Depuis Berlin, Tshisekedi fait la promotion de Manacovid et Doubase C, «deux produits congolais qui ont montré leur efficacité »

A Berlin, le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, a vanté les effets curatifs de deux produits congolais, Manacovid et Doubase C, jugés efficaces contre le Covid-19.

A ce jour, la vaccination reste le seul moyen de contrer la progression du Covid-19. Profitant de son passage à Berlin (République Fédérale d’Allemagne), en marge de la tenue, le vendredi 27 août 2021, de «Compact withAfrica (CwA)», sous l’égide de la chancelière allemande, Angela Merkel, le Chef de l’Etat et président en exercice de l’Union africaine, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a fait la promotion de Manacovid et Doubase C, deux produits curatifs «made in RDC», «très efficaces», selon lui, contre le Covid-19.

«Ce sont deux produits anti-Covid qui ont montré leur efficacité. Selon plusieurs scientifiques que j’ai consultés, ces médicaments ont eu des effets curatifs», a déclaré Félix Tshisekedi, à la conférence de presse de contrôle de ce forum qu’il a animée conjointement avec la chancelière Angela Merkel et le président sud-africain Cyril Ramaphosa.

En attendant l’homologation de ces produits par des instances habilitées, le président en exercice de l’UA a plaidé pour le transfert des technologies et droit de propriété «afin que le vaccin puisse être produit en Afrique». Et d’ajouter : «Cela va contribuer à rassurer les Africains et casser ces théories complotistes qui suscitent la méfiance des Africains vis-vis des vaccins».

Dans un autre registre, Félix Tshisekedi prône «l’élévation» des fonds du DTS alloués aux économies africaines de 33 milliards Usd à 100 milliards Usd pour mieux les aider à la relance post-Covid.

Des résultats mitigés

L’un des objectifs de la rencontre de Berlin était de dresser un bilan à mi-parcours dans la mise en œuvre de l’initiative « Compact withafrica », un projet lancé en 2017 par la chancelière Angela Merkel, lorsqu’elle présidait le G20. Depuis, Berlin a intensifié sa présence économique et diplomatique en Afrique.

Si l’initiative allemande a d’emblée enthousiasmé les investisseurs privés et les institutions internationales, elle a également suscité des doutes. Les premières critiques sont tombées dès l’annonce des premiers pays bénéficiaires, ce qui sont déjà les plus avancés du continent.

«Les pays qui réussissent doivent être récompensés», justifiait AkinwumiAdesina, le président de la Banque africaine de développement (BAD), partenaire de l’Allemagne dans le CwA.

Depuis, la critique a pris de l’ampleur, avec l’entrée de pays, dits réformateurs mais autoritaires tels le Rwanda, l’Égypte ou encore l’’Éthiopie, malgré le conflit sanglant dans la région du Tigré.

L’autre bémol souligné par les ONG est que les flux d’investissements privés ne sont pas en mesure de répondre aux besoins de développement les plus urgents comme l’éducation, la lutte contre le réchauffement climatique, etc.

Et une remise en question de l’approche privilégiée

Au-delà de ces problématiques et à l’heure où la chancelière allemande quitte ses fonctions de chancelière. Le bilan de l’initiative est mitigé sur le plan des résultats.

«Oui, il y a plus d’entreprises allemandes actives en Afrique, en particulier plus d’entreprises de taille moyenne. Nous avons enregistré une croissance significative en 2018 et 2019, avant la pandémie de coronavirus», a déclaré sur Deutsche Welle, la radio internationale allemande, le directeur général de l’Association africaine des entreprises allemandes, Christoph Kannengießer.

«Si je regarde les pays africains aujourd’hui par rapport à l’époque où la chancelière a fait ces déclarations, alors je ne suis pas sûr que les activités économiques allemandes aient augmenté de manière significative », estimait, pour sa part, le directeur du groupe de réflexion africain APRI à Berlin, Olumide Abimbola, .

Et de l’aveu même d’Angela Merkel : «Certaines choses ont commencé à bouger, mais je ne veux pas brosser un tableau trop positif», a-t-elle estimé en 2019, lors de la deuxième rencontre avec les dirigeants du «Compact withAfrica». Et d’ajouter, «Nous avons encore des problèmes à résoudre, notamment la sécurité dans le Sahel et la croissance démographique ».

Les chiffres sont plus parlants : de 2017 à 2019, les investissements allemands en Afrique ont augmenté d’environ 1,57 milliard d’euros. Une augmentation plutôt modérée.                Le continent reçoit encore un peu plus de 1 % de tous les investissements allemands dans le monde. Aucun chiffre n’est encore disponible pour 2020, en raison de la pandémie de Covid-19. Mais, en 2019, seules 884 entreprises allemandes ont investi en Afrique, soit 42 de plus qu’en 2017.

«Depuis le début de l’initiative CwA, les entreprises allemandes ont mis en œuvre plus de 60 nouveaux projets d’investissement. Ces seuls projets qui ont été financés avec l’aide du fonds d’investissement pour le développement du gouvernement allemand ont créé plus de 9.000 emplois en Afrique», rapporte l’Association économique germano-africaine.

Sur le terrain, en Afrique, les obstacles à l’investissement sont encore nombreux. Pour la Fondation Friedrich-Ebert, qui a rendu public un rapport sur le sujet couvrant la période de 2014 à 2018, si « les investissements privés à long terme dans les infrastructures africaines sont restés déficients», c’est parce que «l’investissement public et l’aide concessionnelle » ont encore la préférence des dirigeants africains en tant que «principales sources de financement».

Du côté africain, on se plaint plutôt de la frilosité des entreprises allemandes, alors que la concurrence fait de bonnes affaires. Ce n’est pas la seule explication. Pour les experts, les produits allemands réputés pour leur haute qualité sont trop chers. Résultat, la clientèle se résume aux seuls pays les plus développés, comme l’Afrique du Sud.

Econews