Le président de la Céni (Commission électorale nationale indépendante), Denis Kadima Kazadi, effectue en mars prochain un voyage de prospection aux Etats-Unis. Pour son premier déplacement en dehors de la République Démocratique du Congo (RDC), le successeur de Corneille Nangaa à la Centrale électorale a donc choisi le pays de l’Oncle Sam. Le choix n’est pas anodin. Ce n’est pas non plus un hasard de calendrier, surtout lorsqu’on sait que c’est Mike Hammer, ambassadeur des Etats-Unis en RDC, qui s’est chargé de l’annoncer à la presse. Porté à la tête de la Céni dans des circonstances controversées, Denis Kadima a l’obligation de rassurer tous les partenaires extérieurs à la RDC. Aux Etats-Unis, il ira négocier la caution morale de son action – peut-être recevoir de grandes orientations de son mandat. En mars prochain, Denis Kadima effectue un voyage aux Etats-Unis qui va tout changer.
Après la brouille avec le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, le calme semble être revenu à la Céni (Commission électorale nationale indépendante). D’ores et déjà, dès la reprise de la session parlementaire de mars, une question orale attend l’argentier national sur sa dernière interpellation du président de la Céni, Denis Kadima, et sa nette volonté de placer sous tutelle financière la Centrale électorale. L’Assemblée nationale veut y voir un peu plus clair.
Pour l’instant, le successeur de Corneille Nangaa prépare son premier voyage à l’étranger. Première étape : les Etats-Unis. Preuve de la forte implication de l’administration Biden dans ce déplacement, c’est l’ambassadeur des Etats-Unis, Mike Hammer, qui s’est chargé de l’annoncer au sortir d’une audience avec Denis Kadima.
«Le Président Kadima m’a informé, qu’il va se rendre à Washington pour tenir des réunions avec un nombre important de partenaires, qui sont aussi intéressés à accompagner le processus en cours, pour renforcer la démocratie congolaise », a révélé l’ambassadeur Mike Hammer. Et d’ajouter : «Les USA réitèrent sa volonté d’accompagner et de soutenir le processus électoral en cours en RDC ».
Des déclarations qui démontrent l’importance que les USA accordent à ce processus électoral congolais qui doit aboutir fin 2023.
«Tout le monde le sait, les USA sont prêts à accompagner le gouvernement congolais et la Céni spécifiquement pour assurer que les prochaines élections, se déroulent mieux que celles de 2018 », promet le diplomate américain.
Mike Hammer sait même ce que le président Kadima fera aux USA : «Je sais qu’il y a un besoin logistique. Le Président Denis Kadima va discuter peut-être avec les Nations Unies. Les États-Unis à travers les Nations Unies peuvent aussi encourager la Monusco à aider la Céni avec la logistique. Mais tout compte fait, les décisions finales reviennent à la Céni et au gouvernement congolais. Nous sommes ici seulement pour soutenir ledit processus ».
Mais, les États-Unis ont leur centre d’intérêt : «Nous sommes intéressés à soutenir l’observation tant internationale que nationale, comme l’avait demandé le Président Félix Tshisekedi. Toutefois, nous sommes en train de discuter des meilleurs moyens de soutenir les efforts de la Céni. Mais, c’est à elle de définir clairement les besoins (techniques, financiers ou logistiques) ».
Un tournant
Croire que ce voyage n’aurait pas de conséquences directes sur les élections en RDC, c’est faire preuve de naïveté. Tout comme, soutenir que le président de la Céni se contenterait des ONG et des responsables de quatrième zone, c’est mal connaître les enjeux autour de prochaines élections de 2023. Il y a bien plus que ça.
En réalité, Denis Kadima parlera avec des responsables américains de haut rang. En coulisses, il subira des pressions de tous genres et surtout il prendra des engagements formels d’organiser de bonnes élections. Il promettra aussi d’être jugé au résultat et affichera de manière assumée son indépendance ainsi que l’indépendance de la Céni.
Son voyage des Etats-Unis – le premier vers l’Occident – est chargé de signification. Ceux qui se sont moqués de Denis Kadima devront savoir qu’il pourra les contourner et obtenir des fonds en dehors du Trésor public. Ce qui serait de la faute de ceux qui ont décidé de livrer la Céni et ses animateurs à la colère de l’opinion publique. Une manœuvre qui a échoué tout en donnant au président de la Céni, la légitimité de voir d’autres sources de financement des élections.
Aux Etats-Unis, ça sera des garanties pour assurer une réelle indépendance de la Céni vis-à-vis de tout le monde. Mettre les animateurs de la Céni sous haute surveillance comme on tente de le faire avec la tutelle financière de l’IGF est une erreur monumentale. Elle sera contournée. D’une manière ou d’une autre. Aux Etats-Unis, Denis Kadima ira charger les gages de son indépendance et de leur institution qu’il dirige. Tout le monde est prévenu.
Econews
