Concertation entre Gouvernement et bailleurs : la sempiternelle question de capacité d’absorption revient au galop 

Le Gouvernement et le groupe de bailleurs

Depuis la reprise de la coopération structurelle avec divers partenaires au développement, la République Démocratique du Congo fait preuve d’une faible capacité d’absorption des fonds mis à sa disposition. Lundi à Kinshasa, Gouvernement et bailleurs de fonds étaient autour d’une table pour en faire le point. A ce jour, plus de 10 milliards USD sont à la disposition de la RDC en termes des projets et programmes; une enveloppe que le pays ne sait pas valoriser.
A l’initiative du ministère des Finances, il s’est tenu, le lundi 25 septembre 2023, à Kinshasa, sous la direction du Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, une réunion de concertation entre les membres du Gouvernement et les partenaires techniques et financiers sur les défis liés à l’exécution des projets.
Que retenir de cette réunion, censée servir de cadre entre le Gouvernement et les partenaires pour faire le point de la coopération entre les deux parties. Pour la réunion du lundi 25 septembre, l’on retiendra que, de l’avis du ministre des Finances, Nicolas Kazadi, sous le leadership du Président de la République Félix Tshisekedi, la RDC a fait d’énormes progrès en mobilisant ces dernières années d’importantes ressources de ses partenaires pour financer des projets et programmes pour son développement.
«Le total cumulé des financements alloués aux projets et programmes par quatre des principaux bailleurs multilatéraux, principalement la Banque mondiale, la BAD, la BADEA et le FIDA, est passé de 3 milliards fin 2020 à plus de 10 milliards d’USD en 2023. Mais, la capacité d’absorption reste très faible », a indiqué le ministère des Finances sur son compte X (ex-twitter).

L’appel du Premier ministre
Dans son mot de circonstances, le Premier ministre Sama Lukonde a appelé les partenaires techniques et financiers de la RDC à mettre sur pied des modèles innovants dans les financements des projets en vue de concilier «croissance, financement et impact réel dans le vécu quotidien du peuple congolais ».
S’inscrivant dans la dynamique de l’engagement pris par le Président de la République, lors de son premier discours sur l’état de la Nation, le 13 décembre 2019, c’est-à-dire celui d’accélérer plusieurs projets de développement en faveur des populations congolaises, notamment ceux financés par les bailleurs, le Premier ministre Sama a fait remarquer que «le Gouvernement œuvre à renforcer les financements extérieurs de haute qualité, mobilisés en quantité requise, gérés efficacement, et affectés aux priorités nationales essentielles pour le développement durable de notre pays ».
Dans tous les cas, il est d’avis que l’atteinte des résultats de développement des projets est tributaire d’une gestion efficace et efficiente des financements extérieurs. Ce qui, selon lui, implique «la responsabilité partagée entre le Gouvernement et les partenaires financiers, d’une part, le gouvernement et ses démembrements, d’autre part».
Pour le Premier ministre, ces derniers ont un rôle majeur à jouer dans la mise en œuvre des projets alignés par la politique du gouvernement dans leurs secteurs. C’est, dit-il, dans cette optique d’accroître la croissance et promouvoir le développement durable nécessaire à l’amélioration de la qualité du cadre de vie de la population, à l’accès aux services sociaux de base, que son gouvernement s’est doté d’un cadre rénové pour une gestion efficace des projets d’investissement public ». Aussi, a-t-il invité les uns et les autres au respect du décret n° 23/18 du 31 mars 2023 portant sur la gestion des investissements publics qui reste, note-t-il, «un cadre de référence, qui définit les principales règles d’identification, de préparation, de sélection, et d’évaluation des projets. Il précise également les règles de mise en œuvre et de suivi de l’exécution des projets et encadre le processus de clôture des projets ainsi que de leur évaluation.
Le Premier ministre est aussi revenu sur les attributions des ministères telles que fixées par l’ordonnance n° 22/003 du 07 janvier 2022, rappelant que le ministère du Plan «s’assure, entre autres, que les objectifs poursuivis par le projet sont alignés aux priorités de développement national énoncées dans le cadre programmatique national fédérateur et unique de référence. Il assure aussi la planification et la programmation des projets d’investissement public en collaboration avec le ministère des Finances ayant le budget et les finances dans ses attributions. Le ministère des Finances, lui, est responsable de la mobilisation et la gestion des ressources publiques et de l’aide extérieure servant à financer les projets d’investissement public. Il gère les relations en matière financière en cours, notamment entre le pays et les organismes de coopération bi et multilatérale. Et aussi la gestion de tous les traités et conventions, les protocoles d’accord, et arrangements conclus avec les partenaires extérieurs et les organisations internationales en matière de financement et valide les plans et modalités de financement des projets ». Et de souligner : « A ce titre, le ministère des Finances veille au respect des engagements financiers pris par le pays dans la gestion et la mise en œuvre des projets. Ensuite, nous avons les autres intervenants, qui sont les institutions et les ministères sectoriels, qui sont représentés dans cette réunion, qui, eux, surtout en ce qui concerne les ministères sectoriels, sont responsables de la conception et de la mise en œuvre des projets en collaboration avec le ministère du Plan, le ministère du Budget, et le ministère des Finances ainsi que les autres entités publiques spécialisées. Ces institutions et les ministères sectoriels gèrent le processus d’identification et de préparation des projets. Surtout ceux qui sont classés en investissement dans le domaine des infrastructures, ainsi que les autres domaines sociaux d’accès à l’eau, à l’électricité et aux besoins de base. Les ministères sectoriels organisent le recrutement, notamment en ce qui concerne le coordonnateur des projets et cela, en collaboration avec le ministère des Finances. Le coordonnateur des projets, lui, est un autre acteur responsable de la gestion quotidienne des projets d’investissement public sous la supervision des ministères sectoriels par délégation du ministre des Finances, qui ordonne le financement des projets et de ce fait, le rend responsable et comptable de ces derniers ». 
Ainsi, «dans le contexte préélectoral où nous sommes, ce cadre devrait constituer un repère pour une meilleure gouvernance des projets et programmes particulièrement, ceux de financement extérieur », a conclu le chef du Gouvernement, revenant sur la nécessité de «concilier croissance, financement, et impact réel de nos projets dans la vie quotidienne de nos populations ».

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