Des retraites qui font peur

Des fonctionnaires et agents de l’État mis à la retraite, c’est un exercice banal qui, de tout temps, permet d’assurer une rotation du personnel et son rajeunissement. Rien de nouveau donc sous le soleil des tropiques. Sauf que cette fois, la décision de la mise à la retraite concerne 4000 agents et fonctionnaires. Une seconde vague de 6000 suivra dès le mois d’octobre. A terme, selon le ministre de la Fonction publique, ce seront 300.000 agents qui seront remerciés d’ici à cinq ans.
La coupe ne fait pas dans la dentelle : toutes les catégories du personnel étatique sont concernées.
Des secrétaires généraux au simple huissier en passant par les chefs de division, chefs de bureau ou des agents de bureau de première et de deuxième classes, parmi lesquels on compterait, selon Jean-Pierre Lihau, des octogénaires, des nonagénaires voire des centenaires ! Preuve du délitement d’une administration publique devenue au fil des années le parent pauvre des institutions au point que Fonctionnaire rime au Congo avec une misère extrême. L’agent public est objet de mépris. Par exemple, des parents rechignent à donner la main de leur fille à un fiancé «fiché» fonctionnaire !
Si déjà au cours de leur longue carrière, les fonctionnaires de l’État ont vu leur statut décliner au fil des années, leur départ à la retraite ne sera pas non plus de tout repos. Rendus oisifs, sans possibilité de se faire graisser la patte, c’est la mort assurée à courte échéance.
Même si le gouvernement soutient que le paiement des allocations de fin de carrière se fera, pour chaque agent retraité, dans le compte bancaire où il perçoit son salaire, les lendemains ne se passeront pas en chantant. Pas la peine de compter sur la Caisse nationale de sécurité sociale de l’agent public de l’État qui distille des paiements parcimonieux à intervalles aléatoires non sans en faire une médiatisation à outrance.
Il reste à voir si des «jeunes» compétents se bousculent au portillon et satisfont au concours d’admission. L’administration publique a si mauvaise presse que les candidats ne pourraient postuler que dans l’espoir d’être recrutés dans des services réputés «juteux».
Mais le véritable défi pour un redressement de l’administration publique reste le niveau intellectuel des futurs candidats. Car souvent, le niveau des connaissances jure cruellement avec le diplôme, dans ce pays où il est admis que le niveau de l’enseignement en général est des plus bas.

Econews