Ainsi, vendredi en Conseil des ministres, l’évolution de la situation récente sur le marché des changes ainsi que des biens et services a été en très bonne place dans les délibérations.

Intervenant en tant qu’invitée, Mme la gouverneure de la Banque Centrale du Congo a fait le point de la conjoncture économique du pays dans un contexte où l’environnement économique mondial reste, note-t-elle, marqué par «les incertitudes quant à la trajectoire de l’inflation et par la faiblesse et l’inégalité des perspectives de croissance à moyen terme ».

Selon la gouverneure de la BCC, l’évolution de la conjoncture économique de la RDC a eu pour principaux facteurs explicatifs : «le ralentissement du rythme de formation des prix après une forte accélération enregistrée la semaine précédente; l’appréciation de la monnaie nationale sur le marché parallèle, sur fond de la mise en œuvre des mesures de stabilisation annoncées; et la vente de devises d’un import de 150 millions USD par la Banque Centrale, en vue de lisser les fluctuations du taux de change et d’atténuer les tensions sur le marché des biens et services ».

A cet effet, la BCC a noté qu’après une forte accélération observée la semaine précédente, «le rythme de formation des prix a fortement ralenti au cours de la troisième semaine du mois de juillet 2023. L’inflation hebdomadaire est passée de 4% à 0,2% d’une semaine à l’autre», soulignant que, sur le marché des changes, il a été observé «une appréciation du franc congolais, alors qu’à l’interbancaire, une légère dépréciation a été enregistrée».

A la Banque Centrale, on est convaincu que «cette évolution encourageante tant sur le marché des biens et services que celui des changes résulte de la mise en application efficace des mesures coordonnées entre la Banque Centrale du Congo et le Gouvernement, à travers le ministère des Finances».

Quoi qu’il en soit, les turbulences passagères qui ont affecté le marché des changes n’ont pas perturbé les prévisions de croissance, se félicite la BCC.

Selon Mme la gouve-rneure de la BCC, «les projections de croissance demeurent à 6,8% pour 2023, contre 8,9% en 2022, reflétant le dynamisme du secteur extractif ».

Au Gouvernement, tout comme au Gouvernement, particulièrement au ministère des Finances, on se veut prudent.

Ainsi, face aux facteurs de risques internes liés à la persistance des pressions sur les dépenses publiques, à l’accroissement de la liquidité bancaire et à la volatilité du taux de change sur les deux segments du marché, Mme la gouverneure de la BCC a réitéré le maintien des mesures de stabilisation prises antérieures, dont les effets sont bien visibles depuis quelques jours. Il s’agit notamment de : «l’arrêt des paiements en cash au guichet de la Banque Centrale du Congo; le resserrement de la politique budgétaire tout en veillant davantage à la qualité de la dépense ; le resserrement du dispositif de la politique monétaire par la Banque Centrale du Congo ; la poursuite des interventions de la Banque Centrale du Congo sur le marché des changes pour renforcer l’offre des devises ».

Un technocrate à la pointe

«En une semaine, le franc congolais s’est apprécié de 15% face au dollar US. Le Chef de l’État continuera à veiller à la stricte application des mesures prises pour renforcer la monnaie locale face aux devises étrangères afin de préserver le pouvoir d’achat de la population», a repris sur son compte twitter Mme Tina Salama, porte-parole du Président de la République.

Il faut reconnaître que ce raffermissement de la monnaie nationale n’est pas le fait d’une génération spontanée. C’est la résultante d’une coordination d’actions qui part du ministère des Finances jusqu’à la Banque Centrale du Congo.

Autant jeter des fleurs au ministre des Finances, Nicolas Kazadi, qui a réussi à trouver la bonne dose en calibrant les mesures au regard de l’urgence. Sa discrétion et sa modestie légendaire, pour une fois, mérite d’être mis de côté pour le mettre sous la lumière, parce qu’il a pris le risque de prendre le devant en annonçant des mesures qui pouvaient marcher ou ne pas marcher, c’était un couteau à double tranchant. Il a vu juste, car le marché des changes a fini par s’ajuster, entrainant une chute livre du «roi dollar » face au franc congolais.

Prémonitoire, le ministre Nicolas Kazadi a vu juste, défendant, en technocrate aguerri, des mesures urgentes pour corriger les torsions sur le marché des changes. Il n’est pas à son premier coup de maître.

L’on se rappelle qu’en 2021, à l’époque du scandale du double paiement sur le compte du Trésor, le ministère des Finances avait déjà préconisé la fin des paiements aux guichets de la BCC. Ce qui avait levé des hostilités au sein du ministère des Finances où les comptables publics étaient contre ladite mesure mais aussi les bénéficiaires de différents paiements.

La dernière chute du franc congolais a finalement donné raison au ministre des Finances, obligeant le Gouvernement à règlementer davantage les paiements aux guichets de la BCC. Il a donc suffi que le Chef de l’Etat s’interpose pour que tous s’alignent à une mesure que Nicolas Kazadi avait déjà en 2021.

«Chassez le naturel, il revient au galop», dit-on.

En cette matière, Nicolas Kazadi a vu juste. Le repli du dollar américain sur le marché en est une parfaite illustration.

Econews